Prêts à vivre une expérience théâtrale ? Approchez ! Pendant plus de deux heures, le génie d’Yves-Noël Genod nous livre sa définition du métier d’artiste. Ça se fête, non ? Alors, champagne !
Dans une salle comme un hangar, au Théâtre de la Cité Internationale, la lumière sera celle du jour, occultée ou libérée grâce à des panneaux offrant dès les premiers instants du spectacle une théâtralité forte à un geste basique, celle d’ouvrir une fenêtre.
Sur scène, l’espace est indéfini. Le public est partout. Assis, debout, sur le sol. Au centre, un rang de fauteuils qui peuvent s’avérer dangereux (ils mordent !) et, dessus, à coté, autour, des comédiens dont une enfant formidable, aux perruques multicolores.
Genod vient hurler à tous ceux qui pensent que le public de Vincent Macaigne est idiot, que les amateurs de Castellucci sont des ignares « christianophobes » que si le théâtre a changé de forme, les comédiens restent. Et c’est à une déclaration d’amour à ce métier que nous assistons. Ici tous les hits du cinéma et du théâtre sont respectés : un vrai baiser de cinéma pour Nicolas Maury, un entracte où le champagne est offert, des saluts aux publics, nombreux, un solo de danse comme dans tout ballet classique, un photographe de plateau et un œil d’enfant, car dans tout spectacle, il faut savoir garder sa naïveté !
Nous nous situons dans le champ de la performance de par la forme de ce spectacle où les codes classiques sont utilisés pour être chamboulés. La non-maitrise de la lumière. Les dialogues coupés, les chorégraphies surgissantes déroutent et séduisent.
Tout les acteurs sont ici mis à l’honneur. « La pute de la performance » comme la nomme Nicolas Maury non sans dérision, Marlène Saldana, déjà repérée dans le festival de la Très Jeune Création Contemporaine, égrène, costumes ou sous-vêtements à l’appui, des répliques de séries télévisées ou de films cultes. Tout y passe d’
Harry Potter à
Twilight. Elle est hilarante par sa capacité à toujours repousser les limites de ce qu’un corps peut faire sur scène.
Sur scène, justement, ils passent leur temps à se changer. « C’est quand que ça s’arrête, c’est où que ça commence ? » interroge, cynique et grandiose, Jean-Paul Muel. Le théâtre contemporain qui a viré les levés et les baissés de rideaux soulève de façon permanente cette question. Genod vient le temps d’un seul spectacle amorcer des dizaines de débuts, de fins et de coups de théâtre (rupture amoureuse, menace de suicide...)
– je peux est totalement inattendu et tient la route. Il faut accepter l’invitation, être en capacité de pouvoir se laisser porter par une proposition d’électron libre.
C’est bien fait, c’est réjouissant et au final c’est une déclaration d’amour à la scène qui est ici amenée.
– je peux est présenté en diptyque avec
– oui.
Amélie Blaustein Niddam
Labels: tci