Tuesday, March 13, 2012

Ce soir salle froide (de première), mais concentrée et qui a rendu possible, donc, les « saluts » silencieux (comme ils avaient été conçus). Liste d’attente jusqu’au 17, aujourd’hui, tout le monde est rentré.

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Le Ciel By Accident (3)




CHIC BY ACCIDENT, Ménagerie de verre, jusqu'au 17. Photo Marc Domage

« Au-dessus de toutes choses se tient le ciel Hasard, le ciel Innocence, le ciel Par Accident, le ciel Témérité, le ciel Exubérance. » Friedrich Nietzsche


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Le Tableau




Jean Pierre Ceton
« 12 mars 2012
Chic By Accident, dernier spectacle de Yves-Noël Genod (Ménagerie de verre, Paris) est tout aussi radical que les précédents. Des gens errent, déambulent, gymnisent, s'activent. Nus ou peu habillés, ou habillés à contretemps. Un délire mental s’y exprime par des cris ou gloussements incompréhensibles ou presque, car à faible volume. Dans un monde désolé, asile ou maison de retraite pour jeunes gens ? Ou alors, il s'agit de ce monde présent qui imposerait des instruments inadaptés à ces êtres singuliers.
Mais alors on s'approcherait du sens. Qu'il y a de toute façon, forcément, même s'il n'y a pas de texte, à part celui qu'expriment les corps.
Yves-Noël n'aime pas le théâtre à texte. Bien sûr le texte au théâtre c'est très difficile car il faut au moins qu'il soit « possible ». Acceptable, pas impossible à proférer. Car c'est très difficile d'entendre proférer du texte s'il n'est pas possible, même si ça se fait tous les soirs sur presque toutes les planches.
Il faut déjà qu'il ne frise pas le cliché ou l'ostentatoire ou le grandiloquent. Il faut qu'il en soit passé par l'écriture.
D'un côté, j'ai pensé que ce spectacle était orphelin de textes, de l'autre je l'ai trouvé particulièrement lumineux. Yves-No dit que c'est un travail sur l'invisibilité... »






Simon Romain
Bonjour,

Hier soir, sous la voûte obscurcie de la Ménagerie, ces deux jeunes gens nus aux allumettes étaient l'image exacte - quatre siècles plus tard - des deux joueurs de Morra fixés sur la toile par Pietro Ricchi.

Entre leurs mains, c'était cette lumière di sotto in sù comme écrit Giorgio Vasari : lumière « de dessous vers le haut » qui permet un effet perspectif sur des figures regardées « par dessous et non à partir de la ligne d'horizon ».

Hier soir, au ras de la scène de la Ménagerie et sous son plafond bas, l'effet magique sotto in sù permit cette impression d'une ascension dans l'espace .

Le tableau Giocatori di Morra, de Pietro Ricchi, il y a 3 ans dans une galerie parisienne, était à vendre.



Vous pouvez encore consulter le catalogue de son exposition.

http://www.canesso.com/catalogues/catalogue092008.htm

pages de 28 à 32 du catalogue.

Chic By Accident, sotto di sù

Très cordialement,

Simon





Denis Guéguin
J'ai fait une pub d'enfer !

T'es un chou ! Je suis fier que ça t'ait plu !

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Vieilles citations pour un jour nouveau




« L’art, c’est la contemplation. C’est le plaisir de l’esprit qui pénètre la nature et qui y devine l’esprit dont elle est elle-même animée. C’est la joie et l’intelligence qui voit clair dans l’univers et qui recrée en l’illuminant de conscience. L’art, c’est la plus sublime mission de l’homme puisque c’est l’exercice de la pensée qui cherche à comprendre le monde et à le faire comprendre. Mais aujourd’hui l’humanité croit pouvoir se passer d’art. Elle ne veut plus méditer, contempler, rêver : elle veut jouir physiquement. Les hautes et les profondes vérités lui sont indifférentes : il lui suffit de contenter ses appétits corporels. L’humanité présente est bestiale : elle n’a que faire des artistes. »

