Thursday, July 26, 2012

Eh oui, tu me manques...





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La Cliente



‎ « La veille. Camille Laurens dit : « Je suis partie de l’étude d’un mot. » (Sa voix me rappelle quelqu’un, mais je ne sais plus qui). « L’intime et l’extime », premier exposé du colloque. Je réfléchis. « Extime » a trois sens. Pendant son exposé, un chat blanc s’avance dans la salle ; Camille Laurens a peur de gonfler ou de pleurer, je ne sais plus. Elle est allergique aux chats. Un homme, avec un sac à dos, prend les choses en main. Conduit « Pompon » hors de la pièce. L’exposé reprend. L’écriture intime est un outil de connaissance ; ce n’est pas un outil narcissique. Camille évoque les critiques de l’autofiction. Celles qu’on lui assène : « On ne souhaite pas entrer dans votre chambre. » « Vous parlez toujours de la même chose ; vous ne pouvez pas changer de disque ? » Sourires. L’extime, dans une première acceptation, c’est le contraire de l’écriture de soi (sa voix m’est familière. Le visage de la personne qu’elle me rappelle est sur le bord de mon cerveau, iI s'efface au fur et à mesure que je m’approche). Dans une deuxième acceptation, l’extime correspond au prolongement de l’intime (ce que j’écris sur facebook par exemple ou sur un blog). Enfin, dans une dernière acceptation, la plus intéressante sans doute, c’est « l’intime exclu ». Qui a un lien avec la psychanalyse. On y manipule des produits répulsifs et dangereux (les notes que j’ai prises sont imprécises, dans leur sens poétique ; les lapsus, les incohérences, m’intéressent autant que les mots prononcés au creux d’une démonstration ; mes mots ne sont jamais ceux d’un avocat. Ils sont pauvres. Intellectuellement. Je cherche la sonorité des mots. Pas leur sens). La voix extérieure caresse par fragments mon cerveau, repart lorsque mes yeux se dirigent vers son visage. Je prends des notes sur un carnet noir. Dans l’extime, on peut vérifier l’impact en regardant les traces de soi. Même si elles sont infimes. « L’intime passe par la langue. Ce qu’on a entre les mains, c’est un corps nu. » La couverture de mon carnet est un peu niaise (dessin du Petit Prince) ; j’essaye de la cacher. Elle dit de sa voix aristocratique : « L’intime, c’est le trou du réel. » Au petit-déjeuner, parce que je n’étais pas réveillé, pas encore douché, assis pour la première fois à côté de Camille, ma langue fourche et crée un malentendu, qui ressurgira un peu plus tard (honte qui monte ; je sais, mais je ne me défends pas. Il faudrait remonter les images. Les premières pages lues dans la chambre d’Isabelle, sa méfiance parce que je suis avocat, mon envie d’aller à l’essentiel, ma façon relativement molle de me défendre). Dans la salle, 30 autoportraits des années 80 d’Anne Gorouben sont accrochés. Elle dit : « Chaque autoportrait était salvateur après une journée d’errance. » Je reconnais sa voix (un visage est apparu, de façon fulgurante). Camille a la voix d’une de mes clientes (C. X.) Léger sourire. Victoire sur mon cerveau. Je me tais. »

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Anaé, précisément



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