Sunday, March 31, 2013


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Balancé par avion


« Sur le fruit coupé en 2
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J'écris ton nom

(...)

Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

Liberté »

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Chambre mélancolique


Chagrine, La Môme et moi, nous étions aux Bouffes du Nord. Pour voir Qu’on me donne un ennemi, un spectacle à partir de textes d’Heiner Müller, avec André Wilms. Le soir, je revoyais André Wilms dans La Vie est un long fleuve tranquille. On se souvient de la polémique de l’année dernière. Une journaliste avait confondu Marlène avec Christine Pignet (croisée jeudi, à Vanves) et ça n’avait pas plu du tout à Marlène. Mais c’est vrai qu’au début du film, la mère Groseille porte des perruques à la Marilyn tout à fait du genre de celles que Marlène aime porter (et qui lui vont si bien). Et puis — est-ce qu’on sait, maintenant, les âges des gens ? André Wilms, je suis très heureux de l’aimer. Je l’ai détesté toute ma vie et puis j’ai vu Max Black (14 ans après sa création) et, là, ça a basculé. Maintenant, quoi qu’il fasse, je suis émerveillé, je bois la moindre de ses intonations, je capte ses intentions, je murmure avec lui, je susurre et je gueule même à l’intérieur de son larynx. J’aime aimer. C’est ce qui rend la vie savoureuse. André Wilms parlait ensuite à Bulle Ogier d’Heiner Müller, de ses problèmes avec la censure, aussi, d’une fois où Mitterrand lui avait envoyé une limousine (aux Amandiers de Nanterre) parce qu’il voulait parler avec lui, que lui non plus n’avait pas vu venir la chute du mur, qu’il avait fait scandale parce qu’il avait fait un discours aux ouvriers est-allemands qui disait : « C’est fini de se la couler douce, maintenant, il va falloir bosser », qu’il ne parlait qu’en blagues (comme toujours ceux de l’Est), qu’il ne disait jamais rien sur ses textes, qu’il lui avait demandé une fois des renseignements sur l'un de ses textes et qu’Heiner Müller lui avait dit : « Contente-toi de le dire comme un bottin téléphonique et ne m’emmerde pas ! » Bulle Ogier était avec « Marie ». Marie ? Mais si ! Marie, Le Navire Night. Marie France ! La transsexuelle avec qui elle avait joué Le Navire Night avec Régy et Duras ! Je ne l’avais pas reconnue. Splendeur des dents parfaites et fausses. Mais je lis maintenant sur Wikipédia qu’elle déteste cette appellation, « transsexuelle », et, en effet, quand on est passé de l’autre côté pourquoi revenir là-dessus ? Amanda Lear a été plus maligne. Et maintenant j’écoute Las, dans le ciel, une chanson écrite pour elle par Daniel Darc. Et je lui laisse sur son mur de sa page que j’ai été très ému de la revoir. Sacrée bestiole. Après, nous sommes allés, avec Chagrine et La Môme, chez un ami à lui qui ne nous a pas ouvert (il était malade, comme moi), mais qui habite l’immeuble où a habité pendant 12 ans — était-il marqué dans l’entrée — Paul Eluard. Et j’ai croisé encore plein de gens merveilleux dans mon quartier, moins célèbres, mais à peine, et je ne retiens pas toujours les noms... Et je pensais, rue Marx-Dormoy, à ce poète sublime qui habitait ce quartier si triste où j’ai vécu déjà plus longtemp... Je ne savais pas s’il fallait que ça me donne du courage ou du désespoir, oui...

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