« Maintenant, retenez bien ceci: Le théâtre, en raison de son côté spectaculaire et de sa notoriété, attire beaucoup de gens qui ne veulent qu’exploiter leur beauté ou faire carrière. Ils profitent de l’ignorance du public, de son goût faussé, des caprices, des intrigues, des faux succès et de tant d’autres moyens qui n’ont aucun rapport avec l’art. Ces exploiteurs sont des ennemis mortels de l’art. Nous devons user avec eux des mesures les plus strictes, et si nous ne pouvons les changer, il faut leur faire quitter les planches. C’est pourquoi vous devez décider une fois pour toutes si vous venez ici au service de l’art, et êtes prêts à faire les sacrifices nécessaires, ou bien si vous voulez l’exploiter à des fins personnelles. »

« En somme, la Beauté est partout. Ce n’est point elle qui manque à nos yeux, mais nos yeux qui manquent à l’apercevoir. La Beauté c’est le caractère et l’expression. Or il n’y a rien dans la Nature qui ait plus de caractère que le corps humain. Il évoque par sa force ou par sa grâce les images les plus variées. […] Le corps humain, c’est surtout le miroir de l’âme et de là vient sa plus grande beauté. […] Oui Victor Hugo l’a bien compris! Ce que nous adorons dans le corps humain, c’est encore plus que sa forme si belle, la flamme intérieure qui semble l’illuminer par transparence. »

« Faire du théâtre, c’est se mettre à l’écoute du monde, pour en être la caisse de résonance. »

« Sur scène, ou on se montre à la hauteur des circonstances, ou on s’écroule. »

« Il n’y a de laid dans l’Art que ce qui est sans caractère, c’est-à-dire ce qui n’offre aucune vérité extérieure ni intérieure. Est laid dans l’Art ce qui est faux, ce qui est artificiel, ce qui cherche à être joli ou beau au lieu d’être expressif, ce qui est mièvre et précieux, ce qui se cambre et se carre sans cause, tout ce qui est sans âme et sans vérité, tout ce qui n’est que parade de beauté ou de grâce, tout ce qui ment. »

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Plutôt que mon père




Hello... Tu as vu l'article ds Rue89 ? Te concernant. Ça y est, tu es célèbre... Abdelhak

Oui, il n'y est pas allé de main morte !

Eh bien... Tu es sur ton nuage. :-)

Non, au contraire, j'ai peur...

C'est marrant, dans le titre, il t'appelle Genod, je me suis dit est-ce le fameux Genod ?

A moi aussi, ça fait bizarre (je me demande de qui il parle...)

Oui, j'en ai déduit qu'il s'agissait de toi, car Balibar, Ménagerie de verre... Des mecs qui s'appellent Genod, y en a partout sur des vélos au bord du canal.

J'en ai déduis aussi, plutôt que mon père...

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Teaser


César Vayssié.

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Jean-Pierre Thibaudat a aimé




Chic By Accident, de Genod : un serpent, une sandale, des acteurs nus


J.-P. Thibaudat
chroniqueur
Publié le 12/03/2012 à 05h42




Deux des personnages principaux de Chic By Accident (François Stemmer)



Une femme nue s'avance de dos dans l'espace blanc, profond et au plafond bas de La Ménagerie de verre. Sur le sol, là une paire de fines sandales couleur saumon, ailleurs une chaise avec, sur son dossier, quelques tissus pliés. De quoi s'habiller. Et inversement. La femme est seule avec elle-même, avec ses fantômes, ses visions – comme nous qui la regardons.

La nudité comme ultime vêtement

Il y a dans la courbe de son dos et les plis qui me font penser à un violoncelle, une intense humanité, et dans sa démarche qui dérive doucement, comme une barque se laisse aller dans le courant d'un fleuve tranquille, une mélodie d'apaisement.

Un corps habité. Dont la nudité est comme l'ultime vêtement et dont la robe dont l'actrice va plus ou moins se revêtir semblera autant à une parure qu'à une parade. Et il en ira ainsi pour tous, acteurs et actrices, plus ou moins habillés, plus ou moins déshabillés, allant et venant, sortant et revenant.

Comme l'actrice du début, certains entrent (ou sortent) par le côté gauche près des quelques gradins où les spectateurs (soixante-dix) ont pris place, d'autres (ou les mêmes) disparaissent au fond à droite, par la petite porte. Seules issues. Et il en sera ainsi pour tous.

Actrices renommées (Jeanne Balibar et Valérie Dréville), égérie notoire du metteur en scène (Marlène Saldana), danseur bondissant (Lucien Reynes), amis, connaissances, voire rencontres de café ou de casting (Sophie O'Byme, Dominique Uber, Romain Flizot, Wagner Schwartz, Charles Zevaco).

