Friday, November 06, 2009

"Tout ce qui est amusant est interdit à Singapour."

Quel bonheur, ce matin !
Le plus dur est passé. Les trois jours de discussion. I'm really not good at that. Aujourd'hui et demain nous rencontrons le public.
Je me suis réveillé à sept heures, endormi après une heure, ça fait presque six heures, ce qui dans cette contrée de non-sommeil est un succès. (Peut-être pas un triomphe, mais un succès.)
Et je suis venu prendre le soleil à la piscine.
C'est tellement agréable, tout ça, la piscine, le jacuzzi, quitter sa chambre glacée et sans saveur pour le soleil de l'équateur.

Vous prenez l'ascenseur qui est face à votre porte, vous descendez à l'étage trois, vous êtes en peignoir nid d'abeilles blanc et en slippers, vous traversez les longs corridors, vous arrivez à un endroit un peu club, un peu VIP où la moquette devient plus belle puis la terrasse et la piscine. Tout le personnel, si vous l'avez croisé, vous a dit bonjour avec une gentillesse non feinte. Les seuls porcs étant, comme d'habitude, les Occidentaux, civilisation de fils à papa.
Comme à Saint-Nazaire, puisque les discussions me vident de ma substance, je n'ai rien préparé. Mais j'improviserai quelque chose sur le moment, je ne m'inquiète pas. Je ne fonctionne qu'à l'intuition. Bon qu'à ça. Alors. Je ne m'en veux pas.

Je vais prendre un breakfast et un taxi pour aller dans ce magasin de location de costume repéré par Mette.
Si je trouve quelque chose, je le prends. (Costume de singe ?) Sinon je serai en Dior. Sinon peut-être Keng Sen me prêtera l'un de ses costumes de geisha qu'il avait dans sa jeunesse quand il faisait la drag queen. Il faut que Tay Tong le retrouve dans le théâtre.

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Juste de jour

"Il admet en revanche la dernière critique, celle qui révèle son puissant pessimisme. A ses yeux rien n'invite à se réjouir: le spectacle de la disparition corps et biens du continent mythologique, des sociétés sauvages et de pans entiers de la culture humaine n'est guère propice à une vision euphorique du devenir humain. Pas plus que la  frénésie civilisationnelle de l'homme contemporain à augmenter sa propre puissance et sa propre maîtrise. Après le crépuscule des dieux, celui des hommes serait-il venu ?"

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Aldo



(Aldo Lee.)

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Mette (3)


(Mette Ingvartsen.)

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(corrections)

est en train de disparaître
mais, en même temps,
les policiers

* à françois

la parole :

toute devant, sans retrait
enlever le no problem

photo piscine : laque

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Mette (2)


(Mette Ingvartsen.)

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Ministère Amer

J'ai retrouvé cette histoire du musée de l'Amertume (Boris me posait la question ce matin). C'est la même idée que le musée du Paradis. L'amertume, c'est que le Paradis (et sa mémoire ?) sont en train de disparaître sur terre. Les bêtes et les plantes sont en train de disparaître. Très vite. Exactement maintenant. Les policiers envahissent le monde, mais les singes disparaissent. Vous vous rendez compte ? Les singes. Quel sera notre rapport au monde ? Aucun. Plus aucun. (A moins de s'intéresser aux fourmis.) C'est la nuit noire du monde. Si nous avons tué les singes. Musée de quoi ?
Je demandais à Heman de m'expliquer ce paradoxe : dans le guide (que j'ai perdu d'ailleurs, j'en ai mare, quand je me mets à commencer à perdre, je ne sais jamais quand ça s'arrêtera), il est expliqué que Singapour est un Etat très autoritaire avec des lois et des peines extrêmement sévères pour tout (mâcher du chewing-gum, etc.), on a très peur, donc, mais en même temps, avec François*, on remarquait qu'on ne voyait jamais un policier, alors ?
Alors : "Les policier sont en civil", "plain clothes policemen". Il suffisait d'y penser. Paranoïa.
Vivement que cette histoire d'Expo zéro soit finie, je veux me précipiter sur les plages, dans les parcs, les forêts, les réserves. François hésite à aller à Bali...






