M er profonde

Eh bien, encore merci, les amis, de m’avoir accueilli chez vous ! Ça m’a beaucoup plu, ce déport, ce pas de côté, ce voyage dans la profondeur. Comme j’emploie ce mot, je retrouve non pas une, mais trois citas : « Faulkner disait que nous disposons tous d’un territoire pas plus grand qu’un timbre-poste, et que ce qui importe n’est pas sa superficie, mais la profondeur à laquelle on le creuse. » « L’aventure théâtrale ? C’est ramener la profondeur de champ à la surface, au présent » « C’est souvent pas la peine d’aller là-bas, d’aller chercher l’exotisme, si vous voulez. Et souvent on ne le trouve pas, on ne fait que se transporter dans l’exotisme, mais on n’en rend pas compte. C’est comme les voyages, c’est la plupart du temps des faux voyages. Il n’y a de voyage qu’en profondeur. » Ce n’était pas un long voyage, en effet, venu de La Chapelle, et ça a été son charme, mais je m’inscris quand même pour faire du bateau aussi, hein ! Et la musique...

A tout de suite (c’est ça, l’expression de François Tanguy, c’est pas à tout à l’heure), 

Yvno

« Quand vous écrivez, vous maîtrisez totalement la marche du roman?

Ah non! Il faut absolument que je ne sache pas ce qui va se passer. Il faut que je découvre tout, sinon ce serait une besogne.

C'est une machine qui marche toute seule, l’écriture ; qui a sa logique et Pierre Michon a bien peu à voir là-dedans, sinon à écrire. »

C onditionnement

J’ai eu une petite histoire d’amour à la Chambre d’embarquement où je donne jeudi la performance à partir de L’Odyssée (et je n’y dormirai plus). Enfin, une petite passion. J’ai relu Le Ravissement de Lol V. Stein, faut dire. Et puis la musique. Mais ce matin, en aérant un peu, je vois que j’ai dormi la tête sur un oreiller avec, brodée, cette phrase :

« Force d’attraction de l’être rêvé »

il ne faut pas chercher plus loin sans doute les déboires et les nuits blanches…

« Je comprends l’intérêt, c’est parce que le public sort de ce spectacle renseigné sur lui-même. »

J oli day

feisty, bagarreur

peeved, irrité

riled, énervé

dreary, triste

« La matière n’est pas réalité première, mais réalité émergée. »

« Citant Joyce, il affirme qu’il faut « réserver les événements spectaculaires aux journalistes ». »

P roust (les avalanches)

« C’est la poésie qui parle en son nom (si ça a un sens). »

« Quand on enclenche, le moi disparaît et c’est ça qui est une des choses formidables de l’écriture. Je pense que on ne voit jamais ça plus fort que chez Marcel Proust. Quand il démarre y a plus de Marcel Proust du tout, du tout, y a une force de l’univers qui veut être dit, une phrase qui en exige une autre et une troisième, etc. C’est comme une vague qui se développe, grossit, grandit, poussée par la suivante, c’est un développement interne. »

H amlet qui veut

« ce genre de registres a ceci de formidable que, quand on les ouvre, ils ne se referment jamais, ils restent ouverts et ils peuvent accueillir qui veut, qui veut en faire partir, qui veut jouer dans l’orchestre et c’est des appels »

Faire un film

« Je suis entré dans un léger délire cinématographique et mental. C’était des images mentales comme lorsqu’on a rendez-vous avec une amie, à 7 h, dans un café. Vous n’êtes pas sûr qu’elle va venir alors vous pensez à votre rencontre, vous vous faites un film et un poivrot entre dans le café, vous le regardez, vous le filmez et vous allez dîner avec votre amie, vous vous dites : il faut que je lui dise ceci ou cela, et vous vous faites un film sur l’avenir, un film d’imagination. C’est comme cela que l’on fait un film : en suivant les images qui se lèvent dans notre cerveau. On classe les images et une image vous attire, alors vous partez à la recherche de sa correspondance dans la réalité. »

P aysage troué

Cette nuit, je me suis réveillé avec cette phrase (que j’ai notée) : Dans tout paysage, on cherche un trou. C’est sexuel, probablement… A part les films porno (souvent magnifiques) que je visionne à l’hôtel Crystal, je me balade en Suisse. Et, ça, c’est dingue ! avoir entendu parler de la Suisse toute sa vie et n’y avoir jamais foutu les pieds, je veux dire : dans la nature, dans le parc, sinon on n’y comprend rien… Je suis né tout contre, en plus... C’est sublime. Une sorte de paradis inimaginable (très près du ciel) en cette saison. Comme si Dieu, pour une fois, avait été gentil. De très bonne humeur. 

T’embrasse,

YN

L es Gens

« On fait des rencontres avec ces éléments-là, avec le charme des gens, avec le travail des gens, mais pas avec les gens, on n’a rien à en foutre, des gens, rien du tout. »

L e Théâtre

« Pour moi, dès qu’on fait quelque chose, il s’agit d’en sortir. Il s’agit à la fois d’y rester et d’en sortir. »

C asting

Pierre Bourdieu : « Nous naissons déterminés et nous avons une petite chance de devenir libres ». Je cherche bien sûr — et c'est rare — ceux qui ont cette petite chance encore presque intacte…

L ’Hygiénisme

« l’homme est de plus en plus propre et, lui, le monde est de plus en plus sale, alors qu’est-ce qui ne va pas là-dedans, qu’est-ce que ça veut dire, qu’est-ce que ça cache ? »

« Elle avait marché avec moi le long des cloîtres gris »

« C ’est bien quand la productivité baisse et le rire monte, c’est toujours bon, ça »

Photos de Rémy Artiges, PAULINE PARTOUT JUSTINE NULLE PART

Coucou Yveno,

Je suis de loin tes publi facebookiennes contre le politiquement correct, merci c'est rafraichissant dans cette atmosphère plus qu'oppressante (et bien sûr je ne suis nullement étonnée de ta lucidité, cohérente avec ton travail). Mon habilitation à diriger des recherches porte sur ce sujet (retour du naturalisme, mais aussi du mélodrame moral, fictions identitaires, privatisation de la représentation...). Enorme boulot de plusieurs années. Tu as dû recevoir l’invitation.

On se verra peut-être à l'Echangeur sinon.

(Et je sors un petit bouquin aux PUF, Artistiquement correct, qui décryptera ces questions tout bientôt. A en reparler avec toi)

Je t’embrasse

Isa

PS : pour les Laboratoires, le projet d'Hakim Bah n'a pas été retenu. 

L u à la FNAC et acheté le livre

« Ce qui compose la substance du monde n’est pas matériel. »

« Celui qui refuse de se résoudre au silence ne peut s’exprimer que par métaphores. »

« On a deux vies, et la deuxième commence quand tu t’aperçois que t’en as qu’une. »