Thursday, January 19, 2023


 

R êve général


Au Mans, j’aperçois la manif qui longe la Sarthe, perpendiculaire aux rails, elle est lente et longue et colorée… Je ne vais jamais à des manifs (je suis trop névrosé, je ne comprends rien à la politique), mais quand je travaillais avec François Tanguy, il le fallait bien ! C’était obligatoire — et j’aimais bien. Je me souviens, j’aimais bien marcher dans la rue, au milieu de la rue, avec tant de gens joyeux autour de moi. Joyeux car sûrs d’eux-mêmes. Faire partie d’un groupe, d’un mouvement, quelle merveille ! quelle récompense. quelle solution à la dépression. Mais, aujourd'hui, je suis dans un train presque vide qui traverse des forêts et des  marais et j’aime ça, qu’il soit lent et long. C’est le train des pauvres (je peux encore me le payer). Ce qui est étrange, c’est qu’il soit vide et qu’il roule presque silencieux (moins d'annonces dans les haut-parleurs criards) le jour où beaucoup d'autres ont été supprimés, train fantôme en état de marche pour une ou deux familles africaines et quelques filles seules clairsemées. J’ai le temps de penser à la pénibilité de ma vie dans ce train long, libre et lent. Il y a des ciels, il y a ma fatigue et nous sommes ensemble — et nous sommes heureux, nous sommes valeureux  

Merci, Sylvain, pour cette soirée d’hier ! une des plus belles fêtes (de théâtre) qu’il me soit jamais arrivé de vivre, ça remonte donc à mon adolescence. Plaisir infini qui s’ouvre et s’ouvre, éblouissement vivant, surnaturel rendu naturel. Émerveillement devant le luxe de tous tes acteurs (actrices), poissons dans une eau tumultueuse (indélébile Karamazov) — y compris bien sûr ton Ivan : figure-toi que ça ne me paraissait pas concevable que tu sois sur le plateau, alors j’ai pensé : cet acteur sublime arrive, en plus, à évoquer le metteur en scène, à amener une ressemblance (au théâtre, on est toujours sûr que tout est joué). Bref, soit on en parle durant des heures et pendant des années — et c’est exactement ce que tu as fait hier —, soit, pour ma part et dans l’immédiat, c’est seulement : CHAPEAU BAS ! Remercie encore Elodie de m’avoir repêché dans le hall d’entrée ! Sans elle, je serais peut-être passé à côté de mon destin (j’étais loin sur la liste d’attente), Yves-Noël

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