Fabienne Arvers et Patrick Sourd
« Avignon Off, Yves-Noël Genod encore vivant
Le dandy des scènes
françaises adapte Les Fleurs du mal
dans une nuit ensorcelante.
C’est en Avignon, où il
s’est installé dans le Off pour la durée du festival, qu’Yves-Noël Genod a
ouvert le chantier en permanente évolution de sa prochaine création, Rester
vivant. Confiant dans
l’exceptionnelle acoustique des murs de pierre de la petite salle cylindrique
de La condition des soies, lieu qu’il pratique en habitué depuis quelques
années, c’est sans filet et dans l’obscurité d’un “noir” quasi complet qu’il
propose à un public aussi attentif qu’empathique l’écoute de la poésie de
Baudelaire.
Pourquoi, après Shakespeare
et Musset les années précédentes, choisir Baudelaire et réveiller en nous des
souvenirs remontant aux années du lycée ?
« Parce que c’est d’un tel
niveau… Je suis impressionné par la hauteur de cet ovni. Quand il dit que tout
se confond ‘Dans une ténébreuse et profonde unité, Vaste comme la nuit et comme
la clarté’, c’est bouleversant. »
Ici, l’artiste s’invente en
maître japonais de l’art de l’ikebana pour composer avec Les Fleurs du mal, un bouquet aux fragrances venimeuses où cohabitent
quelques standards depuis longtemps passés dans le domaine public et une jolie
moisson de raretés.
Comme souvent quand il
s’empare de l’écriture d’un auteur et plus encore pour ce parcours où sa voix
sera notre seul guide dans la nuit, le comédien nous rappelle que l’enjeu de
ces représentations est de trouver l’équilibre entre la poétique de Baudelaire
et un pêché mignon qui lui est personnel : maitriser son irrésistible
propension au caviardage des œuvres en référence à ces multiples digressions
qui font le sel de ses prestations et leurs donnent des airs de salon
littéraire. Une exégèse glamour qui convoque la poésie grecque d’Eschyle où « la
vague aux sourires innombrables » répond « au rire énorme de la vague »
baudelairienne. Il fait le détour par l’analyse lumineuse de Borges et le
concept de la métaphore invisible, et enchaîne avec Nerval qui, « dans son
célèbre poème, commençant par ‘Je suis le ténébreux, le veuf, l’inconsolé’,
parle de la mélancolie et de la fleur associée à cette maladie, l’ancolie. Dans
une première version du poème, il nommait la fleur, et puis il l’enlève et
c’est comme une rime riche où la mélancolie n’apparaît pas, mais est là, en sous
teinte, et c’est très beau. »
Fabienne Arvers et Patrick
Sourd »
Oh, Fabienne, merci pour
vos mots comme toujours d'une tendresse folle ! Peux-tu remercier pour moi
aussi Patrick ? (dont je ne retrouve pas le mail). Il manquait encore un
article des « Inrocks » pour que ce spectacle soit vraiment classe.
Me voilà rassuré.
Au très grand plaisir de se
croiser sans doute encore à Avignon,
Yves-Noël