Saturday, June 16, 2007
La fontaine de jouvence
David Monceau, Bernard Genod.
Labels: chamarande nouveau monde yves-noël genod david monceau fontaine
Rien
Rien de plus excitant que de…
(C’est ça aussi, la qualité.) Jeanne d’Arc sans les Anglais ne serait rien… (Hope for pop has arrived with Regina Spektor.)
I strayed a few block in the wrong direction.
Yet I’m, oh, so opaque. Après moi le déluge. Pourquoi la nuit ne veut pas venir le sommeil, mais la sensualité ?…
Café Monet.
She’s Hitler ! Marie-Thérèse À Lier est un enfant hurlant, rubicond. Personne n’est le friend de sa mère.
Avancer dans l’écriture, c’est à la fois avancer dans la connaissance, les informations et… la disparition.
An apology letter. D’une mauvaise façon… Les maisons lentes et majestueuses.
Disparu dans un pays chaud.
Ô calme sœur. Are there girls ? Not many.
Détestation et ravissement.
Tatiana Karl was perhaps in the house.
Le dialogue romanesque, suscitant la diffraction de la voix unique, permet d’échapper au vertige des métamorphoses et des contradictions. Dans la crise, il met du jeu.
Or, un jour, comme je regardais couler la Seine…
Nous descendîmes sur les quais pour une série de photos. Ce que c’est bête, les amoureux à Paris (surtout près du pont Neuf). Alors, la Dame aux camélias…
De son côté, Julie Scherer étudiait Aristote.
Cachant son sexe derrière ses mains. L’art et la culture. La culture est un commerce.
Godard, est-ce simple et compliqué ? (Mauvais sourire.)
Société de loups. Chirac bouffe. Dans une galerie noire, une odeur d’herbe. Andy Warhol asperge sa maison d’eau bénite. « Est-ce que je vais laisser le monde se faire sans moi ? », clame le petit singe capucin. One Flew Over the Cuckoo’s Nest. Un néant de nuances. Le néant se promène librement entre les choses. Naturally, one could laugh at madness. Clearly, the Marx Brothers were all mad. In the UK, the mental illness du jour seems to be bipolar disorder (« manic depression » rebranded). Carrying as it does the patina of creativity and « interesting » behaviours, celebs have been queuing up to claim it as their affliction. Les mots sont encore indécis, prophètes, escrocs… Diamants, guerre, argent, plume… Illegal diamonds are still being traded and finding their way onto the market. The northeast ridge of Everest.
Qu’est-ce qu’on va se mettre à raconter quand on est une femme ? D’abord, on va se mettre à raconter, avec un sujet, etc. Le bon sujet, on va tomber dessus. The manic interludes in depression. Un océan de nuances. Christophe the insulter.
Les bas-fonds honteux de la littérature. Witold Gombrowicz ne dit pas autre chose lorsqu’il affirme que l’artiste est une sorte d’ « aristocrate aseptisé » qui éprouve un désir particulier de se rendre inaccessible à autrui. Reverdy nous parle d’une vérité qui « ne sort de son puits que pour nous séduire et nous y entraîner ensuite indéfiniment car c’est un puit qui n’a pas de fond »…
Quitter New York pour écrire. La pluie parfaitement fine et intelligente. Il faut que je sois à la fois sévère et à la fois adorable avec moi. C’est difficile de savoir seul comment y faire. C’est pour ça que Guillaume… Des paysages gracieux et infinis. Des tigres dans un parc. Les tigres attirent par leur beauté, leur douceur, leur amour éventuel, le danger. Ils attirent aussi par leur ensemble, l’animalité, la divinité, l’enfance (ce sont des jeunes tigres), la jeunesse. Je dormais avec Benjamin qui vient d’aménager près de chez moi parce que j’avais perdu mes clés au Petit Marcel. La chambre de Benjamin surplombe l’infini delta de la gare du Nord. Benjamin possède dans sa chambre deux plantes merveilleuses. Tout cela a fait qu’ayant perdu mes clés, j’ai vécu dans la nuit avec Ben une aussi belle journée que celle que j’avais passée naviguant toute la journée dans Paris avec mes Ray-Ban, mon look Dior et mon iPod – rencontrant des amis et passant aux yeux des autres pour une star.
« Pour rêver, il ne faut pas fermer les yeux, il faut lire. La vraie image est connaissance. Ce sont des mots déjà dits, des recensions exactes, des masses d’informations minuscules, d’infimes parcelles de monuments et des reproductions de reproductions qui portent dans l’expérience moderne les pouvoirs de l’impossible. Il n’y a plus que la rumeur assidue de la répétition qui puisse nous transmettre ce qui n’a lieu qu’une fois. L’imaginaire ne se constitue pas contre le réel pour le nier ou le compenser ; il s’étend entre les signes, de livre à livre, dans l’interstice des redites et des commentaires ; il naît et se forme dans l’entre-deux des textes. C’est un phénomène de bibliothèque.» (Michel Foucault.) Je suis tout seul ici. D’Hervé Guibert, je repense à Michel Foucault. Nous avions la même voix. (J’ai raconté ça à Pascal et à Bénédicte, au Petit Marcel.) A colorless, transparent, odorless, tasteless liquid that form the seas, rivers, and rain and is the basis of the fluids of living organisms. Un enfant-bijou. Accessoire.
L’éponge, vas-y. L’éponge magique pour Ramzy.
Je rougirai quand je te verrai… (C’était) la musique du SFR. Un type qui joue de la guitare avec sa bite… Comment on dit ça ? Maudits Français… Les rochers, la mer, à heure régulière.
Et, toujours vivante, occupée, pleine de manières, même l’hiver, même quand on y pense. La pointe du Bindy. Au Bindy. J’adore le show-business. La masculinisation des coquillages. Encore refuser l’hiver ? Rencontrer Benoît. J’entends ronfler. Il est trois heures.
L’idéal d’une vie provisoire
Andy Warhol faisait signer ses œuvres par sa mère. Curieux bonhomme, si intelligent… Demain, je lirai toute la journée, j’écrirai… et je ne sortirai que vers le soir. Avec Pascal et Bénédicte, nous avons parlé des gens vierges. J’avançais les noms de Warhol et Baudelaire, celui de Gogol, eux celui de Kleist. Je m’émerveille que les mots brillent. L’exil, l’exil à la maison…
Boxing day.
Quatre franches rigolades en Franche-Comté. L’école, chambre d’écho. Je pourrais ainsi vivre dans un décor muré. Les homosexuels ne m’aiment pas. C’est un amour facile, mais impossible. Facile car impossible. En fait, impossible…
J’ai passé la plus grande partie de ma vie à sillonner les océans et à défier les tempêtes. J’ai bourlingué sur toutes sortes de navires. Je m’étais juré de ne plus revenir ici. Et pourtant me voici, approchant fébrilement le bassin et la presqu’île de ma jeunesse…
Oui, pendant mes longues années de mer, j’ai vainement tenté d’oublier cette côte de sable et de pins et cet ami fidèle que je vais revoir aujourd’hui.
Je sais qu’il m’attend, dressé comme aux premiers jours entre le ciel et la terre, insensible aux changements de temps. Lui au moins ne m’a pas trahi, il a survécu…
Pourtant je ne veux pas le regarder, pas encore, je veux d’abord me souvenir, remonter le temps et en finir avec le remord qui me ronge. Oui, le phare du cap Ferret m’attend.
Solitude sexy, c’est là d’où je ressens. L’émotion serrée. Le cœur prisonnier, enfermé. Parfois, de perdre un mot peut aider. Peut-être. Et sous tes rêves, il y a parfois des pièges. On sent que y a un truc qui cloche, mais on n’est pas équipé.
Les pauvres, ils s’en foutent de la croissance, ils veulent des croissants, eux, n’ont faim, n’ont froid ! C’est tout de suite, les pauvres, ils ont froid ! Faut les aider main’nant, leur donner à manger main’nant, les soutenir main’nant ; c’est un problème de main’nant ! Les bobos, ils y vont dormir dehors, eh bien, tant mieux, on en parle, ça aide les pauvres gens, tête de con !
Inidentifiable solitude, je ne sais pas la limite, la différence, les vivants et les morts, je ne sais pas mourir, vivre, aimer, te tuer, t’aimer, te sourire de haine, d’ironie, de sarcasme.
L’Italie, même, je la connais pas, ni l’amour ni les pays montrés de l’amour, des îles, de l’Italie, de l’inatteignable – filmé, filmé, comme l’amour, inatteignable, je ne sais pas, ni l’amour, l’amour, je ne sais pas, ni l’amour, la solitude incrustée comme des vieilles chaussettes au pied, l’amour, la saleté. Solitude réputée, ennuyeuse. Nuit de Noël sans bonheur. Évidemment, je m’y colle, physiquement, dans la merde... Neige prussienne, cruelle, sur les visages et les vitres.
You don’t think I tried ? Tu ne me pardonneras jamais ? Au milieu de la nature. And if you ever feel really happy, be patient, this will pass.
Je voudrais jouer le rôle d’un manipulateur, un manipulateur du monde. Les valeurs négatives… que l’on retient. Solitary and introspective. Le sentiment que le monde est si loin. Et il n’est question que de ça. Le monde est loin. Les montagnes. Les choses de l’esprit, de la métaphysique. Mais la main qui s’approche, c’est tellement tout. Emotional ambivalence. C’est autre chose. Il faut pas oublier qu’il a inventé ce qui maintenant est devenu la tarte à la crème. A commonplace. Le chevauchement du son et la pureté du son tout le temps, tout le temps… Je ne dis pas sur ce qu’il dit, mais de la façon dont il le dit. Chacun d’entre nous a sa trajectoire. A burst of music. I thought I was mastering the world. One minute later, I was caught. Facilement dit, tout ce qu’on lit… You can read what he’s writing. A criminal, a cope and a girl. Something is not quite right. Oh, Jeanne. La femme que j’aime. Oh, Jeanne, quel drôle de chemin il m’a fallu prendre… Beauté de la langue, l’île Saint-Louis. La modernité. L’amour sûr, inévitable, les larmes. Crudité. Tendresse emprisonnée (avec consentement). If you make that jump. A movement of a soul. The movement of the soul watching it. Sensualité des mains, de l’horreur, de la masculinité. Tout – et de la meilleure grâce du monde. Des foules filmées. Je m’adresse à la presse. I was walking on air, with the world at my feet. I slept until morning. Soul transit. This soul floating around… quand à la chute du plaisir… (Je parle de l’Eden) Vous finirez bien par l’admettre… To manipulate you or pretending not to manipulate… Vous êtes triste ? Rire d’un livre relié. Des films d’étrange nature. Et la musique envahissante, envahissant le monde… Il y a des choses où l’anglais ne progressera pas.
L’envahissement du monde. Cela dit, nous ne sommes pas les seuls de notre avis… Le cinéma pénètre certaines zones. …et la musique qui donnait la parole à la parole. Depuis l’enfance jusqu’à la mort avec… enfin, avec tout… Une création solitaire. La création proprement dite. Je sais que d’habitude…
It fits the subject exactly. Our anxieties, our desires… It’s time for love. Rire sans fin, sans forme. You treat me like dirt. Elle largue son fils au milieu de nulle part. Culpabilité possessive. La maltraitance des fleurs.
Dégager les pétunias. Feux du hasard. Quelqu’un est mort. Les roses flottantes. I swear I can fly. I reach other skies. Le poulbot sexy, un peu gros. Les mots appris en Bretagne. Les musiques détruisant le paysage. Rajoutant du chaos sage, concassant les murs. Les routes. Les poutres. Adolescence simple et touchante. I wish I were you. Let me come inside of you. Toi, le blond, toi, le brun, toi le jeune et pour toujours. L’amitié sèche, muret de pierres. He taught me how to love, but not how to stop. Mother Rose. Just a vanished ghost… Tourner l’image. Les roses à ma porte poussent sur la vigne vierge et ont caché les épines et la peine.
