Thursday, September 29, 2022

L e Maître


Oui !… C’est très curieux, Claude était très différent de ce qu’il disait, ça m’a très vite frappé. En fait, il était un taureau, une force d’instinct reliée à la terre, il ne lâchait rien, allait jusqu’au bout, brutalement. En même temps, il était aussi ésotérique. Il parlait toujours de minimalisme, mais ce qu’il demandait aux acteurs, ce qu’il exigeait d’eux, c’était du maximalisme. Ses spectacles avaient des puissances de concerts rock, c’était des immersions dans des matières en fusion. Minimalisme en dehors, voulait-il sans doute dire, dans le sens qu’il y avait très peu d’extériorité à son travail, tout était interne et passionnel. Il fallait vivre tous les crimes, toutes les horreurs. C’était de l’expressionnisme… Ça brûlait, ça glaçait, aucune patience, forcer, violer, dominer, oui. Il n’était pas déprimé ! Beaucoup de jeunes gens déprimés lui tournaient autour comme papillons de nuit attirés par une lampe. Ce qu’on appelle un « maître »... 

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L ’image était si belle, la musique si laide


J’ai croisé hier Mickaël Phelippeau qui sortait du spectacle de Pina Bausch, Le Sacre du printemps, dansé par des Africains dans le parc de la Villette. C’est un spectacle qui ne dure que guère plus d’une demi-heure, mais très intense et qui se danse sur de la terre salissante (j’ai vu ce spectacle dans mon enfance). Il m’a dit que l’odeur de la terre et de la transpiration étaient très fortes. C’est ce qui me fait hésiter à chercher une place à tout prix pour ce soir. Car je suis anosmique depuis près de quinze ans et c’est ça que j’aurais voulu vivre ce soir : sentir déferler vers moi l’odeur de la terre mélangée à celle de la transpiration des danseurs africains. Ça, je donnerais en effet très, très, très cher pour ça


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