U ne fille, chez elle, à Paris (la fille miroir)

L ’Occasion de refaire du show-business !

Quand j’ai commencé à faire des spectacles, il y a quinze ans (en 2003), Jean Blaise qui m’accueillait dans son Lieu Unique, à Nantes, a dit à une collaboratrice qui me l’a répété : « Il est génial, MAIS il va se faire récupérer par le show-biz très vite ». Cette phrase, j’aime autant vous dire, m’a permis de m’endormir sur mes deux oreilles pendant quelques semaines… mois… années… Je n’ai jamais été récupéré par le show-biz. J’ai été oublié. Ce métier est impitoyable et je suis comme le roi de neige (Richard II) à ne pas savoir ce que je préfère, être un winner ou un loser. Les deux me vont. On ne peut pas être les deux à la fois, le tyran et le mendiant, mais on peut être l’un après l’autre et, si j’ai été l’un, je serai encore l’autre. « Les derniers seront les premiers », disait Jésus, eh oui, c’est comme ça, il y a les premiers et il y a les derniers et ça s’inverse. Ça s’inverse certainement. C’est ce que Jésus a dit, en tout cas (dans une parole très peu entendue), et tous les poètes l’ont dit à sa suite (dans des paroles très peu entendues). Hölderlin le dit et Nerval le dit et Baudelaire et Rimbaud et Proust le disent encore. Oscar Wilde le dit et a vécu dans le réel l’histoire du roi de neige. Etre le roi de Londres puis le roi de rien, puni pour une activité sexuelle suspecte. Perdu sa fortune, perdu sa femme, perdu ses enfants, perdu son nom, on lui refusait même du papier pour écrire dans la cellule de son bagne dont il n’est ressorti que pour mourir exilé sous un nom d'emprunt (Sébastien Melmoth), en France, dans une chambre d’hôtel miteuse où, alité, il aurait encore dit, shakespearien : « Ou ce papier-peint s’en va — ou c’est moi ». Eh bien, le show-business, c'est-à-dire le réel, c'est-à-dire la Société du spectacle, n'est-ce pas ? Jean-Michel Ribes m’a permis, princier, pendant toute une soirée merveilleuse (et avec tant d’amis) d’en refaire un tout petit peu partie (comme on trempe ses pieds dans la piscine d'un château ou d’un hôtel de luxe). Impressionné, ému, tendu, hystérique et brouillon, je reçois le prix de l’Incongruité poétique (c’est tout à fait moi) sous le parrainage post mortem de Roland Topor : les prix de l’Inattendu !

Intervention accompagnée d’Aidan Amore (l’acteur d’Hamlet Unlimited) entre 1h21mn et 1h24mn24s

Merci pour ta soirée d'immense amitié, Jean-Michel ! Je me suis bien amusé et c'est aussi une bouffée d'oxygène, un îlot de résistance très vital, ton idée et ton théâtre inouï. Bien sûr (j'ai visionné), mon simili sketch aurait pu être plus réussi, mais il aurait pu être pire, n'est-ce pas ? J'étais ému, impressionné et le ratage fait forcément partie de ma palette. Curieusement, je me dis, une soirée comme celle-ci me remet dans le réel. « Continuer le show » ! Très fier d'y avoir participé. Bises, Yvno

Tu m’as fait grand plaisir ! JM