Thursday, August 21, 2014

P assage secret


« On me met un passage secret dans un livre, j’adore le livre. »

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L ettre aux filles


« Rien n'est plus beau qu'un corps nu.
Le plus beau vêtement qui puisse habiller une femme, ce sont les bras de l'homme qu'elle aime.
Mais pour celles qui n'ont pas eu la chance de trouver ce bonheur je suis là ! » (Yves Saint Laurent.) (Quel coquin !)
Voilà, j’ai tout dit.
Vous savez tout.
Faites comme si vous saviez tout.
On va essayer de travailler sur la vitesse, les raccourcis, comme j’aime — et comme j’en suis devenu en quelque sorte le virtuose puisque n’ayant jamais eu d’argent (ou presque jamais) pour payer les interprètes aux répétitions et ne pouvant travailler, d’autre part, que d’après les lieux, « in situ », j’ai appris à composer des spectacles extrêmement rapidement. Exemple, pour ceux qui l’ont vu : les cinquante premières minutes du spectacle 1er Avril des Bouffes du Nord ont été composées en un jour et n’ont quasiment pas été retouchées. Mais — toujours avec cet exemple —, il faut des conditions, c’est vrai : la beauté déjà là à l’extrême et l’acoustique du théâtre des Bouffes du Nord (nous aurons la nature), quelqu’un au son d’extrêmement doué (mais nous aurons quelqu’un à l’image) et des interprètes exceptionnels et exceptionnellement reliés (la soprano et le contre-ténor sont en couple à la ville) (nous aurons au moins un cas). Bref, il faudrait un peu de rêverie, de désir et de préparation, jusqu’au 8 septembre. Ensuite, on laisse venir (méthode Anna Perrin). Pour les spectacles, je demande évidemment de pouvoir refaire ce qui a été une fois sublime, ce qui — la première fois, toujours — a échappé aux interprètes. Ici, l’enregistrement de la caméra nous délivrera de cette difficulté. Ce qui est capté par la caméra, on n’aura pas le souci de le refaire… (ou par jeu).
Les masques, les ombres, les contradictions, les « visages brisés en mille éclats », c’est sur quoi vous travaillerez. Mais vous le savez déjà tellement. J’ai toujours l’impression d’avoir à dresser les hommes (sic !), toujours l’impression d’être à la recherche d’une masculinité perdue, enfouie, « neigeuse », turbulente, mais que les femmes sont des sorcières supérieures (supérieures à moi, en tout cas !) Vous ferez ce que vous voudrez…
Evidemment, la beauté est le centre du sujet. Il y a cette manière que les femmes — des femmes comme Delphine Seyrig, Jeanne Moreau, par exemple, dans La Chevauchée sur le lac de Constance, l’une de mes pièces préférées — ont d’électriser les hommes, de les rassembler, de les étreindre et d’apaiser leur violence, leur guerre permanente et comme de les obliger à pardonner…
Vous ne serez pas non plus obligées de jouer les weeping queens (reines éplorées) (ou pas seulement). Imaginez un royaume entouré d’un jardin entouré d’une mer (a sea-walled garden). Dans ce royaume, vous pouvez aimer et manipuler. Renversez les valeurs, trahissez ! Soyez shakespeariennes ou ne soyez rien, c’est-à-dire tout ! Lissez vos larmes, lisez vos lignes. Voyagez. Sorcières de rien, sorcières de tout, prenez les chevaux et partez vous-mêmes en croisade !
Sans rire, ça pourrait être intéressant que quelques-unes travaillent aussi des rôles d’hommes, en travestissement ou en semi-travestissement. A l’américaine…
Les costumes, perruques, maquillages sont primordiaux. Tout ce jeu d’apparence. C’est seulement ce que nous faisons.
Il faut la richesse pour perdre tout. Si on a rien, c’est moins clair. C’est pour ça que Shakespeare et tous les autres mettent en scène des rois et des reines de légende, pour la clarté de la démonstration : l’homme n’est rien. Soyez des rois et des reines !
A tout de suite,

Yves-Noël
     
Ah, oui, vous pouvez m'envoyer d'autres photos (surtout celles dont je n'ai pas pu les sortir des pdf), que je rêve un peu et Sara et Isabelle avec moi... Pour celles qui sont sur Paris, on peut se voir, je suis disponible jusqu'au 30. 06 84 60 94 58.