Science, mathematics. The king of a nothing.
Sa mère, Andy, il l’avait mise au sous-sol. Ce n’est pas qu’il ne l’aimait pas, il l’aimait. Mais il valait mieux la ranger. À Paris, où peut-on ranger sa mère ? Au sous-sol du Dépôt ? Je ne crois pas. Ta mère, elle flotte sur la Seine ou elle couche avec les sans-papiers, les SDF du canal Saint-Martin avec Augustin. Augustin Legrand qui m’a dit : « Bonjour, Monsieur. »
1962, rappelons-le, est l’année pop. Information stricte, vérité profonde, vérité cynique et parfaite désinvolture. La mort en Amérique. Solitude fauve. Beauté d’indifférence. All is pretty.
Ma mère n’est pas, moi, my best friend. Ton rêve est une Égypte. Avec passion, je navigue dans le livre… L’utilisation d’une caméra inattentive pour partir dans la nuit. Plus d’une page pour chaque minute, presque une ligne pour chaque seconde… Le contraire de « cynique », c’est « con » ou « joyeux » ? Je ne sais plus. « Ah, la Tchécoslovaquie ! Les sapins, la neige… » ânonna-t-il de sa voix sans timbre (parfaitement neutre). En réponse au vide. Nuit, désespoir et pierreries. Fasciné par le vide, il n’est plus que ce que le miroir lui renvoie. La nature, je ne la trouve pas dans le monde, je la trouve en moi. La nature, c’est mon sens d’exister, d’être vivant. Et je n’y suis pas souvent en contact, malheureusement. Mais quand j’y suis, peu importe que je sois dedans ou dehors. Do you understand me ? Warhol sert la soupe ? Et alors ! Écrire en cavalant. Jane birkin va faire une lecture d’Hélène Bessette. S’exciter sur n’importe quoi… Mais oui, on est quelque part… On cavale, on travaille. Le pire, c’est la peur. Oui, Hélène Bessette, c’est donc évident…
C’est effrayant la misère que traînait ce pauvre gamin (Warhol) en même temps que l’intelligence. La folie de lire. La folie de faire des tableaux. L’appartement était peint en bleu ciel. Anglais pur, puissant, viril. L’anglais pour refaire sa vie ! Culte des images. Un artiste disparaît, presque anonymement – où alors entraînant le monde avec lui, entraînant le monde à lui survivre… Francis Ponge, Andy Warhol. Comment s’appelait cette femme ? Hélène Bessette.
La vérité doit être cachée pour demeurer vérité. Cheveux de feu de Nicole Kidman. Une fille de Noël fume dans la rue. Tu dis ça parce que tu es en colère… – Un peu. (Le catho au SDF.) J’aime pas l’humour ! Moi, j’habite dans les bois…
La Sainte-Chapelle bloquée comme dans un zoo. Le sapin pur est en or. La nuit de Noël remet le monde dans la nature. Mon ami Andy (Warhol), mon compagnon, dont je viens de finir la biographie. L’eau n’est pas au milieu de la vie. j’ai lu la biographie d’Andy Warhol comme un roman. Être utile à quelqu’un. « J’aimais bien être avec lui, physiquement, parce qu’il est souple. Et même dans nos rapports sexuels, c’était… », raconte mon ex. Quels amis ? Vous voulez dire mes chats ? L’escalier mou comme de la neige. Les choses douces. Polar bears are in jeopardy. Il faut quand même vivre, il ne faut pas attendre. La masse des moutons. L’amour. L’amitié. Éventuellement. Même ceux qui sont morts ont écrits des choses sur la vie qui me sont si proches… Vite, vivre. La masse des moutons dans l’obscurité de la tombée du jour. Et que sont-ils devenus, les souriants qu’on a jamais eu la chance de revoir ? De l’absence et de l’attente, un scénario se forme. L’homosexualité, clairement, maintenant, le livre s’ouvre à la page de l’homosexualité : le refus du bonheur. Mais je vais perdre mon public. (Toujours l’idée de perdre et il faudrait de la joie !) Les moutons dessinent par leurs récits la masse des collines. Ils dessinent par leur vie. Pourquoi c’était si horrible ? À cause de lui ou à cause de ma souffrance à écrire ces bêtises ? Lire à travers les larmes, si on est sensible. Un mélo. L’échéance approchait. Pull rouge ou serviette rouge me plaisent en hiver. J’aime la vie, j’aime la mode. J’aime la beauté. Le secret de la vie est assez simple : ne pas réfléchir.
Yves-Noël Genod, Paris, décembre 2006.
(Ce texte a été publié en ligne sur le site de la revue "Ouest/West" : http://www.po8alouest.blogspot.com )
(C’est ça aussi, la qualité.) Jeanne d’Arc sans les Anglais ne serait rien… (Hope for pop has arrived with Regina Spektor.)
I strayed a few block in the wrong direction.
Yet I’m, oh, so opaque. Après moi le déluge. Pourquoi la nuit ne veut pas venir le sommeil, mais la sensualité ?…
Café Monet.
She’s Hitler ! Marie-Thérèse À Lier est un enfant hurlant, rubicond. Personne n’est le friend de sa mère.
Avancer dans l’écriture, c’est à la fois avancer dans la connaissance, les informations et… la disparition.
An apology letter. D’une mauvaise façon… Les maisons lentes et majestueuses.
Disparu dans un pays chaud.
Ô calme sœur. Are there girls ? Not many.
Détestation et ravissement.
Tatiana Karl was perhaps in the house.
Le dialogue romanesque, suscitant la diffraction de la voix unique, permet d’échapper au vertige des métamorphoses et des contradictions. Dans la crise, il met du jeu.
Or, un jour, comme je regardais couler la Seine…
Nous descendîmes sur les quais pour une série de photos. Ce que c’est bête, les amoureux à Paris (surtout près du pont Neuf). Alors, la Dame aux camélias…
De son côté, Julie Scherer étudiait Aristote.
Cachant son sexe derrière ses mains. L’art et la culture. La culture est un commerce.
Godard, est-ce simple et compliqué ? (Mauvais sourire.)
Société de loups. Chirac bouffe. Dans une galerie noire, une odeur d’herbe. Andy Warhol asperge sa maison d’eau bénite. « Est-ce que je vais laisser le monde se faire sans moi ? », clame le petit singe capucin. One Flew Over the Cuckoo’s Nest. Un néant de nuances. Le néant se promène librement entre les choses. Naturally, one could laugh at madness. Clearly, the Marx Brothers were all mad. In the UK, the mental illness du jour seems to be bipolar disorder (« manic depression » rebranded). Carrying as it does the patina of creativity and « interesting » behaviours, celebs have been queuing up to claim it as their affliction. Les mots sont encore indécis, prophètes, escrocs… Diamants, guerre, argent, plume… Illegal diamonds are still being traded and finding their way onto the market. The northeast ridge of Everest.
Qu’est-ce qu’on va se mettre à raconter quand on est une femme ? D’abord, on va se mettre à raconter, avec un sujet, etc. Le bon sujet, on va tomber dessus. The manic interludes in depression. Un océan de nuances. Christophe the insulter.
Les bas-fonds honteux de la littérature. Witold Gombrowicz ne dit pas autre chose lorsqu’il affirme que l’artiste est une sorte d’ « aristocrate aseptisé » qui éprouve un désir particulier de se rendre inaccessible à autrui. Reverdy nous parle d’une vérité qui « ne sort de son puits que pour nous séduire et nous y entraîner ensuite indéfiniment car c’est un puit qui n’a pas de fond »…
Quitter New York pour écrire. La pluie parfaitement fine et intelligente. Il faut que je sois à la fois sévère et à la fois adorable avec moi. C’est difficile de savoir seul comment y faire. C’est pour ça que Guillaume… Des paysages gracieux et infinis. Des tigres dans un parc. Les tigres attirent par leur beauté, leur douceur, leur amour éventuel, le danger. Ils attirent aussi par leur ensemble, l’animalité, la divinité, l’enfance (ce sont des jeunes tigres), la jeunesse. Je dormais avec Benjamin qui vient d’aménager près de chez moi parce que j’avais perdu mes clés au Petit Marcel. La chambre de Benjamin surplombe l’infini delta de la gare du Nord. Benjamin possède dans sa chambre deux plantes merveilleuses. Tout cela a fait qu’ayant perdu mes clés, j’ai vécu dans la nuit avec Ben une aussi belle journée que celle que j’avais passée naviguant toute la journée dans Paris avec mes Ray-Ban, mon look Dior et mon iPod – rencontrant des amis et passant aux yeux des autres pour une star.
« Pour rêver, il ne faut pas fermer les yeux, il faut lire. La vraie image est connaissance. Ce sont des mots déjà dits, des recensions exactes, des masses d’informations minuscules, d’infimes parcelles de monuments et des reproductions de reproductions qui portent dans l’expérience moderne les pouvoirs de l’impossible. Il n’y a plus que la rumeur assidue de la répétition qui puisse nous transmettre ce qui n’a lieu qu’une fois. L’imaginaire ne se constitue pas contre le réel pour le nier ou le compenser ; il s’étend entre les signes, de livre à livre, dans l’interstice des redites et des commentaires ; il naît et se forme dans l’entre-deux des textes. C’est un phénomène de bibliothèque.» (Michel Foucault.) Je suis tout seul ici. D’Hervé Guibert, je repense à Michel Foucault. Nous avions la même voix. (J’ai raconté ça à Pascal et à Bénédicte, au Petit Marcel.) A colorless, transparent, odorless, tasteless liquid that form the seas, rivers, and rain and is the basis of the fluids of living organisms. Un enfant-bijou. Accessoire.
L’éponge, vas-y. L’éponge magique pour Ramzy.
Je rougirai quand je te verrai… (C’était) la musique du SFR. Un type qui joue de la guitare avec sa bite… Comment on dit ça ? Maudits Français… Les rochers, la mer, à heure régulière.
Et, toujours vivante, occupée, pleine de manières, même l’hiver, même quand on y pense. La pointe du Bindy. Au Bindy. J’adore le show-business. La masculinisation des coquillages. Encore refuser l’hiver ? Rencontrer Benoît. J’entends ronfler. Il est trois heures.
L’idéal d’une vie provisoire
Andy Warhol faisait signer ses œuvres par sa mère. Curieux bonhomme, si intelligent… Demain, je lirai toute la journée, j’écrirai… et je ne sortirai que vers le soir. Avec Pascal et Bénédicte, nous avons parlé des gens vierges. J’avançais les noms de Warhol et Baudelaire, celui de Gogol, eux celui de Kleist. Je m’émerveille que les mots brillent. L’exil, l’exil à la maison…
Boxing day.
Quatre franches rigolades en Franche-Comté. L’école, chambre d’écho. Je pourrais ainsi vivre dans un décor muré. Les homosexuels ne m’aiment pas. C’est un amour facile, mais impossible. Facile car impossible. En fait, impossible…
J’ai passé la plus grande partie de ma vie à sillonner les océans et à défier les tempêtes. J’ai bourlingué sur toutes sortes de navires. Je m’étais juré de ne plus revenir ici. Et pourtant me voici, approchant fébrilement le bassin et la presqu’île de ma jeunesse…
Oui, pendant mes longues années de mer, j’ai vainement tenté d’oublier cette côte de sable et de pins et cet ami fidèle que je vais revoir aujourd’hui.
Je sais qu’il m’attend, dressé comme aux premiers jours entre le ciel et la terre, insensible aux changements de temps. Lui au moins ne m’a pas trahi, il a survécu…
Pourtant je ne veux pas le regarder, pas encore, je veux d’abord me souvenir, remonter le temps et en finir avec le remord qui me ronge. Oui, le phare du cap Ferret m’attend.
