Chers tous,
Donc je vous redis que je suis très content (excité) par notre courte rencontre prometteuse. J’ai aimé votre capacité à me faire un spectacle immédiat (une capacité de troupe). J’ai noté votre proposition d’une comédie. Je n’ai rien contre. S’inspirer de quoi ? Oscar, de Louis de Funès ? Ou de tout un tas de choses ? On n’aura sans doute pas le temps de monter une comédie du répertoire. Mais l’inspiration comédie doit vous inspirer. Tout azimut. Il faut tout copier. Très vite. Comme des contrefaçons asiatiques.
Le lieu sera le TU, là aussi, selon votre désir exprimé — et le mien. C’est une très belle salle, on a beaucoup de chance de pouvoir y travailler. Plateau immense, très bon rapport, bonne acoustique, possibilité même de cette ouverture sur l’extérieur à l’arrière de la scène. Une comédie là-dedans, dans un espace vraiment de beauté (j’y ai vu un filage d’Olivia Grandville avec une trentaine de danseurs, même en lumière de service, c’était sublime) est sans doute une bonne idée ambitieuse.
Votre liberté. Votre audace. Votre manière d’avancer comme une machine impitoyable, rapide et irrépressible (c’est ce que je retiens de ce que j’ai vu, une espèce de forme, de « corps » qui se métamorphosait et se reformait sans cesse dans des volumes très complexes), c’est cela qu’il faudra laisser chanter, glorifier.
Les costumes ? Eh bien, soit pas de costumes, c’est-à-dire ce que vous aviez sur vous. Avantage : on ne s’en occupe plus. Soit des costumes, mais lesquels ? Soit aussi un costumier de beaucoup de choses (belles, de préférence) dans lequel puiser à volonté, changer très vite de costume, d’accessoire — mais où le trouver ? Soit des maquillages. C’est-à-dire que je suis passé à Nantes devant un magasin de tatouage et qu’il y avait, exposées en vitrine, des photos très belles d’anciens tatoués avec des tatouages très art brut, très émouvants, j’ai trouvé, et je me suis dit pourquoi pas ? Si quelqu’un était capable de fabriquer — au feutre, par exemple — de faux tatouages… — et ensuite Tanguy m’a dit qu’il connaissait une fille des beaux-arts qui faisait des maquillages magnifiques et qu’il allait lui en parler… Bon, voilà, c’est une idée que j’ai eue parce qu’on attrape les idées quand on a quelque chose en tête… Peut-être… L’idée, en tout cas, d’accentuer encore l’unité que vous m’avez montré être capable de présenter.
Bien à vous,
Yves-Noël
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