L es Substances démesurées
J’écoute en boucle, sur Deezer, les chansons du dernier disque de Nick Cave, Push the Sky Away, pour lequel Dominique Issermann a fait une très,
très jolie pochette. Je ne comprends pas encore toutes les paroles, mais
quelques mots… Hier, j’y étais,
invitée par l’amie. Je ne connaissais pas les paroles, j’avais les bouchons
dans les oreilles (ceux achetés au concert de Mylène Farmer) et je le voyais de
loin (cette fois, le carré VIP était loin). Je voyais un animal. Très beau.
Mais l’amie disait, émettait des bémols (mais, plus tard, backstage, elle lui
dira qu’il était « like a lion »). Je me souvenais que je l’avais
déjà vu dans ce même endroit (le Zénith), dans ma petite enfance, et je pensais
aussi à Dorian Gray car il était intact. Exactement. Quelqu’un se penchait vers
l’amie et lui disait qqch qu’elle essayait ensuite de me rapporter. Mais je
n’entendais rien. Je lui demandais d’écrire (sur ce célèbre carnet noir qui ne
me quitte pas). « La fille me dit : il a le pif bourré de coke ;
nenni, que je lui dis… » Oui, ça expliquait… Enfin, y avait forcément un
truc... Je repensais à Mick Jagger, pareil (encore pire), au Stade de France, qui
courait partout dans ses costumes ajustés Hedi Slimane… Bon, c’est le rock. The
survivors… Plus tard, l’amie
m’écrivait : « Regarde Warren, le violoniste à droite… » Ah,
oui, en effet, le violoniste fou à barbe et cheveux longs, c’est qqch ! Il
a dû prendre qqch aussi…Bref, c’était backstage qu’était venue la magie. On avait
mis longtemps à arriver « backstage » parce qu’on avait des autocollants bleus qui
nous parquaient dans un coin qui n’était pas « backstage » — mais
(nommé) « aftershow » — où l’on était supposé attendre un cocktail
dont on n’avait rien à foutre en compagnie d’Eric Cantona (chouette gars qui
ressemble à sa marionnette des « Guignols »). Mais l’amie avait aperçu soudain le
manager (Tom ?) qui nous avait conduit — c’est là — qui nous conduisait
backstage donc, mais personne, non, plus loin, c’est là, une porte s’ouvre sur
l’extérieur et Nick Cave est là, de dos, assis sur une chaise avec un verre
d’une boisson rouge à la main, près de la caravane aux formes arrondies. C’est sidérant, c’est fou de beauté parce qu’il laisse tout
échapper de lui à ce moment. L’amie (qui est une photographe célèbre) se
précipite sur son téléphone portable, tente de dégainer, mais qq’un parle (ou
personne), il sent qqch, il se retourne, c’est trop tard. La beauté (extrême) a
passé — à jamais. Plus tard, après les embrassades et les félicitations,
« like a lion », elle tentera de refaire cette photo inouïe, mais
sans succès, Nick Cave posant, mais sans donner, cette fois, son âme. C’est ça
qui a été le plus beau, dans cette soirée, cette « photo manquante ». La scène a été aussi belle qu’un film de David Lynch (où l’on voit le talent inouï de David
Lynch qui réussit à faire ça sur
toute une longueur de film). Plus tard, un nommé François Ravard (il m’a donné
son mail), producteur, donnera, en marchant pour rejoindre les taxis, de
bonnes nouvelles de Marianne Faithfull. Elle s’était cassée le bas du dos cet
été, annulé tout, mais ça va mieux, maintenant elle a la pêche, et qu’une
envie, c’est de repartir ! Nick Cave lui a écrit des chansons, l’une, la maquette,
enregistrée par son fils Arthur — d’ailleurs, c’était aussi un des compliments
que faisait l’amie, que je ne comprenais pas : « On dirait Arthur,
par moment, quand tu bouges, tout craché », je ne comprenais pas à quel
Arthur elle pouvait bien comparer sans vergogne Nick Cave... — là, on me dit,
pour que je suive, qui est la Marianne dont on parle, mais, là, je l’ai deviné…
Marianne, Marianne ? qui ça peut être ? Y en a une qui me vient à
l’idée (je l’avais vue aussi au même endroit, à la Cité de la Musique), c’est
Marianne Faithfull… Pour soigner Marianne qui avait très mal, ils ont dû lui
administrer de la morphine. Merde ! (Elle en a pris des tonnes,
évidemment.) Elle a dit « It’s not fair… » parce qu’elle a dû, après,
refaire une cure…
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