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L a Grotte où nage la sirène




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I l faudrait « juste » tout partager... (une lettre de Chantal Morel)


Décidément La Cerisaie hante… Après la proposition de Thibaut Wenger, ma propre rêverie, la rêverie déclenchée chez Gwenaël Morin (je la note ici, j’en ai parlé hier, mais je la note ici parce qu’on va l’oublier : jouer toute La Cerisaie dans le noir (total), sauf entre les actes pour les changements de décor au contraire très éclairés), voici Chantal Morel que j’ai vue réapparaître furtivement à Avignon, intacte, elle pensait que je n’allais pas la reconnaître, mais si, très bien, Chantal, très heureux…

« Yves-Noël, bonjour... J'espère que tu vas bien... Je souhaite fermer le petit théâtre que nous avons à Grenoble, je voudrais faire ce geste-là avec Tchekhov, La Cerisaie, je ne vois que lui pour vivre ces instants-là... Avec aussi des gens avec qui je n’ai jamais travaillé... Je suppose que tu es très pris, mais sait-on jamais ? et peut-être penseras-tu à quelqu'un d'un peu seul, d'un peu paumé dans ce drôle de monde tout de certitudes fait, en attente d'un humble travail, en toute fraternité secrète et silencieuse... Voici une lettre écrite à quelques amis pour lancer ces « adieux » que je partage avec toi…

Le 38, notre théâtre, est trop petit pour y jouer La Cerisaie,
 la compagnie n'a pas assez d'argent pour engager le nombre de comédiens correspondant au nombre de personnages, 
mais, des fois, et par expérience, je sais que le 38 peut être très grand
 et je sais aussi, par expérience, que les absents, le manque, les fantômes sont aimés par le théâtre (et par le 38)
 et je sais aussi qu'il reste une certaine somme d'argent
 ne permettant pas que tous les personnages soient là en chair et en os, mais permettant que quelques-uns soient là — alors, comment raconter la cerisaie sans l'adéquation réaliste/naturaliste entre le nombre de comédiens et le nombre de personnages ? sans l'espace pour recevoir les lieux de leur présence ? 
Mais cette réalité « approximative », ces pans d'absence, ces traits inachevés, ne pourraient-ils porter le grand geste humain de Tchekhov ?
 Tout l'artisanat du théâtre serait alors convoqué... et toute sa chair… N'est-il pas avant toute chose affaire de fantômes, de reflets, de vagues traces, de manques... ?


Expérience aussi pour que l'acteur produise une réflexion sur le jeu, l'interprétation... Ecrire ensemble ?


Pour un chantier de ce type, la proposition n'est pas simple à formuler
 il n'est pas possible de faire une proposition « normale », il est possible de partager la somme qui reste  à la compagnie avant la fin de l'exercice, de voir comment en prenant en charge les repas que l'on prépare au 38, en vous logeant dans les studios que la MC2 à La Villeneuve (là où chaque fois les acteurs sont logés) sans faire des allers-retours entre Grenoble et votre lieu de vie... 
Il y a une somme d'argent, il y a du temps, il y a un petit théâtre…
 Il faudrait « juste » tout partager...
 Il y a du temps de mi-septembre à début mars pour répartir de la répétition, du jeu...
 En comptant Patrick (le son) et Sylvain (l'espace), on peut être 5 de plus...

