O lac,
le lac, le pur beau lac ! L’entrelacement du lac et du Temps. Comme une
boucle. Une boucle longue, lente. Nervures de la montagne. La montagne, elle
parle comme le cœur inversé, le gonflement. Tout ce que tu n’as jamais pu dire
est visible, inversé. Et le creux, lui aussi, est rempli, comme le lac long du
Temps. Chaque petite brindille – ça qui est effrayant – chaque petite brindille
vit. Et tous les insectes, ces milliards… Tout vit. Et le lac long du Temps, les
châteaux. On a beau dire que la volonté ne sert à rien, mais les châteaux font
le Temps.
Le rêve
subtil, ici, dans la faillite*, se fait à travers les orages. Les orages sont
tropicaux, c’est-à-dire : il ne fait pas plus froid, au contraire. Il
pleut, il éclaire, il gronde, il résonne et tout le monde a peur – mais il fait
chaud. Les fenêtres sont ouvertes, on ne risque rien, on se baigne sous
l’orage, on ne risque rien. Ici, nous sommes dans le parc de Dieu. Savoie.
Personne
ne dort, c’est comme dormir. Il y a l’encens bleu. Il y a les châteaux. La
voiture magique permet de franchir les cols (col de la Chambotte). La Savoie,
c’est un luxe fou.
« Que
tout est merveilleux, insondable, caché,
transparent
et clair en même temps,
selon
que nous nous éveillons. »
La
grande montagne fébrile. Je passerais des heures à la regarder sous la pluie
dans la nuit, de ma fenêtre ouverte…
La nuit
est chaude, ouverte, sacrilège. C’est le parc de la nuit. Du Bonheur de la
nuit.
* Mot
pour un autre qui m’a échappé.
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