Monday, February 11, 2013

De toute façon d’une certaine façon



La poésie de ce que j’ai fait est dispersée maintenant. Au début de Le Réel, traité de l’idiotie, de Clément Rosset, il y a de très belles pages sur l’ivresse du consul de Au-dessous du volcan, de Malcolm Lowry. Cela me fait penser aux « essais » que j’avais proposés aux acteurs, de travailler sur l’ivresse — à Thomas Scimeca — et aussi les fabuleux vrais ivrognes qui « ne touchaient plus terre » à l’hôtel Palace à Bologne, en avril. Et aussi au spectacle de Marco Berrettini, son meilleur, No paraderan, au théâtre de la Ville, où les acteurs-danseurs buvaient pour de vrais (la fois où je l’ai vu, final d’Anja Röttgerkamp).
« as somehow, anyhow, they moved on »

« Ayant tous les chemins, sans chemin il marche vers rien. »
L’homme décrit par Sophocle.

Ensuite, pages très belles sur l’oubli. Je ne corne pas le livre, je ne l’annote pas, il m’a été prêté. « Habituellement, je trie mes souvenirs, je ne me souviens que de ceux dont j’ai besoin dans l’immédiat. Dans l’état d’oubli, je ne trie plus et ai alors face à moi, sur un pied d’égalité, tous mes souvenirs. » Là aussi, je me souviens d’une expérience de la scène, au Radeau, cette fois, où j’essayais, par jeu, par goût de l’expérience plus que du risque, de frôler l’état d’oubli, chaque mot (il y en avait peu) sortirait d’un état d’oubli. A un moment, j'ai pris peur : j’oubliais vraiment. (C’était un texte de 12 lignes que nous avions joué déjà 170 fois et personne autour de moi pour me souffler !)
Le principe d’insignifiance.
Jamais le hasard ne sera changé par le hasard.
« Ayant tous les chemins, sans chemin il marche vers rien, quoi qu’il puisse arriver. »
« Why was he always, more or less, here ? »
« Car le réel est en ceci assez semblable aux mauvais écrivains : il a finalement peu à dire, mais donne volontiers à lire. »

Après la représentation



Labels:

Le Retour de l’homosexualité



Manuel Vallade, il a l’air de tout faire (en même temp). Il est vrai qu’il joue avec oreillette. La solution pour avoir l’air de tout faire et, parmi tout, se marrer. Ce que fait Manuel Vallade dans le spectacle d’Olivia Grandville est A-DO-RA-BLE. Mais ce que je dis de Manuel Vallade vaut pour tous les autres (j’adore le spectacle tout entier). Manuel Vallade, voilà ce que je lui ai dit : « Je t'adore. Si tu étais à vendre — comme une œuvre d’art — je t’achèterais et je te construirais un  château autour rien que pour te plaire et te mettre en valeur, petite merveille. » (Cela vaut pour les autres, mais je ne leur ai pas dit.) Et puis, je vais vous dire la vérité, Manuel Vallade, il danse comme un dieu ! (Ça vaut pour les autres...) Et puis avec une perruque et une cravate, oh, mon Dieu ! Manuel Vallade... Une perruque de blondinet et une cravate écossaise (ou, comment dit-on, en tartan ?) Quand il court, quand il fait n’importe quoi, il le fait comme un dieu, Manuel Vallade, ou comme un PRINCE DIEU. (A propos, qu’est-ce que foutait Dieu avant la création ?)

Labels:

Sylvie

Sous l’influence de Clément Rosset


« Il y a une certaine cruauté de l’existence que je veux intégrer dans mon travail. La fuite du tragique me semble provenir du même symptôme que la fuite du réel. Souvent, si on regarde de près, la vie, c’est impitoyable. »






« On comprend dès lors que Le Guépard soit, en définitive, la confession de Visconti. Le drame de cette prise de conscience, c’est le sien en tant qu’individu, aristocrate et communiste, qui ne peut malgré lui se dépouiller de son passé. Et c’est encore le sien en tant qu’artiste qui, aristocrate, ne peut saisir la réalité : comme si la vie ne daignait se présenter à lui qu’en tenue d’apparat, selon une ordonnance éternelle. Cette beauté qui devient le tout de son art, est, dans le même temp jugée secondaire et dérisoire dans l’évolution morale de l’humanité. »

Labels:

Youcef Korichi, Non-lieu, non sites












Labels:

La Rue magique



Il y a une rue magique, en ce moment, à Paris. C’est la rue Pastourelle qui se prolonge en la rue Chapon. C’est dans le Marais. D’abord vous commencez par l’expo inouïe, proprement renversante, une des plus belles choses que j’ai vues de ma vie, l’expo de Youcef Korichi chez Suzanne Tarasiève (au 7). Que dire ? (Il y a aussi que je suis un peu pressé.) C’est INOUÏ de beauté. Ensuite, l’expo de Thomas Lévy-Lasne (l’ami de  Lætitia Dosch et d'Aurélien Bellanger), là aussi les mots — et les bras — m’en tombent : démentiel, virtuosité absolue, pure, « comme en rêve ». Tous les superlatifs n’y suffiraient pas (je vais vite, j’ai un cours de danse). C’est chez Isabelle Gounod, au 13. Rue Chapon, maintenant. Puis l’expo de Damien Cadio dont j’ai déjà parlée : parfaite, sublime, vivante, pure, au 35, chez Eva Hober. Et puis, un peu plus loin, toujours sur le même trottoir, chez Anouk Le Bourdiec (galerie ALB), un tableau unique, mais sublime, cerise sur le gâteau, d’Adrien Belgrand qui devrait avoir une expo personnelle en septembre. Pour tout cela, il faut aimer la peinture, parce que ce n’est QUE de la peinture. Et, moi, j’ADORE la peinture comme j’adore la VIE ! Comme j’adore le « réalisme », comme a dit Carlos Reygadas tout à l'heure dans sa masterclass. Réalisme : recueillir le réel. (Comme un « entonnoir », il disait, parlant de son cinéma.) Toutes ces galeries sont tenues par des femmes délicieuses, voyez-vous, et font de Paris l’une des plus belles villes du monde (si vous en doutiez...)



« Il faut approfondir le corps de l’artiste jusqu’à le rendre concentré. »

Labels:

Dans le tableau (ou l'absence de tableau)

Qu’est-ce qui se passe quand il ne se passe rien ?


« Un philosophe comme Peter Sloterdijk décrit le fait d’être affalé devant la télévision comme une nouvelle forme de méditation. De fait, il s’agit de se vider la tête. »

Labels: