La Nuit d’insomnie
Il fallait de nouveau que je me tourne vers le monde. C’était terminé, la solitude. Je le sentais : cette nuit était décisive. J’allais de nouveau me tourner vers le monde et privilégier l’efficacité. Je ne voyais pas d’autre solution. Le maçon de Mexico l’avait dit : « Dans la vie, il n’y a rien qui soit sans solution. Sauf la mort. » Ça ne servait à rien de tergiverser, il fallait, il fallait se tourner vers le monde. C’était là que l’inconscience des rêves pouvait agir — je veux dire : vivre, respirer. C’était là le cinéma, la musique, le théâtre...
C’était une nuit comme une autre, mais c’était une nuit de janvier. Il n’était que temps. Rassemblons les affaires. Le baluchon. Il fallait repartir. La nuit de janvier avec la neige — ou l’absence de neige —. Les animaux ou l’absence d’animaux. Le soleil, lui, toujours là derrière la masse des ténèbres ; comme un filet, les ténèbres, comme de l’eau — et le soleil.
J’avais pensé à tout le monde, j’avais fait le tour pendant cette nuit d’insomnie, le grand tour. J’avais pensé à tout le monde, c’était fait et bien fait. Maintenant il ne s’agissait pas de s’arrêter. Ni en chemin. Je pensais, de jour, à mes amis du Mexique, mais, de nuit, je pensais à tout le monde. Heureusement que je ne savais pas écrire. Cela me retenait dans dire trop. Moi aussi, je ne disais rien.
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