Jeanne Balibar, c’est une actrice qui joue une actrice. Delphine Seyrig était comme ça. Ça relève de l’honnêteté, en un sens. Ce sont des filles qui sont de bonne composition, de bonne éducation – et puis il y a le défaut, le féminisme chez Seyrig, la psychanalyse chez Balibar. Ce sont des actrices à la fois de bonne volonté et folles. Se perdre, se trouver, l’équivalence, le rêve. Quand elle épluche des pommes de terre, elle joue – elle joue comme Greta Garbo. Etre de gauche et être une star. Hollywoodienne. Le même métier. C’est de l’art contemporain, ça occupe tout l’espace, c’est de l’apparition. « Ce que j’veux paraître, je l’parais. Belle aussi, si c’est c’que l’on veut qu’ce soit. Belle ou jolie. Tout c’que l’on veut de moi, je peux l’devenir – et le croire. » Aveuglement et concentration. « Le fait d’être acteur est, à mon avis, une façon détournée de dire c’qu’on pense. Je crois qu’quand on commence, c’est arriver enfin à dire des choses que – on a jamais dites. Et qu’on a peut-être peur de dire. Et, sous le nom d’un personnage, on peut dire beaucoup d’choses qu’on n’ose pas dire de face, ni à ses parents ni aux gens autour de soi. » Quelqu’un dit : « C’était une personne qui avait une foi absolue en les autres, je veux dire : si vous aviez un projet, si vous aviez une idée, elle trouvait tout d’suite cette idée magnifique, ce projet merveilleux et, quand vous en doutiez encore, elle vous assurait déjà qu’il était presque réalisé. C’était une femme qui vous communiquait un enthousiasme fou. »
Des intellectuelles.
« On dirait qu’elle vient de finir un fruit, que sa bouche en est encore toute humectée et que c’est dans cette fraîcheur, douce, aigre, verte, estivale, que les mots se forment, et les phrases, et les discours, et qu’ils nous arrivent dans un rajeunissement unique. »
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