Tuesday, January 11, 2011

Choisy-le-Roi et Bourg-la-Reine

Je n’aime pas les homosexuels. Je pense : par misogynie. Les homos ont toujours une femme dont ils ne décollent pas. J’ai envie que les hommes soient là, avec moi, pas avec leur mère à qui il faudrait les partager. (Autant choisir l’originale.) J’ai toujours trouvé qu’il y avait beaucoup plus d’homosexualité réelle chez les hétéros que chez les pédés. D’ailleurs les hommes s’embrassent de plus en plus, comme ça. Embrasser et dormir ensemble, c’est, pour moi, l’homosexualité. Rajoutez le foot (le rugby), la complicité, les clins d’œil (si on baise la même fille), la joie d’être ensemble... S’il faut tout le temps amener sa maman avec soi, quel ennui ! Enfin, je les aime bien, dans la vie, les pédés, mais, au fond, je n'les aime pas et eux non plus ne veulent pas d'moi, d'toute façon. C’est réciproque. François Chaignaud, c’est pareil que moi : on pense pareil. On n’aime pas les pédés et p’is c’est tout. Tout à l’heure, je projetais de sauter Arnaud. Sa copine venait de le quitter. C’est souvent le moment où un homme est prêt à se laisser aimer... Alors, voici ce qu'il se passe : je suis déjà chez François qui a organisé une petite fête de dimanche après-midi et Arnaud doit m’y rejoindre. « C’est vrai, il est pas mal, Arnaud... », dit François gentiment quand je lui parle de mon projet. « ‘Of… Tu sais, moi, j'prends tout c’qui s’présente... », je le coupe. « C'est comme moi, renchérit François, la seule chose pour laquelle je n'suis pas difficile, c’est les garçons ! » On rit. François se transforme en fille deux soirs par semaine pour aller se faire mettre dans un club de travelos, rue des Dames. Par des « vrais » hommes. Enfin… ceux qui sont attirés par les travelos, c’est peut-être un genre spécial, ça, je ne sais pas. Je n’y suis encore jamais allé, malgré la recommandation de François. C’est-à-dire, c’est beaucoup de boulot, quand même, à mon âge… Donc, à un moment – Arnaud n’arrive pas, je lui envoie un sms – je discute avec Viviana – et, à un moment, tout le monde est parti. Il doit être dix-huit heures, dix-huit heures trente et François doit prendre un train. Une tournée : Genève, Brest, New York. Ce sont les gens qui tournent le plus que je vois le plus souvent à Paris, j’ai constaté. Jonathan Capdevielle, François Chaignaud, Philippe Quesne. Ça s’explique d’une manière simple : ils ne sont jamais à la maison, partout autour du monde ; alors, dès qu’ils ont une pause, quand ils sont de passage, ils organisent une fête où ils invitent leurs amis pour les voir tous à la fois. Les autres – les chômeurs – on croit toujours qu’on se voit et on ne se voit jamais... Donc François a son train à prendre, mais il insiste en disant : « Vous pouvez rester. » Et tout le monde part sauf… Viviana et moi ! Hors Viviana rêve de me sauter depuis plusieurs années. Ça sent le traquenard. Je me retrouve donc seul avec Viviana… Pas longtemps. Arnaud arrive avec sa galette des rois (une de plus…) Il a croisé les autres dans l’escalier. Je l'embrasse avidement, Viviana aussi. Le pauvre bande tout de suite, c’est foutu ! On est à califourchon sur lui assis sur une chaise qui menace de casser (Viviana n’est pas légère). Arnaud propose de rejoindre le canapé, ce qui lui permet aussi de souffler un peu (et de fumer une cigarette). Abdel arrive, mais on est déjà cul nu. Il porte un appareil photo. C’est étrange de le voir là – et il fait plusieurs passages (c’est le voisin, il a les clés). A un moment, mes deux partenaires se plaignent de me voir toujours habillé. Je suis en effet assez content de mon costume, ce dimanche-là, que j’ai beaucoup travaillé parce qu’on devait faire une photo dans une entrée d’immeuble encore décorée d’un sapin, quai de Valmy, avec Arnaud et sa copine photographe – ce qui est tombé à l’eau (du canal) à cause du clash entre eux. Pas une dispute ordinaire, non, le clash définitif. Arnaud m’a appelé deux heures avant, j’ai gardé le costume, juste un peu simplifié, délesté du sac de ses accessoires pour aller chez François. « Mais si, mais si, je veux bien me déshabiller. » J’offre ma queue à Viviana. C’est exactement là que la jeune fille apparaît (sortie de la chambre ?) Devant notre air ébahi (on ne l’a pas vue de l’après-midi), elle dit : « Y a pas d’problème… », en s’enfilant dans la cuisine. Mais, là, moi, fou rire, quand même. On veut bien jouer comique, mais parfois on rit soi-même. J’assure pas. Fou rire, au lieu d’inviter la jeune femme. Donc la soirée se poursuit jusqu’à l’arrivée de Christophe qui sonne à l’interphone. Arnaud dit : « C'est un hôtel de passe, ici… » Mais, lui, c’est prévu. Je savais. François m'a dit, c’est quelqu'un qui va loger à sa place pendant son absence. On se rhabille pendant qu’il monte. (C’est idiot, j’aurais dû lui ouvrir à poil – manque d’ambition, quand j’y pense…) Je lui dis tout de suite qu’on partouze, je lui montre les photos. (Elles sont toutes floues car, dans ces circonstances, je tremble, je n’ai pas assez l’habitude, et puis la lumière est basse et les gens ne veulent pas poser.) Il dit : « Qu’est-ce qui me prouve que ça vient d'se passer ? » Je dis : « Le T-shirt d’Arnaud ! (Un horrible T-shirt des Smiths.) Et puis, sinon, ils vont te rejouer les scènes immédiatement ! » Moi, je voulais partir, en fait, c’est pour ça que j’ai désorienté l’affaire (en faisant rhabiller tout le monde). Je veux aller au cinéma voir The Swimmer, avec Burt Lancaster, d’après la nouvelle de John Cheever dont m’avait parlé Hélèna : un type qui rentre chez lui par les piscines des propriétés de ses voisins. C’est Alexandre, hier, qui me l’a conseillé. (Je suis passé faire coucou à Claude à la Ménagerie.) Je laisse Christophe encore bien froid entre les quatre mains trop tièdes de Viviana et d’Arnaud, j’ai confiance en eux. Clin d’œil à Arnaud… Après le film, je les rappelle. Ils n’avaient pas osé, figurez-vous ! Ils avaient laissé Christophe en plan, avec son p'tit air de provincial, et ils étaient partis chez Viviana, porte des Lilas. Bon, je les rejoins. Viviana finit de faire cuire une soupe au lard, Arnaud m’avoue qu’il a très faim car ils m’attendaient pour manger. (Mais, pour le reste, ils avaient su se passer d'moi.) Il y a des cœurs rouges sur le canapé.