Solitude sexy, c’est là d’où je ressens. L’émotion serrée. Le cœur prisonnier, enfermé. Parfois, de perdre un mot peut aider. Peut-être. Et sous tes rêves, il y a parfois des pièges. On sent que y a un truc qui cloche, mais on n’est pas équipé.
Les pauvres, ils s’en foutent de la croissance, ils veulent des croissants, eux, n’ont faim, n’ont froid ! C’est tout de suite, les pauvres, ils ont froid ! Faut les aider main’nant, leur donner à manger main’nant, les soutenir main’nant ; c’est un problème de main’nant ! Les bobos, ils y vont dormir dehors, eh bien, tant mieux, on en parle, ça aide les pauvres gens, tête de con !
Inidentifiable solitude, je ne sais pas la limite, la différence, les vivants et les morts, je ne sais pas mourir, vivre, aimer, te tuer, t’aimer, te sourire de haine, d’ironie, de sarcasme.
L’Italie, même, je la connais pas, ni l’amour ni les pays montrés de l’amour, des îles, de l’Italie, de l’inatteignable – filmé, filmé, comme l’amour, inatteignable, je ne sais pas, ni l’amour, l’amour, je ne sais pas, ni l’amour, la solitude incrustée comme des vieilles chaussettes au pied, l’amour, la saleté. Solitude réputée, ennuyeuse. Nuit de Noël sans bonheur. Évidemment, je m’y colle, physiquement, dans la merde... Neige prussienne, cruelle, sur les visages et les vitres.
You don’t think I tried ? Tu ne me pardonneras jamais ? Au milieu de la nature. And if you ever feel really happy, be patient, this will pass.
Je voudrais jouer le rôle d’un manipulateur, un manipulateur du monde. Les valeurs négatives… que l’on retient. Solitary and introspective. Le sentiment que le monde est si loin. Et il n’est question que de ça. Le monde est loin. Les montagnes. Les choses de l’esprit, de la métaphysique. Mais la main qui s’approche, c’est tellement tout. Emotional ambivalence. C’est autre chose. Il faut pas oublier qu’il a inventé ce qui maintenant est devenu la tarte à la crème. A commonplace. Le chevauchement du son et la pureté du son tout le temps, tout le temps… Je ne dis pas sur ce qu’il dit, mais de la façon dont il le dit. Chacun d’entre nous a sa trajectoire. A burst of music. I thought I was mastering the world. One minute later, I was caught. Facilement dit, tout ce qu’on lit… You can read what he’s writing. A criminal, a cope and a girl. Something is not quite right. Oh, Jeanne. La femme que j’aime. Oh, Jeanne, quel drôle de chemin il m’a fallu prendre… Beauté de la langue, l’île Saint-Louis. La modernité. L’amour sûr, inévitable, les larmes. Crudité. Tendresse emprisonnée (avec consentement). If you make that jump. A movement of a soul. The movement of the soul watching it. Sensualité des mains, de l’horreur, de la masculinité. Tout – et de la meilleure grâce du monde. Des foules filmées. Je m’adresse à la presse. I was walking on air, with the world at my feet. I slept until morning. Soul transit. This soul floating around… quand à la chute du plaisir… (Je parle de l’Eden) Vous finirez bien par l’admettre… To manipulate you or pretending not to manipulate… Vous êtes triste ? Rire d’un livre relié. Des films d’étrange nature. Et la musique envahissante, envahissant le monde… Il y a des choses où l’anglais ne progressera pas.
L’envahissement du monde. Cela dit, nous ne sommes pas les seuls de notre avis… Le cinéma pénètre certaines zones. …et la musique qui donnait la parole à la parole. Depuis l’enfance jusqu’à la mort avec… enfin, avec tout… Une création solitaire. La création proprement dite. Je sais que d’habitude…
It fits the subject exactly. Our anxieties, our desires… It’s time for love. Rire sans fin, sans forme. You treat me like dirt. Elle largue son fils au milieu de nulle part. Culpabilité possessive. La maltraitance des fleurs.
Dégager les pétunias. Feux du hasard. Quelqu’un est mort. Les roses flottantes. I swear I can fly. I reach other skies. Le poulbot sexy, un peu gros. Les mots appris en Bretagne. Les musiques détruisant le paysage. Rajoutant du chaos sage, concassant les murs. Les routes. Les poutres. Adolescence simple et touchante. I wish I were you. Let me come inside of you. Toi, le blond, toi, le brun, toi le jeune et pour toujours. L’amitié sèche, muret de pierres. He taught me how to love, but not how to stop. Mother Rose. Just a vanished ghost… Tourner l’image. Les roses à ma porte poussent sur la vigne vierge et ont caché les épines et la peine.
Science, mathematics. The king of a nothing.
Sa mère, Andy, il l’avait mise au sous-sol. Ce n’est pas qu’il ne l’aimait pas, il l’aimait. Mais il valait mieux la ranger. À Paris, où peut-on ranger sa mère ? Au sous-sol du Dépôt ? Je ne crois pas. Ta mère, elle flotte sur la Seine ou elle couche avec les sans-papiers, les SDF du canal Saint-Martin avec Augustin. Augustin Legrand qui m’a dit : « Bonjour, Monsieur. »
1962, rappelons-le, est l’année pop. Information stricte, vérité profonde, vérité cynique et parfaite désinvolture. La mort en Amérique. Solitude fauve. Beauté d’indifférence. All is pretty.
Ma mère n’est pas, moi, my best friend. Ton rêve est une Égypte. Avec passion, je navigue dans le livre… L’utilisation d’une caméra inattentive pour partir dans la nuit. Plus d’une page pour chaque minute, presque une ligne pour chaque seconde… Le contraire de « cynique », c’est « con » ou « joyeux » ? Je ne sais plus. « Ah, la Tchécoslovaquie ! Les sapins, la neige… » ânonna-t-il de sa voix sans timbre (parfaitement neutre). En réponse au vide. Nuit, désespoir et pierreries. Fasciné par le vide, il n’est plus que ce que le miroir lui renvoie. La nature, je ne la trouve pas dans le monde, je la trouve en moi. La nature, c’est mon sens d’exister, d’être vivant. Et je n’y suis pas souvent en contact, malheureusement. Mais quand j’y suis, peu importe que je sois dedans ou dehors. Do you understand me ? Warhol sert la soupe ? Et alors ! Écrire en cavalant. Jane birkin va faire une lecture d’Hélène Bessette. S’exciter sur n’importe quoi… Mais oui, on est quelque part… On cavale, on travaille. Le pire, c’est la peur. Oui, Hélène Bessette, c’est donc évident…
C’est effrayant la misère que traînait ce pauvre gamin (Warhol) en même temps que l’intelligence. La folie de lire. La folie de faire des tableaux. L’appartement était peint en bleu ciel. Anglais pur, puissant, viril. L’anglais pour refaire sa vie ! Culte des images. Un artiste disparaît, presque anonymement – où alors entraînant le monde avec lui, entraînant le monde à lui survivre… Francis Ponge, Andy Warhol. Comment s’appelait cette femme ? Hélène Bessette.
La vérité doit être cachée pour demeurer vérité. Cheveux de feu de Nicole Kidman. Une fille de Noël fume dans la rue. Tu dis ça parce que tu es en colère… – Un peu. (Le catho au SDF.) J’aime pas l’humour ! Moi, j’habite dans les bois…
La Sainte-Chapelle bloquée comme dans un zoo. Le sapin pur est en or. La nuit de Noël remet le monde dans la nature. Mon ami Andy (Warhol), mon compagnon, dont je viens de finir la biographie. L’eau n’est pas au milieu de la vie. j’ai lu la biographie d’Andy Warhol comme un roman. Être utile à quelqu’un. « J’aimais bien être avec lui, physiquement, parce qu’il est souple. Et même dans nos rapports sexuels, c’était… », raconte mon ex. Quels amis ? Vous voulez dire mes chats ? L’escalier mou comme de la neige. Les choses douces. Polar bears are in jeopardy. Il faut quand même vivre, il ne faut pas attendre. La masse des moutons. L’amour. L’amitié. Éventuellement. Même ceux qui sont morts ont écrits des choses sur la vie qui me sont si proches… Vite, vivre. La masse des moutons dans l’obscurité de la tombée du jour. Et que sont-ils devenus, les souriants qu’on a jamais eu la chance de revoir ? De l’absence et de l’attente, un scénario se forme. L’homosexualité, clairement, maintenant, le livre s’ouvre à la page de l’homosexualité : le refus du bonheur. Mais je vais perdre mon public. (Toujours l’idée de perdre et il faudrait de la joie !) Les moutons dessinent par leurs récits la masse des collines. Ils dessinent par leur vie. Pourquoi c’était si horrible ? À cause de lui ou à cause de ma souffrance à écrire ces bêtises ? Lire à travers les larmes, si on est sensible. Un mélo. L’échéance approchait. Pull rouge ou serviette rouge me plaisent en hiver. J’aime la vie, j’aime la mode. J’aime la beauté. Le secret de la vie est assez simple : ne pas réfléchir.
Yves-Noël Genod, Paris, décembre 2006.
(Ce texte a été publié en ligne sur le site de la revue "Ouest/West" : http://www.po8alouest.blogspot.com )
Une saison en enfer, Mike et Foxy
Photos Marc Domage. Jean-Philipe Dugand, Soazig Ségalou.
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Balayées, les années soixante
Balayées, les années soixante. Personne
rencontré.
Le français.
Tes bouquins, tout ça, ça t’aide pas ! Et ça veut dire quoi, être amis ? Un enfant de quelle taille ? Une bataille de jambes et de sabres de bois. Ça t’intéresse, les femmes nues ? Oui, ça m’intéresse. Non, ça ne m’intéresse pas.
Une jeune fille photographiée. Être aimé d’une foule de gens. La vie, ils la souffrent.
La colonie organise un bal. Je veux connaître tes secrets.
Si nous pouvions dormir ensemble une nuit entière…
Elle se cache en garçon. Merde, Phil est déguisé en gonzesse ! Où s’est-il trouvé ce costume de nounours ? Comment se fait-il que le passé était si laid, si mal fait ? Mademoiselle, mademoiselle… La belle fille, la plus belle… Attiré par la cendre des visages et la nuit vernaculaire et la cendre des envies,
les violons de la vie. Tu es bas, mais n’aie pas peur de ça. …refusé par les gens de son âge. Le film passe à l’Ouest.
La mort, on ne peut pas faire comme si elle n’existait pas…
Elle n’existe pas.
La ville, c’est donc un prolongement, d’y vivre. Et la campagne. Été, ce qui a été se prolonge… Les blés, les grèves, les raccourcis. Dieu, c’est-à-dire le choix. Le choix exprimé. Bien ou mal. Le destin de l’homme, c’est la liberté. Écrire ne me paraît pas toujours généreux. Si Dieu existe, l’homme n’existe pas. Quand je veux écrire, toujours l’enfance. Brouillard doré. Ce n’est pas aujourd’hui que vous allez mourir, restez avec moi. (Ce n’est pas aujourd’hui que moi non plus je vais mourir.) Je voudrais que Liliane Giraudon me parle encore de Maurice Roche et de l’histoire littéraire. Mardi, je dîne, chez elle, avec Hélèna Villovitch, « On fera parler les ados. », m’a-t-elle dit à l’oreille. Elle me promet un article dans « Elle » si je joue trois mois à l’Odéon, mais trois jours à la Ménagerie, ce n’est pas possible. On ne prête qu’aux riches. Elle dit qu’elle s’habille du mieux possible quand elle va à « Elle » parce qu’elle pense que quelqu’un de bien habillé a plus facilement une augmentation. Ah, oui, l’habit fait le moine…
Elle écrit, en ce moment, elle lit moins. Enfin… elle lit, mais elle ne fait pas attention. J’aime bien Hélèna, elle dit que mes spectacles lui font penser aux bandes dessinées d’Édika. Elle m’a dit aujourd’hui – il faisait un froid sec, merveilleux, au marché. On a pris du café dehors comme à la neige sous un faible soleil – : « Je t’ai toujours vu en phase maniaque, je ne t’ai jamais vu en phase dépressive. »
Écrire, quelle jouissance, quelle hygiène ! Ce soir, je vais revoir Marlène pour la générale de Marcial au théâtre de la Ville. L’amour, la joie peut revenir comme on dégaine. (J’écris de plus en plus mal – avec le froid qui engourdit les doigts, en plus – j’avais d’abord relu : « comme on déjeune ».)
