U ne dynamique
Oh ! bonjour Jean-charles ! (j’apprends ton prénom). C’est drôle de recevoir ton email aujourd’hui car je joue encore ce soir (sans doute pour la dernière fois, hélas) le spectacle que je préparais en juin, que j’ai intitulé VERS LE SOIR et où je parle pas mal de toi, où surtout je transmets ce que tu m’as transmis (les notes en tout cas de notre conversation). Je mets en relation ce que tu me dis avec (par exemple) la prière d’Hölderlin dans son hymne Patmos :
« Donne-nous une eau innocente,
Oh, donne-nous des ailes… »
(« les ailes du sens le plus fidèle
Pour traverser et pour revenir » )
Dans ce spectacle, je parle deux fois de notre rencontre et quelqu’une, après une avant-première, m’a suggéré de te faire revenir dans le texte une troisième fois. C’est alors que j’ai ajouté que je ne connaissais même pas ton prénom, que je n’avais aucun moyen de te retrouver, etc. ; enfin, je brode un peu dans le romanesque puisqu'on est au théâtre et que les gens ne demande que ça ! Vais-je ce soir dire que finalement tu as un prénom et un nom (et que c’est décevant !) ou vais-je laisser les choses mensongères et ouvertes ? Nous verrons. Non, je pense que je donnerai les coordonnées de ton site pour ceux qui sont intéressés puisque tu parles aussi de la possibilité « d’accueillir un cycle ». C’est d’ailleurs un peu ce que je fais avec ce spectacle-conférence : tant que je suis en Suisse romande (le propos est très localisé), j’ai proposé à qui voulait de l’accueillir. Ce soir, je joue donc dans une ferme de la Chapelle-sur-Moudon — sur ce plateau du Jorat dont je parle (canton de Vaud) — devant une quinzaine de personne, m’a-t-on dit. « J'irai chez ceux qui m’appelleront », dit Nijinski dans son journal... Seigneur...
En tout cas, j’aimerais beaucoup faire ton stage, bien que ce soit (je te l’avais dit, je crois) dans une de mes rares périodes de travail. On verra. C’est beau, de vouloir « activer les connaissances et sagesses que chacun porte en soi ». Je n’ai pas d’autre ambition, mais mon don est si faible. Ma rencontre avec toi a agi comme un signe. Ainsi, dans le spectacle, je te compare à un ange (puisque Rilke est aussi de la partie). Mais j’ai si peu de force, c’est effrayant... Ta clarté me fascine et, je crois, m'éclaire. Ce soir, je citerai sans doute ceci : « A l’aise avec la naissance, la transformation et la mort, mon moment vient quand il s’agit de faire naître ou renaître, évoluer ou mourir une dynamique ou une initiative. Le vide laissé par la mort est un espace disponible pour une nouvelle naissance ».
Au plaisir !
Yves-Noël