Thursday, December 19, 2013

C asting


Yves-Noël, bonjour encore,
Je t'écris cette fois ci, car je voudrais te demander de conseil ou des idées.
Je cherche, pour un projet d'exposition au Jeu de Paume pour laquelle j'étais invitée pour l'automne prochain, des actrices de 58-65 ans, qui habitent a Paris.
Le projet consiste à performer et adresser un texte aux visiteur. Ce texte est le récit de la vie d'une femme de 63 ans, et qui vit en Hongrie, et qui est l'une de mes homonymes.
Donc c'est un matériau documentaire qu'il faut raconter en 1ère personne, donc avec le « je... »
Est ce que tu connaîtrais des actrices de cette âge, et qui cherchent du travail et seraient potentiellement intéressées de me rencontrer pour en parler ?
L'exposition durera probablement 2 mois, de mi-octobre à mi-décembre 2014, et l'idée est de faire la performance avec 6 a 8 actrices pendant toute la durée de l'ouverture du JDP, ou au moins pendant 6 heures. Il faut qu'elles parlent avec de l'accent d'Europe de l'Est, mais c'est facile à apprendre.
Le salaire serait correct, mais pas super bien payé, alors je ne cherche pas des stars, mais des actrices qui cherchent aussi... Malheureusement dans le contexte de l'art visuel ils n'ont pas le même politique de rémunération.
Merci, en tous cas, de me faire signe au cas ou si tu penses a qq. Je serais à Paris fin janvier et aussi en février pour faire des rencontres.
Bises de Berlin et bonnes vacances si tu pratiques ce sport ;-) Eszter

— Ah, oui, tricky... Là, je pense à Edith Scob, je n'ai pas son contact, mais je pourrais le trouver. Il y a aussi une femme qui était pas mal (elle parlait pas trop) dans un spectacle que j'ai vu récemment qui s'appelait Elle brûle, là aussi, je peux transmettre... Je vais faire passer à une directrice de casting qui m'avait contacté en octobre (si je me souviens de son nom...) Mettre une annonce sur Fb, j'hésite parce que j'en ai fait l'expérience quand j'ai voulu rencontrer des Noirs : résultat,  j'ai eu la terre entière (de stupidité : « Je suis sûr que je suis la personne qu'il te faut, je suis Black dans le cœur, etc. ») et vraiment très peu de Noirs... Bise de Toulouse

— Merci de ta réponse et ton aide ! Oui, je pense pareil, que Fb n'est pas le meilleur endroit pour chercher, plutôt par des personnes susceptibles de connaître des actrices de ce profil. Edith Scob peut-être pourrait en connaître. La directrice de casting me parait aussi une bonne piste. Sinon, peut-être je dois envoyer un texte, une sorte d'appel dans un endroit de Pôle Emploi ? Tu connais où et comment cherchent des acteurs le plus souvent du travail ? je veux dire ceux/celles qui ne sont pas forcément dans une agence. Merci encore mille fois. Bises E.

— Je transmets autour de moi ton mess. A Jean-Paul Muel avec qui j’ai travaillé et qui connaît du monde, à Youness Anzane, un dramaturge à 360 degrés, Kris de Bellair donc, etc.

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L 'Ami




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D rogado dice cosas sin sentido


Chéri, je ne t’ai pas remercié pour ce séjour bouleversant dans la nature puissante ! C’est aussi que j’essaye de l’étirer, d’en étirer les bienfaits et les rêves, ce qui n’a pas été facile à l’arrivée en ville car je suis tombé, tu l’as peut-être su, dans un pic élevé de pollution qui a duré plusieurs jours (enfer relatif pour moi). La nature me manque comme la vie : on en veut toujours plus — et on ne sait pas vivre si on ne s’y vautre pas à fond. J’ai l’impression que je ne sais pas vivre : me manque les animaux, les eaux, les airs, les terres, les boues et les glaces, tout ce qui vit — vraiment — me manque comme l’amour, etc. Mais nous faisons, n’est-ce pas ? ce que nous pouvons — et nous pouvons peu, je trouve, alors la rêverie…
Je t’embrasse, donne de tes nouvelles !

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¿Q ué deseas?



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L es Interprètes


« Plus ils sont eux-mêmes, plus je peux être moi-même. »

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G us Sauzay



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¿Q ué es la fe real?