Il y a toujours menace d’envahissement du texte par l’illisible. Montée des eaux, un engloutissement des îles à fleur d’eau. Les montagnes sécurisent et c’est l’audace. Our environment is dying. That sucks ! Life on earth… Vous faites de la vidéo, vous vous retrouvez dans un immense appartement blanc. (Un appartement de Blancs.) The illusion of a debate. But what so bad about CO2 ?… Des Maelstroms… Mon père ne connaissait pas le mot. (Derniers mots avec mon père.) Pierre Guyotat, dans son premier ou deuxième roman, renouvelle la langue avec une telle exactitude que j’ai l’impression de lire en anglais, directement. J’ai la même impression que quand je lis en anglais directement. Les informations affluent en langue étrangère. De même, je garde le goût du cinéma français à cause d’un film : Les Amants réguliers, de Philippe Garrel, je garde le goût de la littérature française à cause d’un récit : Coma, de Pierre Guyotat. Il y avait comme une lèvre rose au bas du ciel.
Au bas du ciel. Franche énergie de la destruction (ou création), culpabilité, ensuite. Culpabilité de vivre, de se débrouiller faiblement, de « s’arranger avec le système », de s’adoucir, peureux, de la sauvagerie. Live fast, die young. Live fast, die old… Culpabilité d’être né de ces imbéciles. Et de les reconnaître comme ma progéniture. Avec quels yeux, eux, me regardent-ils ? On croit qu’ils savent tout. Ils m’ont vu à chaque étape. Ils n’ont rien vu, tout est dans la tête… Moi, par contre, j’ai vu, j’ai aimé.
J’ai vu des jeunes filles de mon âge. Campagne meurtrie, meurtrière. Dans un texte précédent, j’ai parlé du docteur Johnson. J’en reparle. Je ne m’étais pas trompé…
Le docteur Johnson existe, il est celui qui court vers le château. Johnson court vers le château. Je marche. La neige craque comme une meringue. C’est tout de même étonnant… La nuit tombe. Le désespoir, formule ouverte. Je n’ai pas de volonté à la mesure de mon imagination. Ensorcellement. Crime de désespoir. Je voyage avec mon frère (camping) par l’Italie et la Yougoslavie vers la Grèce. Puis, de nouveau, le Finistère. Mais je voyage en Italie. Avec ma sœur. Mon frère André. Je suis célibataire, je rencontre des filles au hasard des routes. Je cherche plus que tout à rejoindre un ami à Dieppe…
Scène avec ma sœur parce qu’elle ne comprend pas ce que je n’avoue pas.
Il y a les ferries qui partent dans la nuit, frontières éclairées. Les trains acheminent. Vous voyez vous rapprocher les événements. Vous les connaissez. Vous connaissez les maladies, les fratries, les dessins des tapisseries sur les murs. La fièvre, vous la partagez avec tous ceux qui ont froid. Capitaine, je préfèrerais que vous me réserviez les caresses que vous faites à mon chien. Écrire un livre sur un livre. L’émotion. Tous participent, tous les inscrits. Alors le livre sur le livre qui nous relie. Des pas dans la rue éternellement neuve, éternellement fraîche. La prison de la Santé. Celle qui traverse le cimetière du Montparnasse. Paris, chargée de… – brassées ! – on s’y faufile, on s’y faufile… J’avais une collection de livres. Adolescent, c’est là que l’ouverture du monde était la plus grande. L’imagination traversait totalement les murs. Environnement clair, malgré le lit d’enfant. Malgré le poids féminin, l’engluement du père dans le poids féminin et la disparition du féminin, l’occultation.
Le rat est décédé, petite patronne ! Si on dit : « puissance de l’imagination », alors, allons-y, dites : « puissance » ! Je parle à partir d’une combe, d’une dépression… Élan créateur relâché. …de n’en avoir jamais assez vu d’un voyage, par exemple. Color, shape, content and scale. There is no poor subject.
Et, comme par hasard, à partir du moment où j’ai commencé à faire des lavements, ça va nettement mieux…
La ville, infinie de toutes les époques, grise comme un film…
…je veux ça, je veux ça, je veux qu’on fasse ça, on fasse ça, voilà ! Les tableaux filmés sont plus beaux que les tableaux réels. Qu’est-ce que c’est, la ville ? Les couleurs sont limpides et les formes étudiées. Elle a dit que le chou, c’est poétique et que la banane, c’est cochon… Les bonnes courent, s’enfuient comme des rats au coup de feu. Un chèque, please. Please, un chèque… Je vais me pendre à la vieille poutre apparente. Impossibilité de dire sans mal dire. En français : « Ah, je vais jouir. » L’intelligence de peu d’action. Poésie, intelligence brisée. La matière, tu l’aimes, tu la désires, tu la redoutes. Tu la manges. On peut apprendre à un enfant n’importe quoi, injurier sa mère, un enfant de roi. De n’importe quelle époque, à vélomoteur. Qu’est-ce que je suis en train de vivre ? L’accord du livre. Avec toi, avec l’éditeur, etc. L’accord, le métier. C’est fou ce que ça m’échappe, tous ces gens qui aiment Angot. Moi, j’aime bien Angot, mais pas tellement non plus. Nihilisme affectif. Bruit, fracas de l’être et des galets dans l’exactitude d’une solitude à Belle-île, tantôt. C’est dans la solitude que je peux rétablir, rectifier la géométrie. Triangle clair de l’eau et du rocher, du sable, de la transparence. Mais ça n’a lieu qu’une fois. Ensuite, théâtre à Paris. A fresh way of looking. On est tous ensemble, on peut s’entraider. Sèches manipulations. Manger le cœur. A canvas is never empty. Rentre à l’extérieur, rentre à l’intérieur. Le château du chef. Comment Dieu permet-il toutes ces souffrances (décrites à la messe) ? Non, seulement il permet, mais c’est de sa faute ! Pierre Guyotat dit : « C’est bien la moindre des politesses. » Qu’il soit miséricordieux. « Il doit racheter son erreur. » La famine, imaginez qu’il n’y ait pas à manger. (Je vous passe les détails.) (C’est pourtant le plus intéressant.) Nulle part il n’y a rien à manger, même pas une racine, un bout de pneu, une olive, une cerise. On peut boire sa pisse et manger son caca (pendant un certain temps). Après l’accouchement, on sort de l’hôpital par la fenêtre, on va se laver au marigot. Embrasse-moi avant de faire dodo. Où est mon pouce… mon pouce… mon pouce ? Je vois à ton attitude que tu n’es pas frivole comme moi, c’est dommage. Pendant ce temps, à New York… Se désirer objet. Les hommes étonnent, en bien comme en mal. Que dire des hommes ? Que d’inventions, que de folies ! (À partir de notre perception, bien sûr. Peut-être, d’un autre point de vue…)
Les hommes disparaissent dans les hommes, comme des gigognes et réapparaissent recomposés, jamais les mêmes, un peu les mêmes, jamais différents non plus, mais jamais mêmes. Tout le monde a vécu plein de choses aujourd’hui. Dans la ville, se débrouiller, se précipiter partout pour amasser le plus possible d’informations, en apprendre sur tout. Par exemple, à l’entrée d’un cinéma, dans un article photocopié : « Ce n’est pas avec ce gangster de Paolo Branco que je vais m’acheter un appartement ! » Plonge dans une nuit d’idées. La lune froide comme l’intérieur d’un bras. Nous irons à Ouessant. (Mais n’amoindris pas…) Marguerite Duras n’a jamais eu confiance en elle. Elle a été, depuis la prime enfance, séparée de son être. Elle était où ? Elle était dans sa conscience. Seuls les mots l’ont fait tenir debout et ensemble. C’est une construction bringuebalante. Elle décide alors de faire de son écriture (et de l’alcool, il faut bien le dire) une sorte de possibilité de Dieu. Elle a aussi écrit : « Je croyais en ma mère à l’égal de Dieu. » Oui, toutes ces histoires… Mais maintenant… Dans son œuvre, ce n’est pas l’écrivain qui a le rôle principal, c’est le lecteur. La place du lecteur en creux. Les putains, brillantes, vêtues de robes faussement luxueuses. Foi, Espérance, Charité (qualité du cœur, aptitude à aimer). Les trois vertus théologales. Laquelle est la plus importante ? Peut-on les vivre indépendamment les unes des autres ? Pour ma part, j’espère et j’aime. Hélène me donne un peu de sa clé. Foi, Espérance, Charité… Plonge dans une nuit d’étoffe. « Ne réfléchis pas trop. », m’a dit Thomas. Je le revois vendredi. Il fait un froid délicat à Paris, un soleil, une dentelle que la lumière fait de la ville. On entend, comme toutes les nuits, cette femme qui marche dans la rue. Soleil sur la nuit. Splendeur de la nature. Thomas Gelber travaille, lui, toute la semaine… Ils travaillent tous. Tous, ils travaillent. Mettre du soleil partout. Mettre du soleil partout. Un malheur marche sur les talons d’un autre quand ils se suivent de près. Cette partie du monde : le cul. Tu es gay ? Doutant de la nature… Mais on aime toujours… Arbres au-dessus du berceau. Les mille et une fenêtres du sommeil. Dans la forêt qui est dans mes yeux. Venus rising from the foam.
Une ville pour être pardonné… It’s where everyone comes to get fucked… Therefore, we’re sane. Home peut être impitoyable (unforgiving).
New York est la ville de tous les pardons. The gifted and challenged.
Ça va tanguer cette nuit : pluie, puits, puis, luit. La notion d’espace littéraire évacue la notion de qualité. Un texte très mal écrit peut se révéler de la grande littérature, quand un autre, pourtant très bien écrit, n’est pas de la grande littérature. Je ne suis pas contre les autres auteurs. Mon livre est contre lui-même, il travaille contre sa propre exigence, qu’il n’atteindra bien entendu jamais. Être grossièrement heureux. L’Italie, les cris. L’Italie dans des villes creusées. Écrire facilite. Un chameau, un cheval tombe. Quelqu’un portait l’immense drapeau américain sur un cheval. Oh… he wrestled like a girl… Les drapeaux flottent comme la peau. La peau qui desquame. La jeunesse pure, parfaite. You listen to the music, you close your eyes, you feel the movement in your body and just you follow like you want with your body the flow of this music. Je viens de rencontrer sur le bateau un des créateurs du Muppet Show et des persos de Star Wars, j’hallucine ! Terrible images that has been left in my mind. Il n’y a rien de caché, il n’y a rien de minable, Beckham est le plus joli gars du monde et Posh est une merveille. How would you report a plane crash that happens tomorrow, today ? Because of the color of me skin. L’Angleterre, l’Amérique rit. Buying a slave. We don’t do that ! Une pin-up. Glorious country de ton enfance. Le mystère des voix bulgares. Le sens s’échappe à chaque léger instant. This is not a zoo, this is a farm. Mystérieux mélange d’amour. A farm is like a rubbish zoo, obviously. Oh, yeah, celebrities… L’Amérique est un pays sans limites. Sans limites intérieures. Ils sont à l’intérieur et, à l’intérieur, il n’y a pas de limites. On le voit dans les vidéos. Tout est faux, tout est vrai. Dieu est faux et vrai. Le passé est faux et vrai et les écrivains ont écrit le vrai. Brief nudity. J’ai envie d’haricots verts, avec les rougets. C’est à cause d’une journée, d’une photo… Les lettres apparaissent, la vidéo est manifeste. Les passe-temps de l’Amérique. Les filles montrent leurs seins, leurs faux ou vrais seins…
Le dernier des Juifs. Le message du roi des animaux. Les droits des animaux. It’s wrong and unscientific. L’intelligence aussi peut faire sourire. Le sourire d’écrire des pages pour être lu. Wicked. We have an animal in this studio. Vous vous passionnez, vous êtes dans un aquarium et vous démêlez les langues or whatever. Dans un laboratoire, un bain d’amour. (Un scientifique bain d’amour.) Pour des gens que vous n’êtes déjà plus. Il est possible de gagner de l’argent sans limites. Il est possible d’arriver de la rade avec un yacht grand comme un immeuble et d’arriver dans le bleu et de monter les marches de marbre blanc jusqu’à la terrasse du lunch au-dessus de l’eau bleue, du squelette de l’eau bleue et du ciel.
