Saturday, July 08, 2017

T he revolution is my boyfriend (if your boyfriend is not the revolution, it's time to break up)


Il y a un type, bon, c’est compliqué, c’est sur une île, une île il ne se passe rien normalement, Agatha Christie, il est en prison maintenant, il en a pour un an et demi, que vont devenir ses chiens ? il a deux chiens assez effrayants, assez sauvages, déjà lui-même quand il était là et maintenant livrés à eux-mêmes, déjà ils attaquaient les poules, etc., il n’a pas de famille, bon, le braquage, il est en prison pour braquage du Crédit Mutuel (par exemple), ce n’est pas un braquage en fait, il voulait de l’argent, il était à découvert, ils n’ont pas voulu lui en donner, il s’est énervé, il est passé derrière, bon, braquage, c’est ballot, bon, c’est quelqu’un de pas facile déjà, assez isolé sur l’île et puis voilà ce qui arrive : ils ont retrouvé deux corps de deux vieilles au Trou aux vieilles, d’abord un corps un dimanche et puis le lendemain, un lundi, un autre corps et, ce qu’il faut dire tout de suite, c’est que le Trou aux vieilles s’appelle déjà avant le Trou aux vieilles à cause du poisson (la vieille), il est évident qu’un jour on oubliera qu’il y avait du poisson, que l’origine du nom remontait avant le crime, qu’est-ce que je dis le crime ? un accident, les deux vieilles devaient se promener au bord de la falaise, un éboulement, faut faire gaffe, pas aller trop près surtout quand on est bourré, mais pourquoi seraient-elles bourrées ? ou peut-être droguées ? ce n’est pas un suicide, on n’a pas retrouvé de lettre, rien du tout, c’est une mère et sa fille, la mère soixante-dix-sept ans, la fille cinquante-cinq, très proches, en fusion disent certains (et pourquoi pas ?), sur l’île c'est leur résidence secondaire, elles habitent en ville sinon, mais elles louent aussi au type qui est maintenant en prison pour braquage (et qui laisse errer ses chiens), le type ne paye plus ses loyers depuis un certain temps et, en fait, les corps de ces deux femmes sont découverts juste trois jours avant que l’huissier eût dû passer, alors évidemment les soupçons se portent rapidement sur ce type un peu glauque, qui n'inspire pas confiance (comme ils disent), certains disent qu’il les aurait tuées à domicile et transbahutées jusqu’au Trou aux vieilles, mais chez lui aucune trace de rien, on voit pas trop de quoi l’accuser, il est innocenté, la police fait bien son travail, pourquoi douter ? mais disons que sur l’île il n’y a pas de fumée sans feu, sur l’île il ne se passe jamais rien, alors, cette coïncidence, on n’y croit pas, pour tout dire, pour la population locale il est clair que c’est lui qui les a tuées, même si on sait que ce n’est pas vrai, on ne peut pas s’empêcher de s’empêcher d’y penser comme disait Duras de l’affaire Villemin et aussi du sida, elle disait, ça me permet de vous fournir une citation de plus de la fée de ma jeunesse : « Je sais que j’ai tort, mais je ne peux pas m’empêcher de penser que c’est un châtiment divin ... »

« I depart as air, I shake my white locks at the runaway sun »

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I mmersion


« Ma grande idée, c’est qu’on ne doit pas être devant, mais qu’on doit être dedans. Je veux dire on n’est pas devant une œuvre, on est dans une œuvre et je crois beaucoup à l’idée d’art total. »

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B rest vide et chaud un samedi après-midi de juillet



Très touché d'avoir revu, très chère, tes Plus belles heures à Brest à l'heure de la sieste — pas un chat, tout le monde à la plage, sans doute, par ce beau temps — et aussi les exvotos romains — entre le bateau de Ouessant et le train pour Paris, la ville autour de cette série — et dans cet état — parfaite parce qu'elle est une expérience esthétique dont tu sembles, curieusement toi aussi, donner la clé. Je t'embrasse, Yvno

— Tu fais entièrement partie de mes plus belles heures, apparaissant ou non, tu m'as tant appris... tant mieux si tu n'y a pas été déçu... J'ai tout près de moi une que j'ai gardé, la Carmen, la plus triste… Il ne m'a pas été facile de te rejoindre dans la forme, pas osé ! Moi aussi, je t'embrasse et te souhaite un bon retour sur Paris ta scène... Mcl 

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A rt lent



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L ’Artiste (2)


« On devient les autres (je veux dire puisque chacun se reconnaît en nous-même). »

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L 'Artiste


« Vous savez, il y a une chose merveilleuse d’être artiste, c’est qu’on ne vit pas, on montre la vie. Je veux dire, si on est déprimé, on montre la dépression et donc on crée une distance entre soi-même et l’objet son malheur. Et donc c’est une chance énorme et je pense même que — ce que je dis est vrai et faux — mais je pense même que plus on travaille, moins on existe. J’avais cette théorie-plaisanterie stupide, c’est que quand on est vieux et artiste on devient totalement son œuvre et que quand on regarde un Giacometti il ressemble exactement à Giacometti, que quand on regarde un Francis Bacon, ça ressemble vraiment à Francis Bacon et, moi, je ressemble de plus en plus à une boîte de biscuits parce que j’ai beaucoup utilisé des boîtes de biscuits. Et donc on devient son œuvre et n’on est plus que son œuvre Et donc c’est une facilité parce que on n’a plus à vivre, puisqu’on n’est plus que son œuvre. Donc on montre la vie, voilà. […] parce que c’est beaucoup plus difficile de vivre que de travailler. »

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