Bonjour à tous,
Je voulais juste, un peu tardivement, vous remercier pour cette extraordinaire Ruée commune.
C’était le dernier essai du Musée de la Danse, imaginé et réalisé à l’arraché avec vous… au milieu d’un automne très chargé… en plein festival TNB… une folie. C’était la meilleure fin possible pour notre fragile institution : un livre, le « récit de nos dispersions », une improvisation collective. L’Histoire au présent, et pas une rétrospective de nos meilleurs projets.
Après avoir un peu paniqué au début de la performance, j’ai soudain réalisé que la fragilité et la difficulté de l’entreprise disait aussi quelque chose de la fragilité, de la difficulté et de la nécessité d’embrasser ces questions historiques. Le récit national. Les dates grandes et petites. 36015 ans regardés depuis notre contemporanéité, pour notre contemporanéité. Se remettre à bouger avec tout cela. Penser dans la pléthore et la pénibilité parfois de notre histoire franco-européo-mondiale.
J’étais tellement fatigué ensuite que j’ai hiberné pendant cinq jours ! Mais en fermant les yeux je voyais toujours les gyrophares, la commune de Paris dans les dessous, Allende, Foucault qui n’arrêtait pas de mourir, Simone de Beauvoir qui gigotait, l’esclavage balayé par Nadia et Vera, la forêt sensuelle des étudiants… je pensais à ce truc dans le poème de Victor Hugo, au début de la Légende des siècles, lorsque Caïn se fut enfuit de devant Jéhovah, vous savez, il fuit, mais à la fin, même dans la tombe, « l’œil était dans la tombe et regardait Caïn ». C’était plutôt l’œil de Marlène qui m’empêchait de dormir, mais vous voyez ce que je veux dire : comme si on avait fabriqué quelque chose de très entêtant et qui dépassait nos tentatives individuelles.
Donc juste merci, maladroitement, mais quand même: c’était grand, dans des lumières du génie Yves Godin (sisi, génie, Yves-Noël d’ailleurs en discutait avec son auditoire, de la notion de génie).
Et merci aussi à ces historien-ne-s qui nous ont offert cette pente escarpée.
Amitiés,
Boris
C’est gentil, ce texte, Boris !
Ça a été un plaisir, La Ruée (j’étais bien lotis, il faut dire, côté gyrophares !) Moi aussi, j’étais éreinté après, à mon étonnement — mais pas pendant, j’ai eu l’impression que ça passait vite. Ce que j’ai préféré, pour ma part, c’est d'avoir eu l’idée d'un débat entre les lectures, ça, c’était chouette, de s’apercevoir que le public, le tien, celui du TNB, n’était pas con. Et j’aimais bien cette forme, le débat, faire le prof un peu… Je me demande un peu d’ailleurs comment la reproduire. Là, ça marchait, parce que c’était une forme spontanée du débat non annoncé, et qui allait bien avec l’acte engagé (gauchiste) de ce livre. Bref, comment faire du théâtre engagé (progressif) — c’est la question que je me pose —, mais qui soit juste (pas faux), pas des choses assénées d’en haut, mais des questions levées. Là, je trouve qu’avec La Ruée, ce que j’en ai perçu, et à partir de ces textes combatifs, je trouve que ça en prenait la forme...
Bon vent, Boris, au plaisir,
Yvno
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