* François Chaignaud.

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Mette




(Mette Ingvartsen.)

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Belles de nuit

"L'art d'aimer ? C'est savoir joindre à un tempérament de vampire la discrétion d'une anémone."

"Deux voies s'ouvrent à l'homme et à la femme : la férocité ou l'indifférence. Tout nous indique qu'ils prendront la seconde voie, qu'il n'y aura entre eux ni explication ni rupture, mais qu'ils continueront à s'éloigner l'un de l'autre, que la pédérastie et l'onanisme, proposés par les écoles et les temples, gagneront les foules, qu'un tas de vices abolis seront remis en vigueur, et que des procédés scientifiques suppléeront au rendement du spasme et à la malédiction du couple."

"Nous aimons toujours... quand même ; et ce "quand même" couvre un infini."

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La parole

J'étais dans une maison que je n'ai pas racontée. Une "Baba house". Un musée. Une maison de riches Chinois d'autrefois encore habitée, mais transformé en musée par ses propriétaires pour en éviter la destruction, c'est ce que j'ai compris. Et, en effet, quand on en sort, c'est l'allu, c'est Gotham, "science-fiction", comme on dit beaucoup ici.
Ça me plaît que le monde jeune, neuf, ça ne soit plus l'Amérique, mais ici.
Ici, c'est sans vergogne.
Mais la maison si ancienne, vénitienne, raffinée, les portraits aux murs, les laques, le patio pour l'eau, les cinq éléments, l'espionnage des femmes reléguées dans des mystères, la dentelle du luxe et de la lumière, la peur de la guerre, les naissances, la puissance à garder... J'étais épuisé, je n'avais pas dormi la nuit précédente et nous étions en fin de journée. Le musée avait été ouvert pour nous. Nous étions les seuls. Je n'écoutais pas les explications diffusées par un étudiant de petite taille, c'était au-dessus de mes forces, mais je me souviens être resté longtemps dans une chaise-longue cannée qu'on aurait pu trouver chez Conran Shop, voyez, un objet parfait (laqué noir), à admirer, plus loin, le groupe et à fermer, ouvrir les paupières pour ne pas complètement sombrer. Tant d'espace intérieur dans un endroit tout extérieur au contraire, dans une ville toute devant, sans retrait, sans remords.

Boris est difficile en ce moment, presque grossier*. C'est quelqu'un qui a besoin de beaucoup de sommeil et le jet lag le fatigue.

J'aurais volontiers fait des photos, mais, à l'intérieur, aucune photo n'étaient permises.

"C'est le destin de notre race, dévastée par l'introspection et l'anémie, de se reproduire en paroles."






* Ça s'est arrangé. No problem.

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Belle de jour

"Quand, par appétit de solitude, nous avons brisé nos liens, le Vide nous saisit : plus rien, plus personne... Qui liquider encore ? Où dénicher une victime durable ? - Une telle perplexité nous ouvre à Dieu : du moins, avec Lui sommes-nous sûrs de pouvoir rompre indéfiniment..."

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Le salut

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Le butoh

"Ce que j'ai souffert, ce que je souffre, personne ne le saura jamais, même pas moi."






Mon ambition, c'est de faire des spectacles les plus énigmatiques possible.

Cela implique évidemment que je ne vais pas expliquer mes "intentions". Cela implique même - pour moi-même - que je n'ai pas d'intention. Ainsi même sous la torture on ne pourra rien me faire avouer.

Il y a un cliché à propos de ce métier.
On dit souvent d'un acteur qu'il le fait plus pour disparaître que pour apparaître. J'ai bien peur que que ce soit plutôt vrai. C'est un jeu de masque.

Mais - et c'est là que le butoh intervient - un jeu de masque sérieux.

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