Eh bien, hier où pourtant il
y avait tant de monde sur la liste d’attente, on aurait pu faire entrer tout le
monde. On a refusé une personne. Hors il y avait une place encore libre qui
restait dans la salle : ça avait été mal compté. (J’étais furieux.) Avec
ça, on a commencé un 1/4 d’h en retard parce qu’il fallait faire entrer toute
la liste d’attente de Novecento
(énorme : une salle de 1000) — parce qu’André Dussollier non plus ne veut
pas commencer en retard (je le comprends : sinon les gens se tirent avant
la fin) et qu’Emma, de bonne volonté, était toute seule pour s’occuper de ça
(d’où vient sans doute qu’elle n’a pas su compter qu’il n’y avait que 49 places
occupées et pas 50). Navrant. D’autant plus navrant que c’est la jeune
et jolie Agathe Herry (Moesta et errabunda,
triste et vagabonde, « Dis-moi, ton cœur parfois s’envole-t-il,
Agathe ? »), celle qui s’était déjà dirigée, la veille, comme une
somnambule, vers le théâtre des Bouffes du Nord, une spectre de 1er
Avril ou d’Edgar Allan Poe. Des jeunes
filles qui ont vu le spectacle hier m’ont raconté une chose parfaite :
Baudelaire était une fois dans une soirée, mais comme « ailleurs »,
ce qui fait qu’un de ses amis lui demande : « Que fais-tu,
Baudelaire ? » Réponse : « Je regarde passer les cadavres
». C’est un souvenir d’anecdote, il faudrait la retrouver, mais la phrase est
archi-baudelairienne. Elles avaient eu l’impression de ça, pendant tout ce
spectacle : voir passer des cadavres. En voir passer comme Charles Baudelaire en sortait
de ses yeux projetés sur le fond des ténèbres (« jaillissant de mon œil
par milliers »). Une des plus belles choses qu’on m’ait dite…
Baudelaire a dit aussi : « Ne méprisez la sensibilité de personne. La
sensibilité de chacun, c’est son génie ». Ça aussi, c’est très, très beau.
Oui. Le spectacle se joue encore mardi à 21h et mercredi à 18h30. Une certaine
quantité aléatoire de places.
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