L e Maître
Oui !… C’est très curieux, Claude était très différent de ce qu’il disait, ça m’a très vite frappé. En fait, il était un taureau, une force d’instinct reliée à la terre, il ne lâchait rien, allait jusqu’au bout, brutalement. En même temps, il était aussi ésotérique. Il parlait toujours de minimalisme, mais ce qu’il demandait aux acteurs, ce qu’il exigeait d’eux, c’était du maximalisme. Ses spectacles avaient des puissances de concerts rock, c’était des immersions dans des matières en fusion. Minimalisme en dehors, voulait-il sans doute dire, dans le sens qu’il y avait très peu d’extériorité à son travail, tout était interne et passionnel. Il fallait vivre tous les crimes, toutes les horreurs. C’était de l’expressionnisme… Ça brûlait, ça glaçait, aucune patience, forcer, violer, dominer, oui. Il n’était pas déprimé ! Beaucoup de jeunes gens déprimés lui tournaient autour comme papillons de nuit attirés par une lampe. Ce qu’on appelle un « maître »...
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