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J’ai fait une belle
promenade dans Paris aujourd’hui. Sur la façade du Centre Pompidou il y a une
belle photo qui imite Delacroix, La Liberté, avec la date du dimanche 11
janvier (plutôt que du mercredi 7). Oui, le dimanche, il s’était passé comme
une fête pascale qui avait effacé tous les péchés. J’ai d’ailleurs acheté un
livre avec « pardon » dans le titre, un titre étrange pour un livre
de Peter Brook sur Shakespeare — ça y est, je l’ai sorti du sac : La
Qualité Du Pardon (avec des
majuscules partout comme ils font en anglais) — et sur la façade du Centre
Pompidou, il y avait cette photo avec le mot : « UNIS ». C’est
vrai, c’était pas con, on ressentait cela, ce samedi après-midi à Paris, on
avait peut-être tout faux, mais on était quand même ensemble, oui, on avait
ressenti ça et j’avais plaisir à me mêler à la foule, à entendre les fragments
de conversation en français, oui, c’était aussi beau qu’à l’étranger. La lumière
était très belle, je voyais les chantiers nouveaux, les chantiers anciens, je
voyais des choses que je n’avais jamais vues de Paris, des choses de maintenant.
Pendant longtemps, j'ai vu Paris avec les yeux de Marguerite Duras dont
l’émerveillement dans les promenades m’émerveillait ; récemment, ça a été Baudelaire, mon guide, « Paris change ! mais rien dans ma
mélancolie / N’a bougé ! palais neufs, échafaudages, blocs, / Vieux
faubourg, tout pour moi devient allégorie » ; mais celui qui me fait
voir Paris de la manière qui me touche le plus, c’est Patrick Modiano.
C’est une journée réussie quand j’ai vu ce que voit ou a pu voir,
aurait pu voir, non, j’étais sûr qu’il l'avait vu, cette porte, ce couchant...
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