« Rien n'est plus beau qu'un
corps nu.
Le plus beau vêtement qui
puisse habiller une femme, ce sont les bras de l'homme qu'elle aime.
Mais pour celles qui n'ont
pas eu la chance de trouver ce bonheur je suis là ! » (Yves Saint Laurent.)
(Quel coquin !)
Voilà, j’ai tout dit.
Vous savez tout.
Faites comme si vous saviez
tout.
On va essayer de travailler
sur la vitesse, les raccourcis, comme j’aime — et comme j’en suis devenu en
quelque sorte le virtuose puisque n’ayant jamais eu d’argent (ou presque
jamais) pour payer les interprètes aux répétitions et ne pouvant travailler,
d’autre part, que d’après les lieux, « in situ », j’ai appris à
composer des spectacles extrêmement rapidement. Exemple, pour ceux qui l’ont
vu : les cinquante premières minutes du spectacle 1er Avril des Bouffes du Nord ont été composées en un jour et
n’ont quasiment pas été retouchées. Mais — toujours avec cet exemple —, il
faut des conditions, c’est vrai : la beauté déjà là à l’extrême et
l’acoustique du théâtre des Bouffes du Nord (nous aurons la nature),
quelqu’un au son d’extrêmement doué (mais nous aurons quelqu’un à l’image) et
des interprètes exceptionnels et exceptionnellement reliés (la soprano et le
contre-ténor sont en couple à la ville)
(nous aurons au moins un cas). Bref, il faudrait un peu de rêverie, de désir et
de préparation, jusqu’au 8 septembre. Ensuite, on laisse venir (méthode Anna
Perrin). Pour les spectacles, je demande évidemment de pouvoir refaire ce qui a
été une fois sublime, ce qui — la première fois, toujours — a échappé aux interprètes.
Ici, l’enregistrement de la caméra nous délivrera de cette difficulté. Ce qui
est capté par la caméra, on n’aura pas le souci de le refaire… (ou par jeu).
Les masques, les ombres, les
contradictions, les « visages brisés en mille éclats », c’est sur
quoi vous travaillerez. Mais vous le savez déjà tellement. J’ai toujours
l’impression d’avoir à dresser les hommes (sic !), toujours l’impression
d’être à la recherche d’une masculinité perdue, enfouie,
« neigeuse », turbulente, mais que les femmes sont des sorcières
supérieures (supérieures à moi, en tout cas !) Vous ferez ce que vous
voudrez…
Evidemment, la beauté est le
centre du sujet. Il y a cette manière que les femmes — des femmes comme
Delphine Seyrig, Jeanne Moreau, par exemple, dans La Chevauchée sur le lac
de Constance, l’une de mes pièces
préférées — ont d’électriser les hommes, de les rassembler, de les étreindre et
d’apaiser leur violence, leur guerre permanente et comme de les obliger à
pardonner…
Vous ne serez pas non plus
obligées de jouer les weeping queens
(reines éplorées) (ou pas seulement). Imaginez un royaume entouré d’un jardin
entouré d’une mer (a sea-walled garden). Dans ce royaume, vous pouvez aimer et manipuler. Renversez les valeurs, trahissez ! Soyez shakespeariennes ou
ne soyez rien, c’est-à-dire tout ! Lissez vos larmes, lisez vos lignes.
Voyagez. Sorcières de rien, sorcières de tout, prenez les chevaux et partez vous-mêmes en
croisade !
Sans rire, ça pourrait être
intéressant que quelques-unes travaillent aussi des rôles d’hommes, en travestissement ou en
semi-travestissement. A l’américaine…
Les costumes, perruques,
maquillages sont primordiaux. Tout ce jeu d’apparence. C’est seulement ce que
nous faisons.
Il faut la richesse pour
perdre tout. Si on a rien, c’est moins clair. C’est pour ça que Shakespeare et
tous les autres mettent en scène des rois et des reines de
légende, pour la clarté de la démonstration : l’homme n’est rien. Soyez
des rois et des reines !
A tout de suite,
Yves-Noël
Ah, oui, vous pouvez m'envoyer
d'autres photos (surtout celles dont je n'ai pas pu les sortir des pdf), que je
rêve un peu et Sara et Isabelle avec moi... Pour celles qui sont sur Paris, on
peut se voir, je suis disponible jusqu'au 30. 06 84 60 94 58.
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