Oui, cette région, je la
laisse lentement descendre vers le soir, descendre vers le ciel. Comme tout le
blé a été coupé, comme tout le maïs a été coupé, comme tout le sec a été
coupé ! Comme la terre est blonde, mon amour ! Les
« emblavures » (il fallait prononcer le mot), les talus. Je fais un va-et-vient dans cette
région jadis inconnue. Je me suis trompé de train. A Toulouse, il y avait, sur
le même quai, deux trains qui partaient dans deux directions opposées. Une
chance sur deux de se tromper. Alors je repasse pour la troisième fois parmi la
terre qui lentement descend vers le ciel. Je dormirai cette nuit au château. Si
j’y arrive. De grandes éoliennes, larges, promettent l’avenir. Elles tournent
lentement et comme à l’envers. Je lis Françoise Sagan qui défait, comme
Pénélope, son roman. Des Bleus à l’âme et la couleur ocre de cette région, les mottes de terre, s’accorde exactement à la tendresse de ce roman. Les trains vont et viennent et qui s’en
inquiète ? Certainement pas le bon saint-bernard qui descend à
Villefranche-de-Lauragais (très beau clocher). C’est très difficile d’être sur
« la même longueur d’onde ». J’écris cette phrase (dans le
« corps du texte ») sans même savoir ce qu’elle veut dire, simplement
parce que je l’ai entendue à travers mes bouchons auriculaires (d’où ?) et
qu’elle résonne avec ce que je lis page soixante-deux. Oh, comme la couleur
s’étiole, maintenant, le long de ce train infini ! Infini des
conversations – et d’une journée longue et lente. Sans rendez-vous. Agrandie.
Un soleil, dans une vitre, ressemble à un confetti. Elle devient mauve, elle
devient large (la couleur). Prochain arrêt maintenant – comment se fait-il que
ce soit si long ? – : Escalquens. On joue aux cartes. Les tournesols. Une
sirène de police. Tout ça doit être dans le film (avec « la même longueur
d’onde »)…
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