Au Conservatoire National
Supérieur d’Art Dramatique, on joue encore demain 2 fois, à 15h, je crois, et
le soir — et une fois samedi — un spectacle qui m’a saisi d’admiration. En ce
moment, j’aime voir, me baigner dans des spectacles ou des expos qui me
permettent un espace pour penser à mon prochain travail des Bouffes du Nord :
ce n’est pas le cas ici. Ça ne me correspond pas, si vous voulez, pas d’espace
qui se crée ou, au bout d’un moment, mon espace qui se referme. Il me semble que je peux d’autant plus, ayant
avoué cette infirmité, vous habituer maintenant à mon ébahissement. Littéralement. J’y allais
à reculons, j’y allais pour voir Zita Hanrot, l’amie d’Ambroise, que j’ai
trouvée remarquable, parfaite, mais tous, vraiment, j’ai été saisi de leurs maîtrises (c’est leurs derniers mois au Cons’) ; je ne savais pas (je ne
réalisais pas) que le Conservatoire formait une telle écurie de haute école. La
soirée était une tragédie, une saga. Je n’ai jamais vu de pièce de Wajdi
Mouawad, mais j’ai pensé que c’était un peu le genre, ce qu’on m’a confirmé
ensuite : une saga sur plusieurs générations à partir du moment de la
guerre d’Algérie (jusqu’aux islamistes). Admirablement maîtrisé. Précis comme
une partition et fabuleusement
vivant. Lumière et costumes parfaits et cette salle Louis Jouvet, vraiment
top ! Des souvenirs : j’ai été auditeur libre ds la classe de
Claude Régy. J’ai revu, ce soir, ce que ça voulait dire : les meilleurs.
Oui, les meilleurs. Formés à ça : être de la belle bagnole, de la Ferrari.
Je me suis dit : comment ces jeunes gens si beaux, émouvants comme la
jeunesse, fringants comme des purs-sangs arabes peuvent-ils abattre de telles
horreurs ? Des viols, du vitriol. C’est le mystère du théâtre, de la
machine théâtre.
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