Sébastien, J’écoutais la radio tout à l’heure après que nous nous étions rencontrés et avions évoqué Pontempeyrat et les difficultés des directives Afdas et j’entendais ça (ci-dessous).
Je me répétais — ce que j’ai déjà beaucoup dit — que ma recherche est un travail sur l’incarnation dans le sens où Nicolas Le Riche (danseur étoile) dit à Laure Adler (journaliste) : « Comment se fait ce rapport à l’espace qui introduit cette dimension qui est presque spirituelle ? — J’ai toujours pensé que le plus important pour un danseur était probablement l’incarnation. — C’est pas la technique ? — Elle est importante, c’est l’écriture, c’est le mot, c’est la forme, c’est ce qui est donné. En revanche, l’incarnation — l’impulsion — est probablement ce qu’il y a de plus mystérieux, de plus fragile, de plus sensible et ce champ ouvre énormément de possibles. Et il est relié aussi à l’une des forces de cet art que j’aime beaucoup : il est relié au vivant, à la personnalité qui le porte. Je pense sincèrement que c’est l’une des forces de la danse aujourd’hui, la danse est portée par des êtres vivants qui se la donnent, qui se la communiquent de génération en génération, qui se la transmettent. C’est un cadeau et un trésor extraordinaire puisque à chaque fois tout ça est enrichi de la personne qui vous l’a transmis. » Il faut défendre un enseignement intuitif, je pense que je ne suis quand même pas le premier ! (Voir peut-être du côté de Jacques Rancière que je connais mal.) Et, bien sûr, j’ai compris que nous étions bien d’accord et qu’il fallait trouver la meilleure stratégie pour cette guerre que l’on nous fait. Je te redonne aussi la très belle citation de Franz Kafka sur laquelle était basé le dernier stage « Casser une noix » : « Casser une noix n’a vraiment rien d’un art, aussi personne n’osera rameuter un public pour casser des noix sous ses yeux afin de le distraire. Mais si quelqu’un le fait néanmoins, et qu’il parvienne à ses fins, alors c’est qu’il ne s’agit pas simplement de casser des noix. Ou bien il s’agit en effet de cela, mais nous nous apercevons que nous n’avions pas su voir qu’il s’agissait d’un art, à force de le posséder trop bien, et qu’il fallait que ce nouveau casseur de noix survienne pour nous en révéler la vraie nature — l’effet produit étant peut-être même alors plus grand si l’artiste casse un peu moins bien les noix que la majorité d’entre nous. » Le stage doit s’inventer sur le moment et à partir des personnalités rencontrées — exactement comme en haute couture (disait Coco Chanel) : « Je fais mes robes sur les mannequins. » Il s’agit de croiser ou de ressentir, de faire ressentir aux interprètes qui le veulent que le « vivant » est la matière même qu’ils peuvent travailler, qu’ils doivent travailler toujours et exclusivement, même si on ne leur dit pas. Le vivant : l’incarnation dans l’espace. On ne leur dit pas, parce que, ce qui se dit, c’est, à la place, les discours faux et mortifères de ceux qui l’attaquent, justement, le vivant, et aussi parce que le vivant (de la création), comme le dit Nicolas Le Riche, mais comme l’a aussi très bien montré Nathalie Sarraute pendant tout un livre intitulé Entre la vie et la mort, il est extrêmement fragile et volatile. Ou bien encore, comme l’a aussi parfaitement clairement énoncé Virginia Woolf : « Rien ne devrait avoir un nom, de peur que ce nom même le transforme. » C’est une phrase massive que cette phrase. Il est alors hors de question qu’une personne de bureau ou qu’un système de bureau dise le contraire de ceux qui permettent la grandeur de ce système : les artistes guidant les autres êtres vivants — car tous disent la même chose, les plus immenses (comme l’a montré Charles Baudelaire dans un poème que j'interprétais à la Ménagerie de verre intitulé Les Phares). Mais il est vrai que la dimension administrative des choses est déjà nommée par Hamlet comme une raison de suicide : « the insolence of office ». Oui, ces gens sont des insolents qui traînent l’humanité vers le bas et la misère. Pas tous. Le mot « administrer » vient du latin « prêter son aide », « servir » (en contexte religieux). Il faut (souvent) revenir à la vérité étymologique pour respirer et reprendre confiance… « Jouer Dieu » ? C’est ce que je te souhaite, cher Sébastien, toi à qui j’envie tant la respiration des voyages qui me manquent,

YN

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M an et magnétisme


Nous n’étions pas backstage, mais sur la scène parmi les artistes encore en costumes qui nous attendaient. C’était les artistes de la revue. Tout le monde avait été ébloui. C’était un plaisir de les féliciter un à un, ces enfants, et d’admirer les détails des costumes, des maquillages, des perruques… Et puis l’enfant ordonnateur de cette splendeur allait apparaître, on l’attendait. En l’attendant, l’amie m’avait dit : « Tu te rends compte que j’ai failli me marier avec lui ? C’est pour lui que j’ai quitté L. et c’est ce qui a fait que L. a écrit cette chanson : I’m Your Man. » Je lui répondais : « Toi, il faudra que tu me racontes tout ça ! » Puis celui qui se faisait maintenant appeler d’un autre prénom qui ne plaisait pas à l'amie était apparu et l’amie était allé le saluer, visiblement émue. Je la voyais de dos et je voyais son visage à lui, penché vers elle. Lui avait l’aspect d’Elephant Man, tout refait, ou aussi d’un personnage d'Enki Bilal, un peu, science-fiction archaïque, tout projeté, mais avec un très, très, très pur cœur d’enfant, comme le spectacle qu’il avait offert à Paris le prouvait. Je rattrapais l’amie et je lui dis : « Tu es émue, Dominique… » Elle me montrait ses lunettes, la buée sur ses verres : oui. 

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C omme la beauté est toujours si loin si proche...



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(T rès important)


« Adepte du milieu de la corde — n’en tenant aucune extrémité, comme il se plaît à le suggérer à plusieurs reprises —, Spicer dé-route parce qu’il accomplit ce que Marianne Moore, dont il aimait l’œuvre, rêvait : placer « des crapauds réels dans des jardins imaginaires. »

A llégorie de la Paix


Photo Jocelyn Cottencin.

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P ape de gauche ?


« De même que le commandement de ne pas tuer pose une limite claire pour assurer la valeur de la vie humaine, aujourd'hui, nous devons dire non à une économie de l'exclusion et de la disparité sociale. Une telle économie tue. »

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