S harunas Bartas
J’ai vu un film qui m’a bien secoué, extrêmement beau, mais d’une violence incroyable. Je ne savais rien de ce film, et le titre, Liberté (Freedom) m’a trompé. Au début on dirait la Bretagne, je me disais, c’est bizarre, mais déjà les sensations qui me reviennent — de la Bretagne, de la mer — sont vraies, me reviennent les sensations vraies et puis, soudain, il y a une vedette de la police qui tire sur le chalutier qui a embarqué des migrants et puis les quatre migrants, on les retrouve sur la plage et l’un est mort face contre terre avec le sang de sa blessure et les trois autres, deux hommes et une fille extraordinairement belle se retrouve dans un désert, il n’y a rien, voilà, que la splendeur et ils vont mourir et il se passe des jours et des jours sans manger sans boire sous le soleil et à s’empêcher de mourir puis, et le film se finira ainsi, à mourir et c’est juste absolument intolérable car c’est ce qu’il se passe maintenant et le film a été fait en 2000, mais il est maintenant, insupportablement maintenant comme la photo de l’enfant mort. C’est comme s’il n’y avait pas de film, en fait, que cette fenêtre ouverte sur ça : à voir. Fenêtre et miroir...
Labels: paris