« En 1926, Werner
Heisenberg a défini sous le titre de « Principe d’incertitude » un
théorème majeur de la physique quantique : en substance, il expliquait qu’on ne
peut connaître simultanément la position et la trajectoire d’une particule ; en
effet, pour mesurer la position d’une particule, il faut l’éclairer, et ce
faisant, l’énergie même infime dégagée par les photons lumineux modifie sa
trajectoire. La portée de ce théorème est immense, car il démontre que
l’observation crée la réalité. [...] Ce « flou quantique » — que l’on
nommerait mieux, appliqué à la réalité macroscopique, « incertitude
mentale » —, Tomas Tranströmer en a l’intuition lorsqu’il se décrit
lui-même en 1989, soit à cinquante-huit ans, comme « Un espace de temps /
de quelques minutes de long / de cinquante-huit ans de large ». [...] Mais
il tire aussi les conséquences de cette incertitude : si le réel surgit
seulement dans le miroir d’une subjectivité qui se métamorphose elle-même,
alors le monde objectif cesse. Seules demeurent possibles des situations
transitoires, celles où la rencontre instantanée de l’être avec le monde
redéfinit toujours les conditions de leur dialogue. »
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