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L ’Araignée écrasée


Un ami me fait visiter les travaux d’un squat merveilleux que je connais bien en plein centre de Paris. La mairie à qui appartiennent les locaux a accepté de régulariser la situation et, officiellement, de les déclarer en « ateliers d’artistes ». Mais, pour cela, il faut les mettre aux normes, d’où des travaux, depuis deux mois, qui dérangent les voisins dans l’impasse cachée. Le résultat est désastreux, les travaux ont détruit tout le charme de l’endroit (qui était inouï). Alors, dans un élan d’optimisme, je dis à Romain : « Allons, c’est pas grave, vous allez tout détruire quand ils auront fini… » et Romain me dit que c’est justement ce qu’ils craignent, à la mairie. C’est ce qu’il s’est passé au squat de la rue de Rivoli, les squatteurs ont tout détruit des travaux — très chers — de mises aux normes. Après les avoir acceptés, ils trouvaient ça finalement nul, moche et c’est vrai que ça devait l’être tout comme ici et tout COMME PARTOUT. Pour les gens de la mairie, du service culturel, c’est un échec douloureux : ils n’ont pas réussi leur « médiation ». Mais, moi, je dis (je m’en fous des mecs de la mairie), moi, je dis : « Merveilleux squatteurs de la rue de Rivoli ! » Ils ont fait ce que tout bon citoyen devrait faire : détruire, détruire systématiquement — Détruire, dit-elle — toutes ces horreurs décidées par les donneurs de normes et qui attentent à tout, à la beauté, au bon sens, à l’esprit, à l’âme, à la vie même ou à la raison de la société ! Cette dictature de la bêtise profonde et criminelle des donneurs de normes qui, à mes yeux, ne méritent même pas la corde pour les pendre ! Tout est laid, tout est destructeur, tout est administratif, les théâtres qui se construisent sont répugnants, on ne peut rien y faire, surtout pas du théâtre ou de la danse, éventuellement un gros son de rock ou de hard rock, ce genre de truc, mais la laideur, l’absence de silence, l’absence de noir, les systèmes de sécurité qui clignotent en permanence comme en temps de guerre, les matières pathogènes (il n’y a pas que l’amiante…)

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A ma connaissance


Oh, la Corse en voiture ! Je rapplique tout de suite !!! (Je suis rentré avant-hier...) C'est sublime, la Corse ! et je connais très, très peu. J'y vais depuis des années, mais je reste avec mes amis sur une plage, celle de Cargèse. Mais, dans le coin, la plage d'Arone est la plus belle, et sinon, je vous conseille de faire une halte à l'hôtel des Roches Rouges, ne serait-ce que pour prendre l'apéro au coucher du soleil, à Piana, la plus belle baie du monde à ma connaissance...
YN 

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A nna


Et on se réveille avec l'envie de partir jouer Dieu.
On écrit ce qu'on pense. On mise sur l’espoir de faire bonne impression.
L’envie d'être présent, de participer à nouveau à une communauté d'action, partager le désir en attendant l’inverse.
Rencontrer.
Faire confiance aveuglément avec la réserve d'une sauvage.
Je viens seule, parce que je sais sur qui m'appuyer. Confiante.
Il y a des rencontres, Bigel (père et fils)…
Je ne sors pas du conservatoire, ni d'une école nationale.
Mais de l'école des formes et des contre-formes, option abstraction, dans laquelle il est difficile de préserver l'innocence. Je ne suis plus innocente.
Je suis comédienne, danseuse et sirène.
J'ai fabriqué du théâtre, de la danse, des châteaux et des grottes. J'ai fabriqué une quantité d'autres personnages pour un soir ou quelques mois. C'est le luxe des lieux de résidence.
On me propose un Shakespeare en Janvier. Laissons voir si c'est un hasard.
Excitée par l'idée simple de filmer des comédiens en liberté. D'une image à l'autre vers la complicité.
L'audace d’être soi-même.
Il est question de Shakespeare, et des rois qui se prennent pour dieux.
Ne pas anticiper et attendre de voir.
Puis se lancer d'un bond sans réfléchir, sinon on ne fait rien.
J'aimerais un temps faire partie des vôtres.
A vous,
Anna

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Q ue doit faire le roi ?


« Que doit faire le roi à présent ? Doit-il se soumettre ?
Le roi le fera. Doit-il être déposé ?
Le roi s’y résoudra. Doit-il perdre
Le nom de roi ? Par Dieu, qu’il l’abandonne.
Je donnerai mes joyaux pour un chapelet ;
Mon somptueux palais pour un ermitage ;
Mes vêtements luxueux pour une robe de mendiant ;
Mes gobelets décorés pour une écuelle de bois ;
Mon sceptre pour un bâton de pèlerin ;
Mes sujets pour deux statues de saints,
Et mon vaste royaume pour une petite tombe,
Une petite, petite tombe, une tombe obscure.
Ou bien que l’on m’enterre sur la grand-route du roi,
Quelque route fréquentée où les pieds des sujets
A toute heure pourront fouler la tête de leur souverain ;
Car à présent que je vis c’est sur mon cœur qu’ils marchent
Et une fois enterré, pourquoi pas sur ma tête ? »
JOUER DIEU, du 8 au 28 septembre, renseignements au 04 77 50 60 61 ou sur le site de l’Hostellerie dePontempeyrat.

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C hâteau



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