Une communauté de solitaires

Ils vont et viennent, mus par une souplesse lente (cependant sans afféterie) et une grâce (infinie) que souligne parfois la brusquerie d'un geste (bref combat entre deux hommes nus) ou d'une voix tonitruante (Marlène Saldana, bien sûr). Ils se retrouvent parfois autour d'un braséro ou d'un manchon enflammé dans la nuit. Ils avancent dans une lumière intérieure (Philippe Gladieux) qui ne cesse de remodeler cette lande théâtrale qu'est l'espace de la Ménagerie de verre.

Parfois, ils longent à contrejour les spectateurs en disant quelques mots qui se perdent au bord des lèvres. C'est une communauté de solitaires solidaires comme dans Fahrenheit 451, de Truffaut mais ici, ce sont autant des livres aimés que des songes innommables qu'ils mémorisent tout en partageant des tissus, des souliers ou des coiffes (afro, jaune, rouge) qui passent d'un corps à l'autre, le temps d'une promenade.

Bref, c'est irracontable

C'est l'histoire d'un poisson et d'un serpent qui s'aiment sans le savoir et qui, comme dans un film de Jacques Demy, se ratent d'un poil. C'est l'histoire d'une sandale solitaire posée sur un radiateur qui écoute une actrice lâcher des mots russes épars comme on lâche des pigeons voyageurs en espérant que le message arrivera, qui sait, à un destinataire. C'est l'histoire d'un homme qui aime les actrices, lesquelles le lui rendent bien en le servant avec dévotion. C'est l'histoire d'un homme qui regarde les hommes avec des yeux de femme.

Bref, c'est irracontable. D'ailleurs, cela ne raconte rien ou bien mille et une amorces d'histoires – libre au spectateur de les poursuivre dans la nuit qui s'en suit. C'est Chic By Accident, la dernière aventure scénique d'Yves-Noël Genod.

Le théâtre, cette fille de la nuit

Le plus miraculeux peut-être de ses spectacles (mais je n'ai pas tout vu, loin de là) qui se souvient de ses années happening en rêvant d'un opéra muet. Le plus apaisé, le plus secret, qui sait. Il y a dans Chic By Accident des noirs de théâtre qui prennent le temps d'affirmer leur obscurité, de la faire durer. Non parce que cela s'agite sur scène pour changer le décor (il n'y en a pas) mais parce que le théâtre est fille de la nuit, qu'il s'y ressource toujours.

Parce que ces noirs accomplis, c'est cadeau pour le spectateur qui n'en voit que mieux et parce que Genod n'aime rien tant du théâtre que sa litanie d'apparitions, de ces êtres posés là devant nous, dans la magnificence de leur énigme. Un théâtre bordé par sa disparition. C'est pour cela que nous l'aimons et que les acteurs, et d'abord les actrices le chérissent.




Scène de Chic by accident (François Stemmer)



Ce spectacle sans musique et de peu de mots (Racine qui passe là comme dans une salle de classe à l'heure de la « leçon de récitation » et où l'on bute sur les mots parce qu'on a mal appris par cœur la tirade obligatoire) est une leçon de présences, comme on dit une leçon de ténèbres :

. magnifique Jeanne Balibar se tenant devant nous coiffée d'un casque et tenant à bout de bras un fin bâton, hallebardière céleste, habillée de la seule intensité de son regard ;
. magnifique ce qui s'esquisse entre Valérie Dréville et Marlène Saldana. Comme une danse d'approche, une pavane amoureuse ;
. magnifique Lucien Reynes, danseur sculpté dans une statue grecque et qui danse comme un dieu dionysiaque ;
. magnifique cet homme malingre (est-ce toujours le même ? ) nu sous sa blouse ouverte de peintre ou de mécanicien qui semble avoir perdu quelque chose ou quelqu'un en route, et qui traverse l'espace comme un laissé pour compte, et se demande (j'imagine, le spectateur est là pour ça) s'il ne va pas relire dans la nuit Le Ravissement de Lol V. Stein, de Marguerite Duras ou voir enfin ce film de Béla Tarr qui dure huit heures et qu'il a raté à Beaubourg lors de la rétrospective ;
. magnifique encore les saluts. Ah, les saluts, les saluts ! Genod est le seul metteur en scène à travailler autant les noirs et les saluts, habituellement si négligés par les metteurs en scène. Je n'ai rien dit des saluts. Non, je ne n'en dirai rien.

