Tuesday, November 05, 2013

U n petit peu de Zelda


Un petit peu de Zelda, à la Ménagerie de Verre, 12, rue Léchevin, à Paris, les 12, 13, 14 novembre 2013, à 20h30. Réservations : 01 43 38 33 44. Avant-premières les 10 et 11 novembre, à 20h30, sans réservation dans la limite des places disponibles

Jeanne Monteilhet.

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Q ue qqch qui a valeur puisse être gratuite…


« Ça, c’est ce dont cette société a le plus peur, n’est-ce pas, la gratuité, c’est la chose abominable par excellence. Mais toute vraie pensée est gratuite, si vous y réfléchissez. Ça n’a pas de sens, une pensée payante, donc toute vraie pensée est gratuite. Et donc, la conclusion, dans le monde qui est le nôtre, comme seul compte ce qui a un prix, il faut n’avoir aucune pensée, aucune idée. C’est fondamental. Alors seulement si on n’a aucune pensée, aucune idée, on est prêt à obéir à une société qui nous dit : « Consomme si tu en as les moyens et, si tu ne les as pas, ferme ta gueule et disparaît ». (…) Dans la société traditionnelle, l’oppression n’est pas qu’il faille vivre sans idées, l’oppression, c’est que il y a une idée obligatoire, généralement religieuse. Pas toujours, mais généralement religieuse. L’impératif de la société traditionnelle est : vis avec cette idée et aucune autre, tandis que l’impératif contemporain, c’est, je le redis : vis sans idées. C’est une modification qualitative, ça n’est pas un changement de contenu et, entre nous, c’est pourquoi on parle depuis 40 ans de la mort des idéologies. Ça n’a jamais rien voulu dire d’autre que : vis sans idées. »

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C laudius

     
« Etre comédien, c’est faire l’expérience de cette liberté qui coïncide avec la nécessité d’un texte qu’on ne récite bien que quand on le vit, c’est-à-dire : être comédien, c’est coïncider pleinement avec le rôle qu’on tient de sorte que le monde entier est une scène de théâtre. Si le monde entier est une scène de théâtre, c’est parce que nous sommes, vous et moi, les acteurs du rôle que nous jouons et les récitateurs d’un texte qui s’écrit à mesure qu’on le récite, nous sommes dans la position du comédien. Claudius n’est pas comédien, il est, en ce sens, en marge de la scène de théâtre et en marge de la réalité elle-même. La réalité, c’est quoi ? être de plain-pied dans la réalité, c’est coïncider avec les affects qu’on contrefait ou avec les affects qu’on montre, qu’on décrit — hors Claudius, lui, il est là, il est à genoux et qu’est-ce que vous voulez ? ça vient pas ! c’est un immense échec. On comprend, en cela, en quoi le costume de roi est trop grand pour lui : parce qu’il n’y a de roi que de roi de comédie. Etre roi, coïncider avec l’essence du roi, c’est se donner l’air d’un roi. C’est Pascal qui l’enseigne. Pascal a lu Shakespeare. C’est Pascal qui l’enseigne. Qu’enseigne Pascal ? Que, quand le pouvoir est absolu (…) quand le pouvoir est un pouvoir absolu, eh bien, il est fragile, il ne repose que sur l’apparence du pouvoir : pour être roi, il faut avoir la gueule d’un roi. Il faut avoir l’air d’un roi. D’ailleurs, ce qui prouve qu’on est un vieux pays monarchique, c’est que, quand Nicolas Sarkozy a été élu à la présidence de la république, certains ont dit : Oui, ces méthodes rompent avec la majesté de la fonction présidentielle… considérant qu’il n’avait pas l’air d’un roi — il avait l’air d’un homme élu, si vous voulez, mais qu’il n’avait pas l’air d’un roi. Et ce grief est très intéressant parce qu’il renseigne sur le rapport que nous entretenons (nous, mais d’autres également) au pouvoir, c’est-à-dire : on demande au pouvoir d’avoir l’air du pouvoir, d’avoir l’apparence du pouvoir. Hors Claudius ne peut pas avoir l’air d’un roi puisqu’il ne peut pas adhérer à son rôle. Il ne peut pas se sentir roi puisqu’il sait qu’il usurpe ce trône et il ne peut pas être pleinement dans le repentir parce qu’il est quand même content d’être là où il est arrivé malgré les moyens qu’il a employés pour cela. Et c’est ce qui fait dire à Hamlet, quand les comédiens arrivent : « Le théâtre est le piège où je prendrai la conscience du roi ». En fait, c’est pas la conscience du roi… le roi, c’est un type capable de tuer son frère pour prendre sa place, donc sa mauvaise conscience, si vous voulez, bon, ses remords, bon, on peut penser que, bien sûr, ils sont là, mais — « Le théâtre est le piège où je prendrai la conscience du roi » — en réalité, le théâtre est le piège où il montrera le roi dans une comédie, c’est-à-dire dans… Il mettra le roi sur scène. Hors c’est un rôle que Claudius ne peut pas du tout assumer. Claudius n’est pas sincère, donc il n’est pas comédien. C’est un menteur, donc il ne peut pas interpréter dignement (ou décemment) le rôle du roi et c’est sa malédiction. Et c’est peut-être de tous les personnages, le personnage le plus triste de la pièce. »

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D e neige


«  Pourtant cette main maudite serait-elle doublée dans son épaisseur par le sang fraternel ? N’y a-t-il pas assez de pluie aux cieux cléments pour la laver et la faire de neige ? »

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L a Folie

  
« La folie vient en jouant de la même manière que l’appétit vient en mangeant ; c’est une théorie du théâtre. (…) Au fond, c’est assez pascalien, l’existence précède l’essence dans cette affaire. De la même manière que, pour Pascal, pour avoir la foi, il faut s’agenouiller et prier, eh bien, ici, pour que la folie vienne, il suffit de contrefaire la folie. C’est une production de la folie par elle-même ou par le théâtre ou une production du théâtre par la folie, on ne sait plus qui engendre quoi, mais on est là dans la construction d’un caractère dont on ne sait pas s’il est acquis par la contrefaçon du jeu théâtral ou s’il était donné d’emblée et qu’il s’exprime via le théâtre. »

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«  et Flaubert dit (de mémoire) : « Il était tellement heureux qu’il aurait pu donner de l’argent à un pauvre. Il descendit dans la rue, il n’en trouva pas. Il aurait pu aller sur le boulevard, il y en avait des centaines. Mais c’était un homme qui avait très peu de convictions  ». Flaubert ! Flaubert ! »

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