Il faut du temps, pour moi, pour écrire quelque chose à partir de ma vie. Je n’ai pas le temps (de vivre deux fois). Le lendemain, je pense à ce texte. Il faut compléter. Je suis au cours de danse. Je voudrais dire qu’Arnaud a cru que Viviana était la femme de ménage de François Chaignaud (qu’elle était portugaise). C’est moi qui le lui avais dit et je crois que c’est ça qui l’a excité. Je lui ai dit aussi que c’était une pute, mais sur un ton qui impliquait que l’un n’empêchait pas l’autre… Je voudrais dire aussi que j’ai montré les photos à Viviana. Elle ne voulait pas que je garde celles où on la reconnaissait. Mais elle en aimait bien une où on la voyait de dos (et où Arnaud se cachait le visage), avec toute sa chevelure. Que j’ai dit qu’en effet, là, on ne la reconnaissait pas, on croyait que c’était Marlène Saldana. Plus tard, au théâtre, j’ai montré cette photo à Robin horrifié en lui disant que c’était Marlène Saldana. Il ne voulait pas voir ça ! Mais il l’a cru. Pauvre petit bout d'chou… Au cours, à la barre, je suis placé assez près de Claire Chazal pour, à un moment, lui toucher le pied par mégarde. Et seulement presqu’à la fin du cours, je m’aperçois que Viviana est là aussi, la mine particulièrement défaite. Je la salue d’un signe de tête, c’est tout. Dès la sortie du cours, elle m’enverra un mail – que je lirai chez Jeanne Balibar, l'après-midi – , pour me dire je ne sais quoi* et qu’elle m’invite finalement à sa fête de vendredi prochain où il y a aura mon ex-femme (Hélèna)... Le matin, avant le cours, j’avais encore raté une photo, un casting pour une pub, cette fois, où on m’avait demandé de m’habiller en rocker. (Mais le directeur de casting n’était pas à l’heure.) Je me demandais quelle était cette tendance des photos annulées… Après le déjeuner, dans le bel appartement de Jeanne Balibar, je suis seul un moment avec la femme de ménage dans sa blouse rose… (Jeanne est partie acheter un câble qu'elle ne retrouve pas pour qu'on visionne la captation de son concert.)






* « Cette soirée délicieuse, c'était exactement ce dont j'avais besoin. Mieux que l'alcool, mieux que n'importe quelle drogue. Quand vous êtes partis, je me suis encore branlé deux fois avant de m’endormir.
Par contre le cours de Wayne était trop dur pour moi. Je suis épuisée.
J'ai pensé à ce que tu as raconté avoir lu dans le livre de Catherine Millet, des gens qui sont au courant et d'autres qui vont l'être à un moment donné de la soirée... Moi, ça me tente... Je pense à certains et certaines qu'il me plairait bien d'inviter...

