Oh, mais c'est une très
bonne nouvelle, ça !!!
Dis-moi, il faudrait
vraiment que tu sois sûr de le faire jusqu'au bout ! (mars : 5, 6, 7 mars puis à
partir du 19 mars (dont avant-premières fin mars) puis représentations du 1er
avril au 12) parce que sinon — Simon — on va être trop triste d'interrompre un
travail commencé !... Tu peux pas en être sûr avant de t'engager en septembre ?
On est censé bâtir le spectacle cette semaine-là et en présenter au public une première version. Il ne faudrait pas que l'école te coince. Si tu veux, on
peut se parler par Skype (en prenant rendez-vous), moi : yvesnoelg... Si je
dois intervenir… C'est vrai que c'est chaud, là, car il ne doit plus y avoir
personne à l'école pour nous le dire... Fin août, peut-être ?
(Sinon Boris Dambly — à
l'instant — me dit que, si, l'INSAS encourage à faire des stages à l'extérieur
et soutient financièrement, mais tu dois savoir mieux que lui de quoi il
retourne — à voir ?)
Oui, j'étais à Avignon
pendant que tu t'engraissais (j'espère pas trop...) Là, revenu un peu avant la
fin du festival off pour préparer la semaine de septembre avant que le
théâtre ne ferme. Je suis avec l'éclairagiste et le scénographe, c'est chouette
! J'auditionne aussi des acrobates... pas sûr, ça... (je voudrais des gens qui
grimpent aux murs...)
En septembre, l'équipe (en
tout cas, actuellement) sera de 2 chanteurs (soprano et contre-ténor, un
couple), un trompettiste, son, lumière, scéno et toi donc. 7 personnes, 8 avec moi...
Malheureusement sans notre ami Stephen qui sera à Montréal... sniff...
Il faut que tu rêves à des
choses, des personnages (de ton âge) de la littérature, du romantisme, etc. (ou
pas, si tu n'aimes pas lire...) Tu représentes déjà, pour moi, toutes les
possibilités de la jeunesse, quand le monde est ouvert et qu'on est encore au
seuil et que toutes les possibilités sont déjà (et encore) là. Tu es acteur,
toute cette disponibilité, tu pourrais bien sûr la garder toute ta vie (ce
serait l'idéal, mais tu verras (plus tard) comme ce n'est pas toujours facile). Bref, tu es une figure très vaste et, peut-être, tu peux t'aider un
petit peu en rêvant à... à tout ! à tous ces héros de la littérature (Musset
que je viens de lire à Avignon, Julien Sorel du Rouge et le Noir qui a le même âge que Musset, etc., l'enfance dans
les châteaux (Chateaubriand), des héros modernes évidemment aussi... Tous les
jeunes gens, tous les Rimbaud, les Mick Jagger, les jeunes chevaliers, les
écuyers, les moines errants, les palefreniers, les Alain Delon — il faut que tu
vois Plein Soleil, de René
Clément, qui est ressorti à Paris, restauré —, les Robert Walser, les — est-ce
que je sais, moi ? — tous ces jeunes gens de tous les siècles de tous les
livres de toutes les pièces et tous les films (tu peux en choisir) — et les
sculptures aussi, depuis toujours... Les jeunes saints, les jeunes apôtres, les
jeunes démons. Les purs démons (les plus saints). Les Russes, les Grecs, les
Français (les Anglais, les Allemands, les Nègres, etc.) Après, si tu as envie
de jouer un vieillard, tu peux aussi, évidemment... Lis les dernières pages de Par
les villages, de Peter Handke (ça n'a
rien à voir, mais ça me passe par la tête). J'avais vu dans une grotte de
peintures, dans le Massif Central (18 000 ans), l'empreinte d'un pied d'enfant
(ou d'une petite femme) prise dans la glaise, intacte, comme d'aujourd'hui,
c'était très émouvant : quelqu'un avait glissé dans la glaise et la forme de
son pied est restée délicatement 18 000 ans... Tu peux penser à des choses comme
ça aussi — et aux étoiles et aux exoplanètes, les planètes océans, les planètes
diamants... Enfin, tu peux penser à ce que tu veux... aux animaux... Tous les
scénarios de l’imagination, que les poissons nagent avec toi… J'aimerais
tellement te faire te balader avec un bébé tigre (mais c'est très cher...)
(fais-toi ami sur Facebook avec Remy Demantes, tu les verras), etc. L'épée,
aussi, peut-être une épée... Un fantôme aussi (mais, ça, c'est tout le
spectacle), une ombre... Peter Schlemihl qui vend son ombre au diable, le jeune
Peer Gynt... enfin, tout ce qui peut t'inspirer pour être tout le monde, pour
être dans ce monde et
insaisissable (comme Delon), toujours ailleurs... toujours autre... toujours
libre... car ce métier, c'est ceci : désirez-moi car vous ne saurez jamais ce
que vous désirez (à travers moi). Une définition de la liberté (qui devrait
t'aller comme un gant), elle est de Nietzsche : « — Quelle est la marque
de la liberté réalisée ? — Ne plus rougir de soi. » Rougis ou blêmis, tremble
ou fanfaronne, sois fantoche ou précis, mais sois libre comme le soir, comme le
matin... (Je ne fais que te dire ce que tu es, c'est toi, l’apparition,
l'invention...) Il faut que tout ce dont tu rêves, tout ce que tu incarnes,
soit transparent, ne pèse rien, mais, là, ne t'inquiète pas : c'est exactement
pour ça que je t'engage, ta transparence, ton immatérialité. Ne t'en occupe
donc pas, sois bien réel. Tu peux lire ou regarder sur Internet (il doit y en
avoir) des conférences de Michel Cassé, d'astrophysique, c'est l’extrême poésie
moderne... Peut-être il faudrait que je te fasses rencontrer Jean Biche, à
Bruxelles, qui était sur le premier spectacle 1er avril : il aura des idées de maquillage, il est très fort.
Je t'imagine (parfois) couvert d'or ou... Il faut que tu sois d'une extrême
beauté (tu peux l'être facilement) donc vraiment travailler les costumes, les
maquillages, les nudités... Et pourquoi pas, comme Van Gogh, un chapeau couvert
de bougies ? pour voir dans la nuit les étoiles... Et puis il te faudrait
peut-être un partenaire... un peu gras, peut-être... Il y a cette scène
extraordinaire dans Plein Soleil
ou Delon sort de son immeuble le cadavre du type qu'il a buté. Ils le font
très, très bien tous les 2, c'est une danse géniale... y a un acteur de chez
moi qui le ferait bien, c’est Thomas Scimeca… Fin août, tu es où ? je vais sans
doute passer à Bruxelles pour rencontrer des gens, de très belles filles dont
Boris vient de me montrer les photos... By the way, Boris : scénographe...
Yves-Noël
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