R eprise
Très ému que vous repreniez le travail, je ne sais trop quoi vous dire, que j’aimerais être avec vous, que je suis content que Laure me remplace, que Tchekhov me manque — je lui fais une infidélité en lisant l’énorme roman, Ada ou l’ardeur, d’un de ses admirateurs, Nabokov (c’est encore plus beau que Lolita dont Maxime m’avait donné le virus) ; bref, la matière russe se distord (le roman se passe dans un monde parallèle où la Russie a envahi l’Amérique du Nord).
J’aurais aimé vous donner aujourd’hui une citation qui vous aurait permis de jouer toute votre vie, bien sûr, et j’en ai copié plein au fil de mes jours, mais sans nécessité, bon, pourquoi pas une citation de la page 186 d’Ada, là où j’en suis arrivé, la dernière page, celle du jour : « présenté au public comme un « travailleur en état d’ivresse permanente » (« bonne définition de l’artiste authentique », dit allègrement Ada) » ?
Oui (vous connaissez le célèbre poème de Baudelaire), enivrez-vous, laissez le réel, dans cette ivresse, vous caresser de manière plus tragique, plus heureuse (plus sensuelle, en fait).
Soyez confiant dans le fait que vous vous baignez dans le réel, en entier, et pour le reste, les problèmes de la tête (je veux dire localisés), laissez filer, vous avez la chance d’exercer un métier où vous pouvez : en entier.
Tout peut s’exercer dans un état second. Le théâtre est un état second…
Yves-Noël
Ce que vous pouvez faire consciemment, méthodiquement, c’est cette sensation d’ouvrir l’espace, d’avoir de l’espace, d’être avec de la place (si vous ne l’avez pas, vous êtes localisés dans la tête).
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