Let’s talk about a big thing : death. One hundred percent. L’intelligence – et toujours – frôle la bêtise, c’est comme ça, c’est la seule solution. Vous pouvez utiliser des aimants.
Paris, arrivée à son terme. Borat renverse la mesure. L’enfant américain est moche, à priori. Bacon and cream cheese. Rentrer dans un livre. Attention, j’ouvre la porte. This is not a real person. The chairs become your lovers. A smile as wide as the Seine. France has to adapt or die. That sense of stagnation… D’une incroyable douceur avec tout le monde. A red carpet. Un effort de liberté. Tous les gens jouant le monde. Aux fenêtres, étend du linge. Une pipe au miel.
Il y a un puit d’horreur et la vie tourne autour comme un Disneyland si on la contourne.
Un nègre lit « Le Monde » comme un homme d’affaire.
Un homme qui vient d’où ? D’une civilisation, laquelle ? Se voit au prix de ses vêtements…
On y va. La danse à deux cents pourcent. Cent pourcent à l’extérieur, cent pourcent à l’intérieur.
Dans l’escalier, j’étais dans mes pensées. Un couple m’a croisé et, en me dépassant, l’homme m’a dit : « Bonsoir. » J’ai répondu : « Bonsoir. » Judith Cahen se plaint que je ne l’ai pas vue dans le hall du théâtre. Ce qu’elle ne sait pas, ce que personne ne sait, c’est le nombre de lettres d’insultes qu’on reçoit quand on fait ce métier. C’est comme l’eau sur les plumes des canards, maintenant. Les gens vous prennent pour leur chose, ils veulent que vous restiez correct. Mais enfin, non, il y a un forçage, là. On m’appelle de la rue… Mais qui me connaît ? Les bourreaux ne parlent jamais. Le silence est leur essence. Regardez les Anglais : ils ont décolonisé avec une certaine élégance et tourné la page pour devenir une nation moderne, pluriculturelle, dynamique, ouverte, riche de toutes ses diversités…
L’eau et les collines. Tout en traversant les paysages de France. Silence, fenêtre ouverte sur la montagne. Au creux d’un récit que j’invente. Je sais que je vais retrouver la maison mais que, dans le jardin, il n’y aura plus une seule rose, même pâle et mourante. Dans la nuit, de lourdes gouttes de pluie ont arraché les pétales des dernières roses, déjà très ouvertes, décolorées, mourantes. Jonathan Littell invite à jouer aux soldats de plomb. J’arrive aux heures secrètes : les deux heures que je prends sur le sommeil après minuit, les atteindre est comme un soulagement, une récompense : personne ni la pensée de personne ne devrait me déranger dans ces eaux-là : rien qu’à moi, rien qu’à moi, de minuit à deux heures du matin, puis je dors… Et si je ne dors pas, c’est que quelqu’un, la pensée de quelqu’un vient encore me déranger… Marie-Thérèse À Lier. Introduction d’une folle (son nom l’indique) dans un roman raisonnable (roman sensible). Marie-Thérèse À Lier est une grosse boule puante. Patrick, vous pouvez me vendre des cigarettes ou pas ? (Voix cancéreuse.) A little croissant. Qu’est-ce qu’était Dieu ? C’est une matière plastique qui est dans tout. On pourrait toujours se croire l’été. La couleur chômage. Civil war relics. Chaleur pure. Les vaches dans la maison, la sœur pour coucher avec.
The location was a theatre somewhere in North London. « Vivre, c’est réussir. », disait Marie-Thérèse À Lier. Mademoiselle Marie-Thérèse À Lier. Marie-Thérèse a commis un crime somewhere in North London. Bouche bée, immobiles, nous regardâmes tomber la neige noire de janvier.
Comment peut-on écrire et penser à écrire ? Les couleurs sont comme des plaques, des rideaux de magie qui nous séparent de la nuit, de la mort et de la vie. On embrase le monde, on embrasse… Se suspendre au paysage… Ils ont tous aimer. Après, on fait mine de raconter l’histoire. Le dahlia noir.
Son festival lui sert de couverture pour le blanchiment de l’argent sale. L’argent sale, c’est celui qu’elle se met dans la poche. Si je commence à l’introduire, il faudrait que je raconte sa vie. Mais je la connais comme si je l’avais faite, c’est ennuyeux (peut-être).
Ma sœur, elle, sur une plage de Dieppe. Ma sœur indépendante et légère, chercheuse, fouineuse. Sur les pelouses, les galets, le sable… Courir vers la mer à la tombée du jour, vers le couchant, le sable d’or, les magnolias.
Ensuite, en Champagne, pour dix jours, pour les vendanges. Piscine pour se baigner à poil après le travail. Sauf les filles, jamais à poil. Alors, concours de T-shirt mouillés. Tous mes souvenirs sont réaménagés. Le chien aussi a délicatement été poussé à l’eau. Failli créer un incident diplomatique. Le chien ne compte pour rien, mais pas pour eux. Le soir, sur la colline, retiens l’été…
Fraîcheur, sapins… En Champagne, il y a mon voisin ; c’est une coïncidence, mais qui ne mène à rien. Serge.
Les lacs de rêve. Le vin est bon pour le sang. On inverse les couleurs (les valeurs) : le rouge est la couleur du sommeil. Le noir, la couleur de l’écriture. Un verre de vin comme de l’encre. Il y a à New York, ville gothique. Le chien a peur. Le chien représente la peur. Il n’y a personne et le chien a peur. Que se passe-t-il ? « Qui est là (au milieu de la place) ? », crie l’aveugle qui a peur. On est soudain à l’intérieur des doigts, de la langue et des dents. Les chiens-loups sont imprévisibles. Deux amies coulent des jours heureux. Connais-tu quelque chose aux sorcières ? Cerveau fêlé. Mais, que font les sorcières ? Le mal. Rien d’autre en dehors du mal. La magie est cette chose qui, partout, toujours et par tous, est crue.
Pronto, Frank, tu m’entends ? Le verre de vin était du sang. Déjà c’est noir dans la maison et, si on ouvre la fenêtre, c’est encore plus noir. Par la fenêtre (ou par la porte) entre l’oiseau. L’oiseau chauve. Le maléfice remplit le visage de silicone et il faut fumer (pour maigrir). Elles ne quittent pas l’école. La sortie est à gauche. Les pas vont à droite. La Scola. L’Academia. Deux immenses Russes
et elle, mince, a pu se cacher dans le rideau de même couleur que sa robe. Tanz Akademie. Trois iris. Tourne le bleu. Pane de velours. Tout éclate. Cristal. Et la malédiction. Les choses perturbées. Les portes éclaboussent avant qu’on les touche. La maison s’écroule dans l’escalier. Les plantes vertes fuient leur pot de terre. La rue, la ville, l’inondation. La trilogie des Trois Mères. Ils ne sont rien. Ils deviennent une chose de plastique. Le peuple d’Internet qui me soutient. La langue rose, vieux rose, du chien. Et les pierres du Temple…
La Mère des Soupirs, la Mère des Ténèbres et la Mère des Larmes…
What’s up, vanilla face ? Je suis en silence celui qui rêve. Dans une vaste maison de star, une alvéole. (Une limousine.)
Misère et dans une forêt… I have a car waiting…
Trois iris. Tourne le bleu citron.
On est dans l’infrastructure de la vie et ce n’est pas grave de mourir ou d’être seul – ou de maudire… Parce que l’aiguille tisse l’amour, l’aiguille piquante, d’oursin, de hérisson, de rose. En effet, l’été n’est pas prêt, s’endort…
La Grèce pourtant délicatement ouverte au vent, au soleil et à leurs ambassadeurs, faucons et colombes et à la mer légère (pas prête non plus). Il va falloir aimer la montagne, le montage de la montagne. Et la jeunesse à côté de laquelle nous sommes passés. On est quelque part, campagne déserte, lune trop belle. Il y a cette verticalité des corps dans la campagne et cet affaissement peut-être sur les talus, sur un rebord. Mais l’affaire est mouillée. On n’ose pas – pourtant ce qui se fait tout le temps (sans oser, il est vrai) – l’amour, la rencontre. Que dit Shakespeare ? Not embrasure. Il me plaît, le petit vendeur. Moi, je ne veux rien que vivre et je traverserai la vie sur un cheval. La vie de quel âge ? Plusieurs vies ont déjà été vécues à cause de ces chansons. Dans les cars. La promiscuité adulte des cars à tous les âges. L’incroyable maturité que j’ai toujours eue.
Le soleil devient sous-marin après huit heures du soir…
Seule la montagne peut faire accepter les morts. (La mort.) La montagne, seule, la santé. Le vin est un colorant. Murs perforés, couloirs en pente. Marie-Thérèse À Lier, vieille et boursouflée a été tuée par une épingle à cheveux et sa maison a brûlé (l’académie). (Fresques éblouissantes qui ne servent que pour un film.)
L’enfant, pour avoir l’air sauvage, ouvrait la cannette avec ses dents. Je suis le plus vif et le plus heureux des hommes. Les orgies de la solitude. Tout apparaît en filigrane, les hommes, les poissons. Les vitrines sont recouvertes de papier kraft. Marlène m’écrit de Tanger.
« Je suis à Tanger, dans un hôtel incroyable qui a dû avoir son heure de gloire au dix-neuvième siècle. C’est l’été, j’ai ressorti les tongs et les robes, enfin, c’est le bonheur, et, pour une fois, je n’ai pas du tout, mais alors pas du tout envie de travailler, du moins de m’enfermer dans une boîte noire. Heureusement, c’est pour dans trois jours seulement. Demain on part pour Fès. Je vais profiter de ce temps pour écrire à Edward Bond sur ces derniers mois, ça va me tenir à jour. » Suit une série de photos magnifiques d’elle avec le masque de Scream (le masque inspiré de Munch) prises sur le bateau. Cette femme est réelle.
Un ciel étrangement gris. Cachettes dans le grenier.
Wild child, full of grace, saviour of the human race, your cool face.
The indications are that she was beaten for making noise.
L’immaturité de l’artiste. Les mots gouvernent de travers notre conscience. Mais non… Les vieux clichés sont-ils des clichés ?
I was flown home and didn’t visit my grandmother anymore. Rénover Maintenant.
Miossec chante : « Dans ce monde de géants. »
Je vous aurais presque pris pour des touristes.
Quelqu’un est en prison à vie. Oui, la souffrance est divine. La poste jaune, le ciel bleu. Toutes les croix à Ouessant ont toutes un crucifix. N’oubliez pas.
Ce qu’on vous reproche (à une femme) : « D’être trop franche ou trop limpide. » Si la boulangerie, la boucherie. (Jamais compris cette blague…) A lively, questing nose.
Casimir, tu vas chercher ton bateau, tu laisses pas ton bateau comme ça. Aller.