Aussi, je voulais te dire que tu es le bienvenu chez moi le vendredi 14 pour fêter le nouvel an russe. Vodka, Bortsch, etc.
Je t'embrasse »

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The Swimmer

« In the west there was a massive stand of cumulus cloud so like a city seen from a distance — from the bow of an approaching ship — that it might have had a name. »

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Dominique Fourcade m'envoie un très beau poème

non sans luge

trois flocons de neige
je dans une luge immense
strophe à grandes guides, deuxième

l'immense plaine de neige
moi dans une luge minuscule
la situation est la même, troisième strophe
rapide dure

que s'il n'y avait pas de neige
quand je dis les miens c'est ceux auxquels j'appartiens dans le vide
et ainsi tout spécialement se lance un verbe, chérir, et sa métallurgie secrète, argentée, sans l'ombre d'une indécision, infinitif que l'on n'arrête pas
fin décembre 2010

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Autoportraits Arcimboldo








Jeanne Balibar a des aquariums sur sa terrasse à Paris où c’est déjà le printemps, elle y a aussi des fleurs – elle m’a dit le nom d’une fleur bleue que je n’ai pas retenu – pourtant Jeanne m’avait dit : « Tu t’intéresses aux noms des fleurs ? » J’avais répondu oui et répété plusieurs fois pour moi le nom étrange, inédit, qui ne me disait rien… C’est trop cher, Avignon, cette année, c’était déjà cher et m’a laissé des dettes l’année dernière, mais, là, c’est trop cher, tout a augmenté, et l’appartement et la salle, dans des proportions incroyables. Dans les aquariums, il n’y a plus de poissons, les chats les ont mangés. J’ai fait remarqué que ça avait fait plaisir aux chats, et qu’on pourrait en remettre juste pour ça : fournir les chats (j’aime tellement les chats). Non, Jeanne n’a pas remis de poissons dans ses trois aquariums… Viviana, elle, a un lapin qui vit dans un cagibi à la porte duquel elle a creusé une chatière. De temps en temps, le lapin (avec les oreilles basses : lapin-bélier) vient faire un tour dans l’appartement – sans salir du tout – et retourne ensuite dans sa niche. C’est le dernier d’une longue lignée, mais elle nous dit qu'ils étaient tous propres.

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Avoid the Clown

Salut, baby idol,

Après ton rôle dans Somewhere, tu serais pas en Europe genre les dates que je te vais te donner ? Sans doute pas, mais je propose quand même, on sait jamais. (Pas trop d'argent non plus pour te faire venir de L. A.) C'est à Bruxelles. C'est le 1er avril, une représentation. Répétitions dans le lieu : à partir du 26 mars et du 31 janvier au 18 février, toujours dans le lieu (donc du temps, mais sans plus d'argent que d'habitude). J'ai pas d'idée, comme d'habitude, tout est ouvert (le thème qu'on m'a proposé c'est : « Qu'est-ce que la danse ? ») Il y a juste un enfant de dix ans que j'ai rencontré cet automne qui s'habille en fille depuis plusieurs années. Il est très, très doué, semble-t-il, et – du coup – ça oriente un peu (s'il est toujours intéressé). Il y a aussi un plasticien-performer du même gender qui s'appelle Jean Biche (vingt-cinq ans). J'avais envie de te proposer d'aller dans le même sens : jouer un travelo. Pas un king, hein ? non, une queen. Tu l'as déjà fait ? Je pense que tu ferais ça à la perfection, tu serais trop sexy ! (Faudrait qu'on y croit et je pense qu'on y croirait grave !)
Bon, tu peux certainement pas et c'est pas encore moi qui vais dérouler le red carpet financier that you deserve at each second of your life, darling.

Mais si tu passais par là et si ça t'amusait...

Bisous, en tout cas

Yves-Noël



Sinon, j'ai un autre projet pour toi (mais sans débouché pour l'instant), c'est un solo ou presque solo qui s'appellerait Avoid the Clown où tu serais en clown ! Je sais que tu as horreur de ça. Ça s'appellerait comme ça et, le contenu, eh bien, tu nous parlerais de tout ce qui est moche aux Etats-Unis. Donc ce serait un spectacle assez sordide, mais, tu nous connais, on s'arrangerait quand même pour que ce soit plutôt fun. Je suis en train de lire Bret Easton Ellis, Lunar Park, c'est là que j'ai trouvé cette idée en pensant à toi... (Lui y arrive bien au sordide et au fun together.)

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Plein de bonnes choses à toi, cher Yves-Noël pour 2 zéro one + one

Je suis devenue une « addict » de ton blog
Dès que tu n'écris plus pendant 2 jours, je suis orpheline, presque inquiète
Comme c'est étrange, comme une lettre qui ne vous est pas adressée
Tu es un grand artiste
Succès, créations, aventures, amour
Je t'embrasse

Véronique

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Le Domaine des regrets

Des pièces terrifiantes de Georges Feydeau. Mise en scène académique (mais c’est voulu) et acteurs virtuoses (Dominique Valadié, Eric Elmosnino, Philippe Duquesne…) au Théâtre Marigny. Ce que révèle peut-être la reconstitution des mises en scène, c’est que, depuis le XIXe siècle, rien n’a changé. Le XXe siècle est passé comme une illusion (un faux-semblant). La vérité, c’est que nous sommes encore au XIXe siècle. On n’a pas fait la révolution (comme le disait Liliane Bettencourt à Claire Chazal : « J’vais pas faire la révolution, non ? ») C’est aussi ce que fait remarquer Michel Houellebecq, d'ailleurs.

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