Wednesday, November 20, 2013

J e m'apelle Charlotte...


Je m'appelle Charlotte et je vous ai aperçu hier soir au concert de Nick Cave and The Bad Seeds quand nous partions. Je n'ai pas osé vous aborder. Ce n'était pas le moment, nous étions dans un autre contexte. 

Je me permets donc de vous écrire maintenant, ma pensée et mes explications (du pourquoi de ce mess) seront sûrement plus claires et compréhensibles.
Je vous écris parce que je suis en Master 2 à Paris 8 et je souhaite rédiger un mémoire sur la question de l'atmosphère (la présence impalpable sur la scène) et sur une « esthétique du sensible ». Je voudrais mêler à cette notion de présence la notion de « l'aura » de Walter Benjamin qui me paraît être au plus proche de ce dont j'essaie de parler qui est impalpable, invisible, et que pourtant, nous, spectateurs, nous ressentons physiquement. Dans cette notion de présence, j'inclue la présence corporelle de l'acteur, les choses et objets scéniques, la vidéo, la lumière, les nouvelles technologies, le son (très important) et tout ce qui crée une sorte de caractère magique, mystique ou bien un caractère sacré mais païen, je ne sais comme l'appeler...
Je vais travailler sur les créations de Romeo Castellucci, Philippe Quesne et vous, si vous me le permettez.
J'y ajouterai peut-être d'autres créateurs (performeurs) mais vous êtes mes bases !

Je viens de commencer mes recherches et mes lectures et j'aimerais savoir si l'on pouvait se rencontrer courant janvier ou février 2014, si vous êtes disponible, pour une sorte d'entretien sur votre travail, etc. ?
J'aimerais aussi savoir si vous allez rejouer votre dernière création Un petit peu de Zelda prochainement ? Je vis à moitié à Dijon et à Paris et j'étais à Dijon, manque de chance. Je n'ai malheureusement vu qu'une de vos créations — je peux / — oui au Théâtre de la Cité Internationale en 2011, mais j'ai lu beaucoup d'articles sur votre travail et j'ai vu les images de vos spectacles sur Fb, ce qui me permet de dégager une esthétique de vos créations.
Enfin, je voudrais savoir si je pouvais venir voir de quelle manière vous travaillez, si je pouvais assister à des moments de répétition ? Je ne sais pas si vous acceptez des « regardants » sur vos créations... je serai discrète, c'est pour me plonger dans votre univers plus longuement que lorsque l'on vient voir un spectacle.

Voilà, je pense vous avoir presque tout dit...

J'espère que nous pourrons correspondre et nous rencontrer.
Bien à vous,

Charlotte Kaminski

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L es Substances démesurées


J’écoute en boucle, sur Deezer, les chansons du dernier disque de Nick Cave, Push the Sky Away, pour lequel Dominique Issermann a fait une très, très jolie pochette. Je ne comprends pas encore toutes les paroles, mais quelques mots…  Hier, j’y étais, invitée par l’amie. Je ne connaissais pas les paroles, j’avais les bouchons dans les oreilles (ceux achetés au concert de Mylène Farmer) et je le voyais de loin (cette fois, le carré VIP était loin). Je voyais un animal. Très beau. Mais l’amie disait, émettait des bémols (mais, plus tard, backstage, elle lui dira qu’il était « like a lion »). Je me souvenais que je l’avais déjà vu dans ce même endroit (le Zénith), dans ma petite enfance, et je pensais aussi à Dorian Gray car il était intact. Exactement. Quelqu’un se penchait vers l’amie et lui disait qqch qu’elle essayait ensuite de me rapporter. Mais je n’entendais rien. Je lui demandais d’écrire (sur ce célèbre carnet noir qui ne me quitte pas). « La fille me dit : il a le pif bourré de coke ; nenni, que je lui dis… » Oui, ça expliquait… Enfin, y avait forcément un truc... Je repensais à Mick Jagger, pareil (encore pire), au Stade de France, qui courait partout dans ses costumes ajustés Hedi Slimane… Bon, c’est le rock. The survivors… Plus tard, l’amie m’écrivait : « Regarde Warren, le violoniste à droite… » Ah, oui, en effet, le violoniste fou à barbe et cheveux longs, c’est qqch ! Il a dû prendre qqch aussi…Bref, c’était backstage qu’était venue la magie. On avait mis longtemps à arriver « backstage » parce qu’on avait des autocollants bleus qui nous parquaient dans un coin qui n’était pas « backstage » — mais (nommé) « aftershow » — où l’on était supposé attendre un cocktail dont on n’avait rien à foutre en compagnie d’Eric Cantona (chouette gars qui ressemble à sa marionnette des « Guignols »). Mais l’amie avait aperçu soudain le manager (Tom ?) qui nous avait conduit — c’est là — qui nous conduisait backstage donc, mais personne, non, plus loin, c’est là, une porte s’ouvre sur l’extérieur et Nick Cave est là, de dos, assis sur une chaise avec un verre d’une boisson rouge à la main, près de la caravane aux formes arrondies. C’est sidérant, c’est fou de beauté parce qu’il laisse tout échapper de lui à ce moment. L’amie (qui est une photographe célèbre) se précipite sur son téléphone portable, tente de dégainer, mais qq’un parle (ou personne), il sent qqch, il se retourne, c’est trop tard. La beauté (extrême) a passé — à jamais. Plus tard, après les embrassades et les félicitations, « like a lion », elle tentera de refaire cette photo inouïe, mais sans succès, Nick Cave posant, mais sans donner, cette fois, son âme. C’est ça qui a été le plus beau, dans cette soirée, cette « photo manquante ». La scène a été aussi belle qu’un film de David Lynch (où l’on voit le talent inouï de David Lynch qui réussit à faire ça sur toute une longueur de film). Plus tard, un nommé François Ravard (il m’a donné son mail), producteur, donnera, en marchant pour rejoindre les taxis, de bonnes nouvelles de Marianne Faithfull. Elle s’était cassée le bas du dos cet été, annulé tout, mais ça va mieux, maintenant elle a la pêche, et qu’une envie, c’est de repartir ! Nick Cave lui a écrit des chansons, l’une, la maquette, enregistrée par son fils Arthur — d’ailleurs, c’était aussi un des compliments que faisait l’amie, que je ne comprenais pas : « On dirait Arthur, par moment, quand tu bouges, tout craché », je ne comprenais pas à quel Arthur elle pouvait bien comparer sans vergogne Nick Cave... — là, on me dit, pour que je suive, qui est la Marianne dont on parle, mais, là, je l’ai deviné… Marianne, Marianne ? qui ça peut être ? Y en a une qui me vient à l’idée (je l’avais vue aussi au même endroit, à la Cité de la Musique), c’est Marianne Faithfull… Pour soigner Marianne qui avait très mal, ils ont dû lui administrer de la morphine. Merde ! (Elle en a pris des tonnes, évidemment.) Elle a dit « It’s not fair… » parce qu’elle a dû, après, refaire une cure…

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P arlez-moi de la beauté


« Quel genre de beauté ?
— Je passe ma vie à tenter de revivre des épisodes de mon enfance. Il m’est arrivé des choses qui m’ont changé... (Silence.) Ma notion de la beauté est très liée à ma petite enfance. Écrire, c’est ma façon de retrouver ces impressions, cette lumière. »

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C averne


Qu'est-ce qu'ils écrivent bien, les journalistes... je confirme (j'étais là hier).