Wednesday, December 07, 2011

Métro




Un homme vendait à la sauvette des Pères Noël sur – je n’ai même pas regardé – des rennes, j’imagine. Comme Marlène proposait de faire un arbre de Noël (en décorant mon père) pour la fin du spectacle et que je me demande en permanence ce qui peut rentrer dans le projet, j’ai voulu lui en acheter, – Combien ? – Cinq euros., mais je ne les avais pas, j’étais déjà bien chargé des courses (achetées avec la carte bleue), il fallait que je ressorte et que je rerentre, je n’y croyais pas moi-même, je le lui dis néanmoins. La fatigue extrême. Je suis ressorti et, en effet, j’ai retiré de l’argent à la poste et, en effet, je suis rerentré et je lui en ai demandé deux, dix euros. – Ça marche à piles ? Ah, oui, normales… Et il m’en donne, cadeau, dans le sac surtout utile pour cacher les objets (je comprends) : il regarde toujours « à la sauvette » si les policiers ne surgissent pas. Puis il reprend les deux piles et il les remplace par quatre piles, un paquet neuf, cadeau. Son regard. C’est son regard que je prends. Et je repars les larmes gonflées encore sur ma route comme quand le vieux Marocain m’avait dit après que je lui eus donné un euro : « Que Dieu te rende service, que Dieu te rende service… », c’était si peu cher payé pour une phrase pareille. Là aussi, pareil, si peu cher payé pour l’ultime générosité, tu m’achètes ça, regarde : c’est moi qui te donne. Je suis reparti sans me retourner, le cœur serré, saisi d’amour et d’horreur à la pensée de la menace qui serre ce que l’humanité a de plus beau et, ce que je fais avec mes spectacles, quand je n’aurai plus de spectacle, je le ferai encore beaucoup plus, je le ferai, je défendrai le plus pauvre, le plus généreux, l’homme, le prince, le prince des contes. Ce matin, en vélib' entre chez César et Châtelet pour rejoindre le RER, un homme traverse la chaussée en portant son enfant sur ses épaules. L'enfant n'arrête pas de caresser le crâne déjà dégarni de son père de ses petites mains comme s'il faisait d'un animal. Là aussi : l'humanité, les signes, les bons signes vibrant, simples, miroitant, le vide, peut-être, clignotant, le jeu des acteurs.

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Le spectateur est un veau. Le spectateur ne peut pas se plaindre de sa frustration. J’ai crié sur tous les toits que ce spectacle était mon plus beau, nous avons joué cinq fois, maintenant ce spectacle est fini. Maintenant, à la place du spectacle, il y a mieux, il y a la THEORIE du spectacle. A 14h30. Vendredi 9, avant-première (sans réservation), samedi 10, première dernière, dimanche 11, der des der. 14h30, théâtre de la Cité internationale (01 43 13 50 50).

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Sigrid Bouaziz et Nicolas Maury viennent enregistrer pour le second spectacle.

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