Monday, February 10, 2014

L 'idée est d'occuper Facebook avec de l'art…


Vous savez ce qui me ferait plaisir ? J'ai pas le temps de m'adresser à chacun d'entre vous, mais il y a cette expo, à Bruxelles, en ce moment, d'un peintre très connu, siècle d'or espagnol, mais que, moi, je ne connaissais pas. A Paris, je ne vais jamais voir d'expo, y a trop la queue, mais, à Bruxelles, on peut entrer comme ça et j'y suis allé tous les jours : ça m'a bouleversé et foutu une de ces pêches ! (exactement comme le spectacle d'Alain Platel la semaine précédente : j'avais un espace où je pouvais penser mon travail, celui, prochain, des Bouffes du Nord). Alors, ce qui me ferait plaisir, bien sûr, c'est que vous inondiez FB de photos de tableaux de ce peintre, Francisco de Zurbarán. Pour ceux qui veulent du contemporain, je conseille mes amis Bruno Perramant (il a une expo à Paris en ce moment), Thomas Lévy-Lasne, Nicolas Moulin, Marie Taillefer, Dominique Issermann, Serena Carone, Jocelyn Cottencin, Théo Mercier, Marie Reinert, Céline Germès, Kader Benchamma, François Olislaeger, oh, là, là, j'en oublie plein, bon, ne pas faire de jaloux : choisir Francisco de Zurbarán, la sainteté même.

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V u hier après-midi


« Vu hier après-midi Orlando Ferito de Vincent Dieutre à l'Ecran Saint-Denis (festival Utopia). Film magnifique de beauté et d'urgence : quand cessera notre assentiment complice à la catastrophe politique annoncée par Pasolini avant son assassinat ? La catastrophe est en cours, nous sommes dans la catastrophe : plus d'êtres humains mais des « engins lancés les uns contre les autres », disait Pasolini, l'éradication de la mémoire et de l'Histoire, la fin décrétée de l'espérance politique. Et la disparition des lucioles, ces êtres éphémères qui n’émettent de lumière que dans l’obscurité complète.
Pourtant, le pire serait de nous « installer dans la perte ». Le désespoir est une autre manière de consentir à notre propre dépossession : dépossédés de notre histoire personnelle et collective, toutes deux chassées par les phares aveuglants et les miradors de l’ « actualité » menteuse, montage étourdissant d’images grotesques, nous le sommes aussi, conséquence de la révolution industrielle commencée il y a deux siècles en Angleterre, et qui est encore en cours, de notre rapport immédiat au monde concret (fleurs et odeurs, profondeur charnelle des visages par-delà les images).
Vincent Dieutre, cinéaste grand lecteur lit devant nous, et c’est un premier geste salvateur : il lit La Survivance des lucioles de Georges Didi-Huberman (Minuit), ou La Révolte de Pierandrea Amato (Lignes). Et deuxième geste salvateur, il s’émerveille (et sa caméra restitue pour nous cet émerveillement et nous émerveille à notre tour) : il s’émerveille d’un spectacle de marionnettes, les Pupi, jusqu’à inventer pour elles un nouveau texte, un Orlando ferito, Roland blessé, variation inédite de l’Arioste, écrite avec Camille de Toledo.
Orlando blessé, errant depuis des siècles, gémissant sur le sort de son Roi, Carlo Magna, prisonnier du Château des Mensonges, est sur le point d’abandonner la bataille. Le Sarrazin qu’Angélique lui avait préféré revient mort par centaines sur une barque à Lampedusa. Est-ce que l’Histoire est finie ? Non, elle recommence, autrement, et Orlando s’invente un fils Luciolino, et une fille, Luciolina : c’est à Lampedusa qu’ils vont maintenant, les étudiants du Professore Amato de Messine, pour continuer l’histoire et témoigner que la bataille reprend, autrement, avec d’autres armes.
Notre bataille à nous, Rolands blessés : contre l’inquiétude qui s’est « installée au cœur des choses », donner à entendre une autre musique, tenter l’impossible pour partager le désir et la tendresse, se faire des yeux capables de voir dans l’obscurité la lueur des lucioles survivantes loin des lumières aveuglantes de la ville, perdre son temps dans un jardin sauvage et vénéneux à attendre l’aimé qui ne reviendra peut-être pas, et s’il vient, même seulement une fois, de sa venue, crier victoire, raconter l’histoire et conserver la mémoire. Quelle force ont ces deux visages masculins qui se penchent avec amour l’un sur l’autre, ces gestes de tendresse et de désir au milieu de la conversation sur l’état du monde, si loin de la surenchère morbide des marchés du sexe.
L’île de Lampedusa, ouverte à tous les vents au milieu de la Méditerranée, elle meurt si elle n’accueille pas l’étranger vivant, dit cette femme L’histoire de l’Europe meurt de tous ces morts échoués à ses confins, de toutes ces âmes emprisonnées, livrées à l’esclavage de la contrainte salariée, le crédit, le logement, le souci faisant de chaque jour une peine, autant dire tous.
« Il est temps qu’il soit temps », disait Celan cité par Dieutre : il est temps de reprendre la bataille jamais perdue, jamais gagnée, il est temps d’inlassablement témoigner de la misère des temps et des moyens d’y remédier, de chanter l’oisiveté et la joie, la conversation gratuite et le souci d’accueillir.
Il est temps de faire briller chacun ses propres lueurs et de les offrir à d’autres : Vincent Dieutre nous offre l’énergie de repartir avec lui, avec ceux-là qui sont au-delà du désespoir pasolinien (« personne ne se sauvera seul »), l’énergie de repartir en quête des lucioles. Il est temps d’arrêter le temps, en racontant nos histoires, de le surprendre, de le prendre pour faire revivre la « force révolutionnaire du passé ». »

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« Tu passes ton temps avec qq'un avec qui tu ne vois pas le temps passer et tu ne chercherais pas à le revoir ? »

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T aza de agua y una rosa


« C’était la fille d’un roi musulman vivant à Tolède… »

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E ssayer ?


Une vie non fasciste, me dit Pascale