L 'Actrice

« C’est comme si je ne jouais pas. Cela développe l’idée qu’un film est toujours un peu un documentaire sur un acteur ou une actrice. Même s’il est purement fictif, comme c’est le cas ici : je n’ai rien à voir avec ce personnage. Au cinéma, on est un peu soi-même, ou beaucoup soi-même, tout en étant une autre. C’est ça aussi le privilège et la beauté d’être actrice : au fond, on n’est pas moins authentique selon que l’on est masqué ou pas… »

C'est tout à fait vrai. Ceci vient d'une actrice que je n'aime pas beaucoup (admirée par tous) dont je ne vais plus voir les films, mais dont je lis toutes les interviews parce qu'elle est très intelligente et qu'elle parle très bien de ce métier. Bien sûr, j'ai toujours vu les films comme des documentaires sur les acteurs, mais, justement, après avoir vu un documentaire sur une actrice, puis un deuxième, puis un troisième, je n'en peux plus. Ce n'est quand même pas très intéressant, des documentaires à n'en plus finir sur des actrices ou des acteurs, c'est même complètement débile, non ? Toujours les mêmes, ils font six films par an. Je n'en vois aucun

L 'Equité

« Tous avec exceptions » 

« L’équité découvre que les personnes ne sont ni égales ni inégales, mais qualitativement diverses. Plus on est avancé dans la connaissance de l’homme, plus on découvre d’individus originaux et l’un à l’autre irréductibles — ou dans notre langage : autant de créatures, autant d’ipséités *, chacune étant un hapax, c’est-à-dire un individu unique en son genre. Chaque individu étant une espèce à lui tout seul. »

* Ce qui fait qu'une personne est unique et absolument distincte d'une autre

Donc y a des hordes, des espèces et puis des vagabondages. Donc vous êtes à vous-mêmes toutes ces espèces et ces hordes et puis il y a les autres. La bonne nouvelle, c’est qu’on vit aussi comme des singes. Parfois la tour d’ivoire, mais souvent la vie ensemble.

L a Nuit du discours

«  L’amour, au fond, n’est pas une vertu ou bien c’est une vertu qui rend inutile toutes les autres : celui qui a l’amour a tout. »

« C’est pas un apprentissage, c’est une rencontre. Alors n’importe qui apprend l’amour en un quart de seconde, c’est ce que Stendhal appelait le coup de foudre, c’est assez célèbre, dans son livre De l’amour. Ce n’est donc pas un apprentissage graduel, on n’est pas obligé de potasser un manuel, par exemple. Pour apprendre à jouer au bridge, n’est-ce pas, il faut potasser des manuels ; l’algèbre, ça s’apprend ; l’amour tout le monde l’apprend en un instant. »

« Si claires que soient les raisons d’aimer, on n’aime jamais que dans la nuit du discours »

L es Ouvriers de la onzième heure

« Mais le royaume divin n’aime pas les comptes d’apothicaire : tout ceux qui viennent à lui seront accueillis et obtiendront tous la même chose. » 

L a Tolérance

« Oui, il y a des vérités contradictoires et pourtant vraies — ensemble. »

L ’Infini du mal, l’infini de l’amour

« Le mal, c’est la complaisance de l’ego pour lui-même, pour son importante et précieuse première personne. L’ego est la quintessence du péché, lui le vicieux en chaque vice et le coupable en chaque faute. »

« La conversion à la vérité ne connaît qu’un remède : faire cesser la crampe egolatrique qui tourne vers lui-même un ego fasciné par son nombril. Faire en sorte que la triste monade redevienne amoureuse du genre humain. C’est cette ouverture à l’autre qui permet au moi mesquin, ratatiné, ennemi de lui-même, divisé d’avec lui-même de redevenir comme il est dit magnifiquement dans La République « ami de lui-même ». »

« Les fautes existent bel et bien. Le mal n’est nullement accidentel, comme il n’est nullement inné, au sens où certains seraient ontologiquement méchant et d’autres préservés de cela. Non, nous sommes tous porteurs du mal ; pour autant nous pourrions dire que la majeure partie d’entre nous sommes des porteurs sains. Le mal est là, latent, en nous, mais non déployé. »

« Je plaisante souvent en disant que je suis à une mauvaise fréquentation de devenir un sale type. »

E n chemin vers cette liberté

« L’homme n’est pas libre en ce sens qu’entre autres caractères il aurait celui d’être libre. Comme il est intelligent ou pas intelligent, etc., ou qu’il a 1m70 de haut, non. L’homme, c’est la liberté. Libertas Ipsa *. L’ipséité de la liberté. La liberté incarnée, la liberté en chair et en os. Et plus l’homme est un homme, plus il est cette liberté elle-même. »

*Elle-même, en personne

J’ai toujours trouvé les théâtres vides beaucoup plus beaux que les théâtres pleins — sauf dans le cas de véritables artistes comme Grüber, Forsythe, etc., qui, eux, savent quel est le sujet. Le sujet, c’est l’espace. Et, nous, nous ne sommes que les objets de cet espace, des objets qui nous déplaçons. La répétition demain jeudi commence à 15h et, attention, exceptionnellement, l’entrée est rue Dupetit-Thouars. Qu’on se le dise ! Expérience ouverte à tous, des vieillards aux enfants (à condition d’aller jusqu’à dimanche). (Qui veut nous rejoindre au Carreau lit les posts précédents…)