Je lis dans « Libé » un très bel article de Philippe Lançon (toujours magnifique) sur un grand écrivain hongrois, Sándor Márai (que je ne connaissais pas) qui assiste après guerre — il l'écrit dans son journal —, après l'horreur du nazisme puis la destruction de Budapest passé du côté russe, à une tournée propagandiste d'Aragon qui s'en prend aux écrivains dans leur « tour d'ivoire » :
« En ce moment, ces diablotins littéraires font des cabrioles partout en Europe, au son des tam-tam partisans, et ils croient proclamer la liberté. En réalité, ils sont instrumentalisés par les partis pour s'exhiber en attractions dans les vitrines de l'un ou l'autre de ces partis, tels les singes qui tendent l'assiette sur l'épaule des joueurs d'orgue de barbarie. »
C'est pour toutes ces raisons que je te disais que l'image d'Aragon est très, très abîmée. Cette horreur-là... Mais continue à le lire, bien sûr, tu as raison !
Bien à toi,
Yves-Noël
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