Les cages vides d’un zoo modeste.
Les vautours veulent la peau du ciel.
Marion est encerclée !
Le mot « inceste ». Maladie-mélodie.
Les libérateurs sont aussi les racistes. L’intelligence est violemment parfumée. Un million de chauve-souris partaient dans ce ciel. Les maisons, volets clos, contenaient l’electricity. Les Monkeys chantent encore. Oh, no… These guys are robots.
A certain amount of succes. La vierge Britney Spears.
N’ai pas peur de ce que tu ne connais pas. Tu vas maintenant très vite connaître (et d’autres après toi). Toi, l’homme. La paix des dimanches. Si seulement tous les jours étaient dans ce silence. Dis-moi, toi aussi, tu rêves du royaume des humains ? Claire Chazal dit : « Dans un site plus protégé, aux abords du désert… » Ce sourire de killer. L’orange est liée au soleil. Le visage de Marlon Brando, on aurait dit un poivron. En regardant dans le trou du désespoir de l’humanité, il piquait un mot du texte pour reconstruire le monologue. C’était lui dans son île, en Polynésie. Pendant qu’on lui ouvrait les jambes et qu’on lui écartait les lèvres… Quand on écrit, on ne ment jamais, on se trahit toujours. Quand vous lisez un manuscrit, vous arrivez toujours à voir qui il y a derrière. Des bals au ralenti. Si forte était l’illusion… Par un curieux choc en retour, il arrive que la prison mène, ouvre à la liberté. Un bateau d’amour. C’est vrai que c’est étrange, ce rocher de la Haine, en pleine mer, une dent…
L’eau, elle est décisive.
Écoute mon cœur. J’avance souplement, sans effort, au milieu des sapins. Lire sans rien comprendre, c’est aussi être soi.
C’était dans un temps où il y avait mille fois moins de bruit qu’aujourd’hui. Dans Elle court dans la poussière, la rose de Balzac on a joué avec la Loi, le roi (représenté par un enfant), avec les interdits (l’inceste), les parentés, les apartés, etc. John F. Kennedy s’habillait comme Sean Connery.
Où est Rita ? Je vois un corps, mais je ne vois pas Rita…
Je ne vous demande pas de vous exprimer, simplement d’être là (être présent). Goûtez au parfum de la ligne. À la fin de l’histoire, on vient pour voir la lumière derrière les yeux. Irradiant la violence à l’écran, à la ville, Bond respire la cordialité. J’ai le temps, comment l’occuper ? Hiérarchie du luxe. Un gris désobligeant. Il avait une manière un peu de triturer les filles, il était un peu désaxé. Sœur Londres. Vert tilleul. Tu sais ce que tu dois faire pour ne pas le faire pour ensuite le faire. Cette contradiction(-là), c’est super excitant. Il a été porté atteinte à l’image de la femme, à l’image de l’enfant et à l’image des parents. Cette dynamique entre le spectateur et la personne qui fait le mouvement. (Je crois qu’elle a vomi… Ah… Oui, elle a vomi par terre, là.) Je ne veux pas te blesser en retour, mais la France dans une relation sado-masochiste avec elle-même, a tort de cracher sur ses artistes. Qu’est-ce qu’un Bond sans des yeux qui pétillent ? Ce que je voudrais comprendre avec ce livre, c’est que la vie n’est pas métaphysique. C’est ça que je voudrais comprendre avec ce livre. C’est mon objectif. Quand je corrige une erreur de dyslexie, j’aime ma mère, je lui fait du bien. De la guerre, je passe au pardon. Cette impression est fausse. Juste give me a reply. Était-ce un enfant ? Why do you make me cry ? Vache liquide. With a delicate regard which tells no lies. Est-ce que la liberté est libre ? That’s what God wants. Read your Bible. Freedom week. Last night, I was watching my son watching TV… Occupation week. Les abrutis de la sueur, on peut les appeler, les Américains. Émerveillement d’entendre le monde, virgule, le monde, virgule, de voir… A labour of love. Les acteurs américains comme à la maison chez David Letterman. Placer la banane au cœur de la corbeille de mariage.
La folie déserte le monde. Demain, je pars à Bordeaux. Chantage affectif.
Tous les mots sont dans la nature. Non, la merde, c’est plus doux, bien sûr. Dans le programme de la chair. Habité par la nuit musicale. Sa peau très près. Distances et blanc des yeux. Le bord de ta peau. Mon intelligence, la faire descendre au niveau de l’eau. Dans un sous-bois je parcours la capitale, dans un sous-bois…
Après une douche chaude, dans un sous-bois, je traverse la capitale dans l’allée infinie…
Tanger est magnifique ; j’ai préféré la nuit, ça rassemble plus les gens et les distances se réduisent un peu. On a un peu galéré pour trouver un bar qui vende de l’alcool, mais on a finit par trouver un endroit délirant, totalement décadent avec des hommes d’affaires couchés la cravate de travers et des femmes qui dansent « à l’oriental ». Je ne suis pas encore là depuis assez longtemps pour y trouver le mythe littéraire, demain on part pour Fès mais on revient ici en fin de tournée. J’ai acheté le livre de Guyotat, Coma, à la fameuse librairie des Colonnes, un endroit magique, peut-être un des seuls qui est encore dans ces années soixante dont tu parles. Nous sommes allé aussi dans un bar qui s’appelle Le Tangerinn, dont Burroughs parle dans ces écrits. Je suis sur la terrasse de l’hôtel qui donne sur la mer et le port et il y règne une activité débordante, ça gueule, ça vrombit, klaxons, ça pue aussi un peu, un mélange de poisson, gasoil, sueur, bouffe, mais ce n’est pas désagréable, l’impression d’être dans le vivant au cœur de la nuit, mais pas de la vie de pacotille comme ça peut l’être parfois. Je comprends que les mecs qui ont écrit ici ne soit pas dans la contemplation mais dans la pensée vive, l’intelligence en mouvement, tu peux difficilement te contenter de regarder ou te laisser envahir par les sensations, ça déborde trop. Les mouettes s’y mettent !
Qu’est-ce qui est le plus réel, le cinéma ou la vapeur ? Faire un film en danger de mourir, en danger de baiser. Les villes sont toujours épurées, épousées. L’arme blanche. Les bureaux, les intérieurs et l’amour. Créatures ! The smooth summer sea. Des galops de girafes, des yeux de lionne. Michael Jackson est pris dans le vent et dans le feu. Et, sur la scène, de vrais enfants surgissent de l’image. Une immense foule, peu à peu, de réfugiés et de malheureux bibliques. Des rois du temps passé, perruque poudrée, des chinois frêles et métisses. What about us ? Et, venue du public, une foule grimpe à l’assaut. Toujours le feu et l’oxygène projetée en vents furieux. Michael Jackson déchire son costume et en donne la moitié à Dieu. Des Africaines, des enfants blancs. Le feu brutal. À la fin de la chanson, s’étant dépouillé de ses vêtements, Michael Jackson est blanc comme un ange. Le dauphin qui s’échappe, le phoque sur la banquise. Replonger la forêt. I’m speechless. Jaloux des foules. Mourir et vivre, dans quel ordre ? Lutter, Luther. La foule lente et perméable. Que ce soit moi qui l’écrive ou quelqu’un d’autre, c’est exactement pareil. Je me contente de dire je. L’écriture féminine des journaux, du pouvoir. La principauté. La lune arabe à travers les arbres, les longs arbres, les frêles, les froids, la lune arabe. Boris Charmatz, c’est un petit con. Ma mère, qu’en faire, à chaque seconde, à chaque soupir ? Que faire de son fantôme jumeau ?
Le TGV brille comme la lumière, un serpent de l’intérieur et transparent. Parents, le mot fait encore frémir… Bleu… si nous inversions les valeurs ? Le soir est le matin, le matin, le soir. La terre est une boule de feu. Tendre le bras, un enfant, et le transformer en esclave. Un sourire, il m’a fait. Je vois trop d’artistes qui sont mal orientés. Maintenant le nuage fait, dans l’oreille, le dessin d’une chaîne. Maintenant, les nuages, précisément millimétrés, rappellent l’enfance. L’enfance par où les regarder : l’Ouest. La nuit vient comme un tunnel. Ce qu’a décrit Duras, oui, je continue. Je rétablis. Un cou d’instinct lumineux. Lutter, Luther. La foule lente et perméable. Que ce soit moi qui l’écrive ou quelqu’un d’autre, c’est exactement pareil. Je me contente de dire je. L’écriture féminine des journaux, du pouvoir. La principauté. La lune arabe à travers les arbres, les longs arbres, les frêles, les froids, la lune arabe. Boris Charmatz, c’est un petit con. Ma mère, qu’en faire, à chaque seconde, à chaque soupir ? Que faire de son fantôme jumeau ?
Alors maintenant je suis au monde, homme sans but.
La chose est plus forte que toi ; la mauvaise est plus forte que toi ; tu ne peux plus, c’est au début qu’il fallait jouer, dans le mouvement même de l’élan créateur, dans le mouvement du cœur même. Un corps, une âme tellement impurs, une foi tellement fragile… Il me reste quelques pages à lire et – qu’est-ce qu’il va dire, en quelques pages ? Comment faire un livre qui aurait un retentissement mondain ? Marguerite en a fait un, c’est le Ravissement. Elle l’a montré à Lacan qui le lui a montré. Traquer les fautes d’orthographe, j’en suis là ! Je vous mets les ceintures de sécurité. Il a dit : « coucourité » ! Ça veut dire quoi politique ? La politique, c’est comment on fait pour vivre tous ensemble. « Quand y a pas beaucoup de place. », ajoute l’enfant. Zélie Chevance demande, Flore Chevance précise. J’ai envie de calme. Mais on peut parler doucement. La petite biche, ce sera toi, si tu veux…
Bien sûr que je pleure sur mes parents que je pleure. Mais mes parents ne peuvent pas transmettre ce sur quoi je les pleure. Ne peuvent pas. Sont perdus dans la foule et c’est le mieux qu’il pouvait leur arriver. Ne dit-on pas qu’à Bordeaux…
Déchirant, poignant…
Sauf exceptions rares, la poésie d’aujourd’hui n’est plus faite que de sortes de télégrammes, de carnet de bord de l’« indicible » ; ce n’est pas avec ça qu’on fera avancer le sens et la langue.
Fin de matinée. Le ciel tissé bleu (je n’y avais pas pensé) par le Dieu ou le Diable. Allah, hélas ! La beauté innée donne droit à toutes les postures qu’on peut imaginer. L’ordure et la métaphysique, disons Dieu, disons Allah. Contraires apparents. Il y a le bruit d’une campagne (bruits de village) en avant d’un cimetière déjà dépassé lui déjà. Voulez-vous une voiture hybride ? C’est pour sauver la planète. Gratte, pelleteuse, la sombre terre. Additionne tes murs de parcelles. La trace est dans le ciel. Tout est reflété et la rivière pleure (même si, l’eau, le vent la fait danser). Dans la cavité de la mer. Un effort, un encouragement. Les fleuves, on les murmure ; à chacun sa passion. Maison, combien de fenêtres ? Marais, débris de bois rassemblés. Vaches d’un gris indéfinissable, très profond, très chaud, intense. Où ai-je vu déjà ce même gris, sur des oiseaux, des tourterelles ? Sur des peluches, des canapés ? Cette liberté sans limites. Les châteaux autour de Bordeaux. Pouvoir et liberté. Mon pouvoir, ma liberté. La scène est sans limites… Balayées, les années soixante, c’est du théâtre, ça peut tout à fait être joué au théâtre, c’est de la parole en actes, de la parole exclusivement. C’est une manière très directe, très immédiate de rompre l’isolement, de se mettre du « monde » autour, tout près, tout contre. L’image de Démosthène parlant devant la mer avec des cailloux dans la bouche (dans la voix). L’immense rive du fleuve. Pure, tue, mouette. Escaliers descendent à la mer, au fleuve, s’envasent… Was the blade bloody ? It was a dirty knife. Baldaquin d’émeraudes. Je sais bien, pauvres plantes, que nous partageons le même destin (même entourés d’une lumière éclatante). Celui qui souffre vraiment se drape dans l’obscur manteau du silence. Tout devient calme, un bruissement anxieux remplit la pièce obscure. Et je vois de lourdes gouttes pendre aux bords verts des feuilles. La résurrection des mères. Les conceptions maculées (les autres…) Pars dans la cheminée profonde. Too small, I’m afraid. I’m terribly sorry about that. Là-dehors, la bruyère rousse. Elles volent des meubles au palais de Justice. Les vivants sont des morts en vacances. Les morts en nous ont-il plus d’humour que nous-même ? Bonjour, monsieur le Directeur ! On se voit partout ! On ne prend pas la voiture à Bordeaux, elle ne sert que pour aller en dehors. Ou bien pour porter les bouteilles.
