Tuesday, November 12, 2013

B eauté


Photo Marc Domage, João Costa Espinho et Perle Palombe dans Un petit peu de Zelda

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T énèbres


On fait les choses inconsciemment (sinon on ne les fait pas), surtout quand on a peu de temps. C’est ce soir — après 2 générales chaotiques — que m’est apparu le spectacle, ce que j’ai fait. Et bien, j’ai été bien surpris ! c’est tout ce que je peux dire… J’ai été bien ému de voir — ça ne se voyait réellement que ce soir, je crois — de ce qu’il se disait… Ce n’est pas n’importe quoi, mais alors pas du tout ! un point même… A François Chaignaud à qui je disais que ça m’apparaissait comme un tombeau, il me répondait : « Oui, ça m’a fait penser : c’est les Bouffes (l’avant-première de septembre de 1er avril) après un tsunami… » Le grand calme (sur la mer), c’est cela qu’il montrait (si on le laissait le dire) ? La mort et la vie entrelacées, se croisant, s’interpénétrant, comme l’eau et l’huile, des temps différents, des vivants et des morts, des fantômes… Comme ce spectacle est étrange — et beau. Baudelaire, oui, sa puissance, j’en dis quelques vers, et voici que je tombe par hasard sur une phrase de lui (à propos de la personne d’Edgar Poe) : « qqch de ténébreux et de brillant à la fois ».

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C hemins sur la mer


Caminante no hay camino

Todo pasa y todo queda,
pero lo nuestro es pasar,
pasar haciendo caminos,
caminos sobre el mar.

Nunca perseguí la gloria,
ni dejar en la memoria
de los hombres mi canción;
yo amo los mundos sutiles,
ingrávidos y gentiles,
como pompas de jabón.

Me gusta verlos pintarse
de sol y grana, volar
bajo el cielo azul, temblar
súbitamente y quebrarse...

Nunca perseguí la gloria.

Caminante, son tus huellas
el camino y nada más;
caminante, no hay camino,
se hace camino al andar.

Al andar se hace camino
y al volver la vista atrás
se ve la senda que nunca
se ha de volver a pisar.

Caminante no hay camino
sino estelas en la mar...

Hace algún tiempo en ese lugar
donde hoy los bosques se visten de espinos
se oyó la voz de un poeta gritar
« Caminante no hay camino,
se hace camino al andar... »

Golpe a golpe, verso a verso...

Murió el poeta lejos del hogar.
Le cubre el polvo de un país vecino.
Al alejarse le vieron llorar.
« Caminante no hay camino,
se hace camino al andar... »

Golpe a golpe, verso a verso...

Cuando el jilguero no puede cantar.
Cuando el poeta es un peregrino,
cuando de nada nos sirve rezar.
« Caminante no hay camino,
se hace camino al andar... »

Golpe a golpe, verso a verso. 



Antonio Machado
Campo de Castilla, 1912

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B eauté



Photos Marc Domage, Kate Moran et João Costa Espinho dans Un petit peu de Zelda

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Beloved Y,
ti amo
et je t'espère la beauté
que tu mérites
à cause de ton amour tendre
élégant, 
des Pauvres

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L e Rêve d'un ambitieux


« Suggérer, voilà le rêve. » 

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Ce qui est très beau quand tu dis ces poèmes de Baudelaire, c'est que tu nous les donne à lire.
Dans ce noir, chaque mot se détache de ta voix pour s'inscrire sous nos paupières, non pas comme une image ou comme une représentation du mot mais comme le mot lui-même. Vraiment je le voyais s'écrire, j'entendais l'orthographe, un mot d'abord, puis une phrase, j'entendais la syntaxe, chaque virgule, puis le poème entier ; et alors la poésie venait de ce que je pouvais décider moi de ce qui cachait derrière chaque mot, intimement.
Comme lorsque je suis lectrice, oui, c'est exactement cela, je ne lisais pas et pourtant j'éprouvais le processus de lecture.
Et pour tes spectacles, c'est peut-être la même chose, sauf que cette fois, ce ne sont pas les mots qui nous sont transmis, mais les corps et les images, à partir desquels nous inventons les mots, la phrase ; un poème.
Peut-être celui que nous venons d'entendre...

Je suis très heureuse de vous rejoindre ce soir. A tout à l'heure. D

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Feuille de salle Zelda


Un petit peu de Zelda

(Ajout au projet 1er avril)



Avec : Bertrand Dazin (contre-ténor), Boris Grzeszczak (le Russe), Diane Regneault (la Rom), Jeanne Monteilhet (soprano), João Costa Espinho (Fernando Pessoa), Kate Moran (Zelda), Louis Laurain (le chevalier, le trompettiste), May Maketa (le lépreux), Perle Palombe (Frida Kahlo), Stephen Thompson (la danse), Yves-Noël Genod (les poèmes)

Ainsi que (s’ils le veulent bien) : Balthazar et Ulysse Elmanferrah, Joseph Raynaud Palombe

Lumière : Philippe Gladieux
Assistants : Simon Bomo, Gildas Goujet

Production : Le Dispariteur
Coproduction : Ménagerie de Verre, Théâtre de Gennevilliers, Théâtre de Vanves
Avec le soutien de la Drac Ile-de-France au titre de l’aide au projet



Je vois des splendeurs tous les jours quand je sors dans la rue, l’émerveillement. De cela, je ne porterai rien aux spectateurs, si peu. Comment ces gens splendides comme des dieux (surtout une journée de soleil, évidemment) pourraient-ils être déplacés sur une scène, ça me paraît invraisemblable… Et pourtant, c’est la splendeur. Et comme toute (vraie) splendeur, c’est rien. Comment ne pas tout perdre si ça devenait qqch ? Je voudrais que le spectacle de la Ménagerie de Verre soit aussi ouvert que cette pièce de Peter Handke, L’Heure où nous ne savions rien l’un de l’autre. Cette pièce merveilleuse comme la rue, la rue comme aujourd’hui, « lumière claire », dit-il. « Une place ouverte dans une lumière claire. » YNG

Un petit peu de Zelda est un ajout au projet 1er avril qui sera présenté du 1er au 12 avril 2014, aux Bouffes du Nord (Paris)

« Je ne sais combien d’âmes j’ai.
J’en ai changé à chaque instant.

Je me sens continuellement étranger à moi-même.

Je ne me suis jamais vu, jamais trouvé.

En étant plusieurs, je n’ai qu’une âme.
Celui qui a une âme n’a point de calme.
Celui qui voit n’est que ce qu’il voit.
Celui qui sent n’est pas celui qui est.

Attentif à ce que je suis et vois,

Je deviens eux et pas moi.
Chacun de mes rêves ou désirs

Est à celui qui naît et pas à moi.
Je suis mon propre paysage,
J’assiste à mon propre passage,
Divers, mobile, seul,
Je ne sais pas sentir que je suis là où je suis.

Ainsi, étranger à moi-même, je lis

Mon être, comme les pages d’un livre.

Je ne prévois point la suite,

J’oublie le passé.

Je note sur la marge des pages lues

Ce que j’ai cru sentir.

Je relis et je me dis: « Est-ce moi ? »

Dieu le sait, car il l’a écrit. » (Fernando Pessoa)

« (…) J'étais enfermé dans le présent, comme les héros, comme les ivrognes. (…) » (Marcel Proust)

« Eternity is in love with the productions of time. » (William Blake)

Remerciements : Centre National de la Danse, Sylvie Coumau, Youness Anzane, Patrick Laffont…

Durée : 1h15

http://ledispariteur.blogspot.fr/

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