Un étrange cargo

Plus tard :

. quand Yves-Noël Genod publiera le dernier tome de ses mémoires (il ne cesse de les écrire de spectacle en spectacle) ;
. quand il mourra écrasé par un autobus et que ses derniers mots seront « Tiens, je meurs comme Roland Barthes ! » ;
. quand il regrettera de ne pas s'être suicidé comme Ferdinand dans Pierrot le fou à l'heure de vomir sa vie dans un caniveau ;
. quand l'heure sera venue de se souvenir qu'un jour, un chroniqueur avait osé écrire que Chic By Accident, c'est « la version Twitter du Regard du sourd, de Bob Wilson »...
Ce jour-là, dans une tradition bien française qui consiste à idolâtrer les gens qui ne sont plus là pour se moquer de leur propre célébration, ce jour-là donc, on baptisera la Ménagerie de verre salle Yves-Noël Genod.

Ce spectacle ouvre dans cette salle unique au monde la très attendue (comme chaque année) manifestation « Etrange Cargo » (« une approche transdisciplinaire du spectacle théâtral ») – à raison d'un artiste par semaine, de Thomas Ferrand (la semaine prochaine) à Vincent Macaigne (pour finir, début avril).

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Le Ciel By Accident (2)




CHIC BY ACCIDENT, Ménagerie de verre, jusqu'au 17. Photo Marc Domage

« Au-dessus de toutes choses se tient le ciel Hasard, le ciel Innocence, le ciel Par Accident, le ciel Témérité, le ciel Exubérance. » Friedrich Nietzsche


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Feuille de salle Ménagerie

Chic By Accident

Yves-Noël Genod







Mesdemoiselles
Jeanne Balibar, Valérie Dréville, Sophie O’Byrne, Marlène Saldana, Dominique Uber

Messieurs
Romain Flizot, Lucien Reynes, Wagner Schwartz, Charles Zevaco

Lumière
Philippe Gladieux

Signature
Yves-Noël Genod

Assistanat
Arnaud Bichon, Marion Camy-Palou, Clara Chabalier



Chic By Accident est une marque déposée (antiquité du XXième siècle mexicain, design, architecture). Nous remercions chaleureusement notre ami Emmanuel Picault de nous avoir autorisé à l’utiliser pour le titre de ce spectacle. Site de la marque : http://www.chicbyaccident.com/
Nous remercions également, chaleureusement, et pour diverses raisons, le théâtre de la Bastille, Philippe Quesne, Jean Biche, Olivia Creed, Yasmine Dubois. (Etc.)
Spectacle filmé par César Vayssié et photographié par Marc Domage
Photo du recto François Stemmer

Production : Ménagerie de verre, Le Dispariteur

Durée : entre 75 et 90mn






« Au-dessus de toutes choses se tient le ciel Hasard, le ciel Innocence, le ciel Par Accident, le ciel Témérité, le ciel Exubérance. »

Friedrich Nietzsche (traduit par Laurence Mayor)






Yves-Noël Genod propose des spectacles très variés depuis juin 2003 et son premier one man show, En attendant Genod. Ils sont maintenant au nombre d’une cinquantaine, et plus nombreuses encore les « performances ». L’activité est continue, mais toujours « dans les failles du système », d’abord le lieu, le moment, puis les acteurs qui sont « libres ». Le problème du « remplissage » ne se pose pas. Le Kairos est important. Son blog, jour le jour d’effacement et de mémoire, en porte les traces : http://ledispariteur.blogspot.com/

Fidèle de la Ménagerie de verre, il y a présenté : Le Dispariteur (2005, reprise 2006) ; Elle court dans la poussière, la rose de Balzac (2006) ; Hamlet (2008) ; Mamzelle Poésie (2008, en collaboration avec Yves Godin) et Rien n'est beau. Rien n'est gai. Rien n'est propre. Rien n'est riche. Rien n'est clair. Rien n'est agréable. Rien ne sent bon. Rien n'est joli. (2010)

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Rauque la ville




« ...Ça raconte une nouvelle manière d'être ensemble... Des jeunes gens qui sont à la fois perdus à la société, mais complètement ouverts à la vie, libres, purs, sans désespoir, sans pathos, sans misère... »

(Cliquer sur le titre et écouter à 25mn26s.)