Après-midi sérieuse. Me suis couché, point, c’est tout. And besides, I am fond of habits and rites… Et, alors, le monde n’était beau et ne valait la peine d’être aimé, et parcouru, et transformé, que parce que tout y était plein. Nous sommes sur quelque chose qui roule. Nostalgie de la courbure (une nuque). Comme nous le montre la NASA, la terre est pleine. A l’œil nu. Et le bruit du soleil traverse les arbres décharnés. Le 26 novembre.
La pensée se meut tout aussi magnifiquement dans une tête de pauvre que dans une tête de riche. La lutte fait de la lumière. Le TGV, malgré tout, nous transporte d’une manière assez linéaire, assez plate. Il longe la terre. Je me suis fâché avec Claude Régy qui m’a dit qu’il n’aimait pas le TGV. Moi, je ne peux plus discuter avec ces gens qui n’aiment pas le TGV, qui n’aiment pas la télé, qui n’aiment que les chaînes hi-fi et les belles voitures japonaises. L’être est évidemment caché. Les parents veulent tellement qu’on les aime – mais pourquoi ? Ils n’ont rien dit, rien transmis, rien avoué pour qu’on les aime et leur pardonne. Ils veulent être aimés malgré la logique, malgré la conscience. Mais ce sont des bourreaux, ils sont croulants de culpabilité. Colère, liberté, nudité. Je ne veux pas faire de poésie à quatre sous, mais c’est quand les fleurs se remettent à sentir pour toi, etc., que tu sais que tu t’en sors. Est-ce la main de Dieu et celle du Malin ?
Mon père écrivait beaucoup de haïkus de quatre sous sur des bouts de papiers parfois laissés sur un bout de toile cirée. Ne plus parler de poésie, ne plus parler de poésie, mais laisser vivre les fleurs sauvages. Et faire jouer la transparence au fond d’une cour au murs gris où l’aube aurait enfin sa chance !
Il m’entraîne dans la meilleure cabine, celle avec miroir.
Un couteau au manche rouge. Le domaine des mots (realm) était le domaine du Bien, du bonheur, dormir dans les herbes. Va, mon amour ! You’re always looking at me, but you never see me. Elle a déjà totalement arrêté et je lui dit : « Arrête ! » Les filles sont comme Eva Green, elles ont des fleurs dans les cheveux (ou une fleur, au moins, sur le côté de la chevelure). Les mots ne peuvent décrire – tout au moins pour ce que j’en sais – que mon état chaleureux, mon état d’été, mon état de solitude mélangé à l’été. Je me demande si nous devons, de surcroît, aimer nos ravisseurs… La dé-idiotisation de son Moi. Une merveilleuse pièce de boulevard. Je sais bien, pauvres plantes, que nous partageons le même destin. Et comme le soleil quitte avec plaisir l’éclat vide du jour. Tout le monde a été humilié ou le sera, tout le monde a été pris pour un fou ou le sera, tout le monde a vécu la trahison des amis ou la vivra, vécu la souffrance, vécu l’abandon de Dieu ou le vivra…
Vous skiez, vous freinez. Il faut que je prévienne le lecteur, l’éditeur (éventuellement Guillaume) : je n’écrirai jamais qu’une chose, je le sens, allez, une chose ou deux. Enfin, ce sera la même chose. Toute ma vie. C’est pas la peine de parler de ce qu’on ne connaît pas. Ou si, mais il faut quand même quelques bases, tenons, mortier.
Je veux dire quelque chose, mais je ne sais pas quoi. Aux quatre vents. Dormez, je le veux.
J’avais satisfait mon envie. Dans la vie. Il y a toujours dans l’exécution quelque chose qui n’a pas été parfait. Cette mort accomplie et l’homme déjà froid. Toutes les prairies se couvrent de fleurs bleues et rouges. La griserie vaut de l’or. Table de mes amours.
La famille endormie, perpetual sleep (without hope of remission). Nobody’s touching your leopard ! It’s too spotty. Il y a des filles qui sont belles comme dans des vitrines. Il suffit d’un sein, d’une botte, d’une joue. Les paupières closes. Il me disait :
« Avec ton doux sourire, tu ne saura jamais conduire. »
On peut témoigner avec amour du vital manque d’amour entre les générations (la Bible). L’ail, it cleans the blood, c’est ce qu’on dit. (Garlic.) Les lunes blanchies. Les ciels naviguent. (Se coucher,) ouvrir une page de Guyotat et tout d’un coup, tout devient limpide et clair. « Tourner le dos au monde de la terre. »
Claire percée des voix. Elle rêve à des cavales noires. Les songes sont filles des nuages. Aux quatre saisons. Un seul regard déclenche une passion, un assassinat, une guerre. C’était l’avant-veille, il débarquait d’outre-Atlantique. Il écrit le matin et, l’après-midi, trouvent ses idées sous la douche. Il mendiait le contact des autres. Le livre ne s’adresse qu’à un seul individu, il faut donc : 1) Instaurer un lien personnel, 2) L’empêcher de zapper sachant que le lecteur est désormais bien difficile à surprendre. Les comptines qui tuent. Froissements de feuillets saints. Des Nike entraînent celui qui les portent vers des plans pas nets. La neige et la mer. La chute du labour dans la mer.
Et bientôt, Paris disparaissant, il poussa un grand soupir. La rivière était bordée par des grèves de sable.
It’s absolutly America.
L’immensité du peuple.
Yves-Noël Genod, Paris, novembre 2006.
(Le début de ce texte - jusqu'à : "New York est la ville de tous les pardons. The gifted and challenged." a été publié par la revue "If" - numéro 29 - éditée à Marseille.)
rencontré.
Le français.
Tes bouquins, tout ça, ça t’aide pas ! Et ça veut dire quoi, être amis ? Un enfant de quelle taille ? Une bataille de jambes et de sabres de bois. Ça t’intéresse, les femmes nues ? Oui, ça m’intéresse. Non, ça ne m’intéresse pas.
Une jeune fille photographiée. Être aimé d’une foule de gens. La vie, ils la souffrent.
La colonie organise un bal. Je veux connaître tes secrets.
Si nous pouvions dormir ensemble une nuit entière…
Elle se cache en garçon. Merde, Phil est déguisé en gonzesse ! Où s’est-il trouvé ce costume de nounours ? Comment se fait-il que le passé était si laid, si mal fait ? Mademoiselle, mademoiselle… La belle fille, la plus belle… Attiré par la cendre des visages et la nuit vernaculaire et la cendre des envies,
les violons de la vie. Tu es bas, mais n’aie pas peur de ça. …refusé par les gens de son âge. Le film passe à l’Ouest.
La mort, on ne peut pas faire comme si elle n’existait pas…
Elle n’existe pas.
La ville, c’est donc un prolongement, d’y vivre. Et la campagne. Été, ce qui a été se prolonge… Les blés, les grèves, les raccourcis. Dieu, c’est-à-dire le choix. Le choix exprimé. Bien ou mal. Le destin de l’homme, c’est la liberté. Écrire ne me paraît pas toujours généreux. Si Dieu existe, l’homme n’existe pas. Quand je veux écrire, toujours l’enfance. Brouillard doré. Ce n’est pas aujourd’hui que vous allez mourir, restez avec moi. (Ce n’est pas aujourd’hui que moi non plus je vais mourir.) Je voudrais que Liliane Giraudon me parle encore de Maurice Roche et de l’histoire littéraire. Mardi, je dîne, chez elle, avec Hélèna Villovitch, « On fera parler les ados. », m’a-t-elle dit à l’oreille. Elle me promet un article dans « Elle » si je joue trois mois à l’Odéon, mais trois jours à la Ménagerie, ce n’est pas possible. On ne prête qu’aux riches. Elle dit qu’elle s’habille du mieux possible quand elle va à « Elle » parce qu’elle pense que quelqu’un de bien habillé a plus facilement une augmentation. Ah, oui, l’habit fait le moine…
Elle écrit, en ce moment, elle lit moins. Enfin… elle lit, mais elle ne fait pas attention. J’aime bien Hélèna, elle dit que mes spectacles lui font penser aux bandes dessinées d’Édika. Elle m’a dit aujourd’hui – il faisait un froid sec, merveilleux, au marché. On a pris du café dehors comme à la neige sous un faible soleil – : « Je t’ai toujours vu en phase maniaque, je ne t’ai jamais vu en phase dépressive. »
Écrire, quelle jouissance, quelle hygiène ! Ce soir, je vais revoir Marlène pour la générale de Marcial au théâtre de la Ville. L’amour, la joie peut revenir comme on dégaine. (J’écris de plus en plus mal – avec le froid qui engourdit les doigts, en plus – j’avais d’abord relu : « comme on déjeune ».)
Il y a toujours menace d’envahissement du texte par l’illisible. Montée des eaux, un engloutissement des îles à fleur d’eau. Les montagnes sécurisent et c’est l’audace. Our environment is dying. That sucks ! Life on earth… Vous faites de la vidéo, vous vous retrouvez dans un immense appartement blanc. (Un appartement de Blancs.) The illusion of a debate. But what so bad about CO2 ?… Des Maelstroms… Mon père ne connaissait pas le mot. (Derniers mots avec mon père.) Pierre Guyotat, dans son premier ou deuxième roman, renouvelle la langue avec une telle exactitude que j’ai l’impression de lire en anglais, directement. J’ai la même impression que quand je lis en anglais directement. Les informations affluent en langue étrangère. De même, je garde le goût du cinéma français à cause d’un film : Les Amants réguliers, de Philippe Garrel, je garde le goût de la littérature française à cause d’un récit : Coma, de Pierre Guyotat. Il y avait comme une lèvre rose au bas du ciel.
Au bas du ciel. Franche énergie de la destruction (ou création), culpabilité, ensuite. Culpabilité de vivre, de se débrouiller faiblement, de « s’arranger avec le système », de s’adoucir, peureux, de la sauvagerie. Live fast, die young. Live fast, die old… Culpabilité d’être né de ces imbéciles. Et de les reconnaître comme ma progéniture. Avec quels yeux, eux, me regardent-ils ? On croit qu’ils savent tout. Ils m’ont vu à chaque étape. Ils n’ont rien vu, tout est dans la tête… Moi, par contre, j’ai vu, j’ai aimé.
J’ai vu des jeunes filles de mon âge. Campagne meurtrie, meurtrière. Dans un texte précédent, j’ai parlé du docteur Johnson. J’en reparle. Je ne m’étais pas trompé…
Le docteur Johnson existe, il est celui qui court vers le château. Johnson court vers le château. Je marche. La neige craque comme une meringue. C’est tout de même étonnant… La nuit tombe. Le désespoir, formule ouverte. Je n’ai pas de volonté à la mesure de mon imagination. Ensorcellement. Crime de désespoir. Je voyage avec mon frère (camping) par l’Italie et la Yougoslavie vers la Grèce. Puis, de nouveau, le Finistère. Mais je voyage en Italie. Avec ma sœur. Mon frère André. Je suis célibataire, je rencontre des filles au hasard des routes. Je cherche plus que tout à rejoindre un ami à Dieppe…
Scène avec ma sœur parce qu’elle ne comprend pas ce que je n’avoue pas.
