Scène d'ivresse

J’ai peur de devenir alcoolique. Parce que Paris, voyez-vous, c’est fête en permanence, opéras, défilés, cocktails. La preuve, je dois prendre des médicaments mexicains contre les parasites, il faut trois jours sans alcool, je ne les trouve pas. Mes comédiennes sont dans les Alpes, mes comédiens sont à l’usine. J’ai toujours aimé le chic chez les femmes et la brutalité chez les hommes. Les gens vivent, vivent, c’est incroyable comme les gens se débrouillent, sont heureux de vivre ! Un peu de champagne et, hop !, c’est la fête du samedi soir ! Marcel Proust avait raison de s’intéresser aux riches, c’est la seule matière. Tout le reste est irréel. La vraie vie, le sommet – et, pour les autres, s’approcher du sommet. J’ai auditionné un provincial. Il n’a pas d’ambition. Il me parle de Benoît Jacquot, pourquoi tu ne postules pas pour Benoît Jacquot ?, oh, non…, mais enfin ! l’ambition ! l’ambition !, ça ne m’intéresse pas, ce qui m’intéresse, c’est la profondeur. Grave erreur ! Parce que l’ambition te rendra meilleur sur un plateau. Et la profondeur ne se travaille pas, on l’a ou on ne l’a pas et – malheureusement ! – on ne la perd jamais. Hollywood, enfin ! Tous ces gens (…illisible…) à créer la beauté. Et les provinciaux sans ambition (contradiction). Du champagne à en pleurer ! A n’en plus vouloir ! Assez de caviar ! (On avait marché du rond-point des Champs-Elysées, dans la belle lumière du crépuscule, à travers les Tuileries jusqu’à la pyramide du Louvre et, moi, j’allais rue du Mail...)

Sylvie

Soirée

Je conseille Pelléas et Mélisande (j’imagine que ça se joue encore), spectacle inouï, incompréhensible, qui DIT TOUT avec une générosité incroyable, suprême, insubmersible ! Si l’on veut voir ce que PEUT le génie humain (avant disparition), c’est là (par exemple) ! Maeterlinck, déjà à lui seul, Debussy, déjà à lui seul, Bob Wilson, déjà à lui seul et je ne parle pas des chanteurs incroyables (Mélisande...), non seulement chanteurs, d'ailleurs, mais danseurs, mais mannequins… et du chef d’orchestre que j’apercevais très bien du sixième rang et qui guide tout le monde dans le sacré et le mystère, mort et amour, l'inconscient – comme ça ! – en plein Paris ! 30 euros avec la carte chômeur.

« On dirait que ta voix a passé sur la mer au printemps… »

Clémence Prévault

Cher, cher Yves-Noël,

C'est Clémence ( les Strip Tease de Lausanne, puis de Pontempeyrat... tu m'remets !?)
Je regarde Le Zapping tout les jours, et Le Petit journal, je ne peux m'en passer ! Une drogue !
Hier, j'ai carrément branché l'ordi au vidéo proj du salon et invité mon colloc Joris a regarder les fameuses actualités avec moi en grand !
Quand... tadadam... au bout de 2mn19, oui, moi aussi j'ai entendu « Vas-y ! Yves-Noël ! ». Et je ne sortais pas de Pelléas et Mélisande... Non, je me sortais la tête du texte suivant : Le Canard Sauvage. Signé Ibsen.
Aujourd'hui j'ai pensé à toi (peut-être la voix). Suis allée sur ton blog voir les tiennes d'actualités et je peux ainsi te confirmer ta petite voix à 2mn19 !
Mais, franchement, ne va pas en Syrie peut-être... Profite plutôt du printemps qui arrive tout fier pour nous montrer que tu sais rendre la même chose au théâtre, parce que j'en suis persuadée.

En échange de ce conseil gratuit de groupie, peux-tu m'en donner un, de conseil?
Quel auteur jouer devant Eric Lacascade aux auditions du TNB?
Tchekhov (La Mouette ? Platonov ?)
Ibsen ?
Kleist ?
Shakespeare ?
Gorki ?
Les autres auteurs imposés ne me disent rien mais je te les indique quand même au cas où tu aurais un flash ou une voix, qui sait ?... Vinaver, Racine, Fassbinder, Lagarce, Grumberg.

Allez ! Vas-y, Yves-Noël ! Ecris-moi !

Clémence






Tricky !

Tchékhov, t'es si bonne dedans.
Shakespeare, toujours bien.
Kleist, c'est magnifique (La petite Catherine...)
Gorki, connais pas.
Et Ibsen, je viens d'en voir une version trop nulle (de La Dame de la mer)

Bisous !

YN

« On rêve bien ou pas du tout. Il faut apprendre à être éveillé de la même manière, bien ou pas du tout. »

Yves-Noël Genod
Bonjour, Nicolas Maury vient de me parler de vous (« très inspirante »). Vous seriez libre (vraiment libre) du 5 au 17 mars inclu ? Vous pourriez jouer déshabillée (c'est le projet, il y a des vêtements, mais qui ne cessent de circuler un peu comme des papillons sur des fleurs) ? Vous pourriez jouer en groupe ? C'est-à-dire, le projet est de faire circuler le vivant à l'infini ou, comme disait Rimbaud, « littéralement et dans tous les sens ». Souhaitez-vous qu'on se rencontre (très vite évidemment si c'est pour ce projet) ? Mon téléphone : 06 84 60 94 58. Je suis cet après-midi au Rond-Point pour une audition (d'un chanteur) et demain matin à la Ménagerie de verre, auditions aussi. Au plaisir, en tout cas