Il y a les ferries qui partent dans la nuit, frontières éclairées. Les trains acheminent. Vous voyez vous rapprocher les événements. Vous les connaissez. Vous connaissez les maladies, les fratries, les dessins des tapisseries sur les murs. La fièvre, vous la partagez avec tous ceux qui ont froid. Capitaine, je préfèrerais que vous me réserviez les caresses que vous faites à mon chien. Écrire un livre sur un livre. L’émotion. Tous participent, tous les inscrits. Alors le livre sur le livre qui nous relie. Des pas dans la rue éternellement neuve, éternellement fraîche. La prison de la Santé. Celle qui traverse le cimetière du Montparnasse. Paris, chargée de… – brassées ! – on s’y faufile, on s’y faufile… J’avais une collection de livres. Adolescent, c’est là que l’ouverture du monde était la plus grande. L’imagination traversait totalement les murs. Environnement clair, malgré le lit d’enfant. Malgré le poids féminin, l’engluement du père dans le poids féminin et la disparition du féminin, l’occultation.
Le rat est décédé, petite patronne ! Si on dit : « puissance de l’imagination », alors, allons-y, dites : « puissance » ! Je parle à partir d’une combe, d’une dépression… Élan créateur relâché. …de n’en avoir jamais assez vu d’un voyage, par exemple. Color, shape, content and scale. There is no poor subject.
Et, comme par hasard, à partir du moment où j’ai commencé à faire des lavements, ça va nettement mieux…
La ville, infinie de toutes les époques, grise comme un film…
…je veux ça, je veux ça, je veux qu’on fasse ça, on fasse ça, voilà ! Les tableaux filmés sont plus beaux que les tableaux réels. Qu’est-ce que c’est, la ville ? Les couleurs sont limpides et les formes étudiées. Elle a dit que le chou, c’est poétique et que la banane, c’est cochon… Les bonnes courent, s’enfuient comme des rats au coup de feu. Un chèque, please. Please, un chèque… Je vais me pendre à la vieille poutre apparente. Impossibilité de dire sans mal dire. En français : « Ah, je vais jouir. » L’intelligence de peu d’action. Poésie, intelligence brisée. La matière, tu l’aimes, tu la désires, tu la redoutes. Tu la manges. On peut apprendre à un enfant n’importe quoi, injurier sa mère, un enfant de roi. De n’importe quelle époque, à vélomoteur. Qu’est-ce que je suis en train de vivre ? L’accord du livre. Avec toi, avec l’éditeur, etc. L’accord, le métier. C’est fou ce que ça m’échappe, tous ces gens qui aiment Angot. Moi, j’aime bien Angot, mais pas tellement non plus. Nihilisme affectif. Bruit, fracas de l’être et des galets dans l’exactitude d’une solitude à Belle-île, tantôt. C’est dans la solitude que je peux rétablir, rectifier la géométrie. Triangle clair de l’eau et du rocher, du sable, de la transparence. Mais ça n’a lieu qu’une fois. Ensuite, théâtre à Paris. A fresh way of looking. On est tous ensemble, on peut s’entraider. Sèches manipulations. Manger le cœur. A canvas is never empty. Rentre à l’extérieur, rentre à l’intérieur. Le château du chef. Comment Dieu permet-il toutes ces souffrances (décrites à la messe) ? Non, seulement il permet, mais c’est de sa faute ! Pierre Guyotat dit : « C’est bien la moindre des politesses. » Qu’il soit miséricordieux. « Il doit racheter son erreur. » La famine, imaginez qu’il n’y ait pas à manger. (Je vous passe les détails.) (C’est pourtant le plus intéressant.) Nulle part il n’y a rien à manger, même pas une racine, un bout de pneu, une olive, une cerise. On peut boire sa pisse et manger son caca (pendant un certain temps). Après l’accouchement, on sort de l’hôpital par la fenêtre, on va se laver au marigot. Embrasse-moi avant de faire dodo. Où est mon pouce… mon pouce… mon pouce ? Je vois à ton attitude que tu n’es pas frivole comme moi, c’est dommage. Pendant ce temps, à New York… Se désirer objet. Les hommes étonnent, en bien comme en mal. Que dire des hommes ? Que d’inventions, que de folies ! (À partir de notre perception, bien sûr. Peut-être, d’un autre point de vue…)
Les hommes disparaissent dans les hommes, comme des gigognes et réapparaissent recomposés, jamais les mêmes, un peu les mêmes, jamais différents non plus, mais jamais mêmes. Tout le monde a vécu plein de choses aujourd’hui. Dans la ville, se débrouiller, se précipiter partout pour amasser le plus possible d’informations, en apprendre sur tout. Par exemple, à l’entrée d’un cinéma, dans un article photocopié : « Ce n’est pas avec ce gangster de Paolo Branco que je vais m’acheter un appartement ! » Plonge dans une nuit d’idées. La lune froide comme l’intérieur d’un bras. Nous irons à Ouessant. (Mais n’amoindris pas…) Marguerite Duras n’a jamais eu confiance en elle. Elle a été, depuis la prime enfance, séparée de son être. Elle était où ? Elle était dans sa conscience. Seuls les mots l’ont fait tenir debout et ensemble. C’est une construction bringuebalante. Elle décide alors de faire de son écriture (et de l’alcool, il faut bien le dire) une sorte de possibilité de Dieu. Elle a aussi écrit : « Je croyais en ma mère à l’égal de Dieu. » Oui, toutes ces histoires… Mais maintenant… Dans son œuvre, ce n’est pas l’écrivain qui a le rôle principal, c’est le lecteur. La place du lecteur en creux. Les putains, brillantes, vêtues de robes faussement luxueuses. Foi, Espérance, Charité (qualité du cœur, aptitude à aimer). Les trois vertus théologales. Laquelle est la plus importante ? Peut-on les vivre indépendamment les unes des autres ? Pour ma part, j’espère et j’aime. Hélène me donne un peu de sa clé. Foi, Espérance, Charité… Plonge dans une nuit d’étoffe. « Ne réfléchis pas trop. », m’a dit Thomas. Je le revois vendredi. Il fait un froid délicat à Paris, un soleil, une dentelle que la lumière fait de la ville. On entend, comme toutes les nuits, cette femme qui marche dans la rue. Soleil sur la nuit. Splendeur de la nature. Thomas Gelber travaille, lui, toute la semaine… Ils travaillent tous. Tous, ils travaillent. Mettre du soleil partout. Mettre du soleil partout. Un malheur marche sur les talons d’un autre quand ils se suivent de près. Cette partie du monde : le cul. Tu es gay ? Doutant de la nature… Mais on aime toujours… Arbres au-dessus du berceau. Les mille et une fenêtres du sommeil. Dans la forêt qui est dans mes yeux. Venus rising from the foam.
Une ville pour être pardonné… It’s where everyone comes to get fucked… Therefore, we’re sane. Home peut être impitoyable (unforgiving).
New York est la ville de tous les pardons. The gifted and challenged.
Ça va tanguer cette nuit : pluie, puits, puis, luit. La notion d’espace littéraire évacue la notion de qualité. Un texte très mal écrit peut se révéler de la grande littérature, quand un autre, pourtant très bien écrit, n’est pas de la grande littérature. Je ne suis pas contre les autres auteurs. Mon livre est contre lui-même, il travaille contre sa propre exigence, qu’il n’atteindra bien entendu jamais. Être grossièrement heureux. L’Italie, les cris. L’Italie dans des villes creusées. Écrire facilite. Un chameau, un cheval tombe. Quelqu’un portait l’immense drapeau américain sur un cheval. Oh… he wrestled like a girl… Les drapeaux flottent comme la peau. La peau qui desquame. La jeunesse pure, parfaite. You listen to the music, you close your eyes, you feel the movement in your body and just you follow like you want with your body the flow of this music. Je viens de rencontrer sur le bateau un des créateurs du Muppet Show et des persos de Star Wars, j’hallucine ! Terrible images that has been left in my mind. Il n’y a rien de caché, il n’y a rien de minable, Beckham est le plus joli gars du monde et Posh est une merveille. How would you report a plane crash that happens tomorrow, today ? Because of the color of me skin. L’Angleterre, l’Amérique rit. Buying a slave. We don’t do that ! Une pin-up. Glorious country de ton enfance. Le mystère des voix bulgares. Le sens s’échappe à chaque léger instant. This is not a zoo, this is a farm. Mystérieux mélange d’amour. A farm is like a rubbish zoo, obviously. Oh, yeah, celebrities… L’Amérique est un pays sans limites. Sans limites intérieures. Ils sont à l’intérieur et, à l’intérieur, il n’y a pas de limites. On le voit dans les vidéos. Tout est faux, tout est vrai. Dieu est faux et vrai. Le passé est faux et vrai et les écrivains ont écrit le vrai. Brief nudity. J’ai envie d’haricots verts, avec les rougets. C’est à cause d’une journée, d’une photo… Les lettres apparaissent, la vidéo est manifeste. Les passe-temps de l’Amérique. Les filles montrent leurs seins, leurs faux ou vrais seins…
Le dernier des Juifs. Le message du roi des animaux. Les droits des animaux. It’s wrong and unscientific. L’intelligence aussi peut faire sourire. Le sourire d’écrire des pages pour être lu. Wicked. We have an animal in this studio. Vous vous passionnez, vous êtes dans un aquarium et vous démêlez les langues or whatever. Dans un laboratoire, un bain d’amour. (Un scientifique bain d’amour.) Pour des gens que vous n’êtes déjà plus. Il est possible de gagner de l’argent sans limites. Il est possible d’arriver de la rade avec un yacht grand comme un immeuble et d’arriver dans le bleu et de monter les marches de marbre blanc jusqu’à la terrasse du lunch au-dessus de l’eau bleue, du squelette de l’eau bleue et du ciel.
Let’s talk about a big thing : death. One hundred percent. L’intelligence – et toujours – frôle la bêtise, c’est comme ça, c’est la seule solution. Vous pouvez utiliser des aimants.
Paris, arrivée à son terme. Borat renverse la mesure. L’enfant américain est moche, à priori. Bacon and cream cheese. Rentrer dans un livre. Attention, j’ouvre la porte. This is not a real person. The chairs become your lovers. A smile as wide as the Seine. France has to adapt or die. That sense of stagnation… D’une incroyable douceur avec tout le monde. A red carpet. Un effort de liberté. Tous les gens jouant le monde. Aux fenêtres, étend du linge. Une pipe au miel.
Il y a un puit d’horreur et la vie tourne autour comme un Disneyland si on la contourne.
Un nègre lit « Le Monde » comme un homme d’affaire.
Un homme qui vient d’où ? D’une civilisation, laquelle ? Se voit au prix de ses vêtements…
On y va. La danse à deux cents pourcent. Cent pourcent à l’extérieur, cent pourcent à l’intérieur.
Dans l’escalier, j’étais dans mes pensées. Un couple m’a croisé et, en me dépassant, l’homme m’a dit : « Bonsoir. » J’ai répondu : « Bonsoir. » Judith Cahen se plaint que je ne l’ai pas vue dans le hall du théâtre. Ce qu’elle ne sait pas, ce que personne ne sait, c’est le nombre de lettres d’insultes qu’on reçoit quand on fait ce métier. C’est comme l’eau sur les plumes des canards, maintenant. Les gens vous prennent pour leur chose, ils veulent que vous restiez correct. Mais enfin, non, il y a un forçage, là. On m’appelle de la rue… Mais qui me connaît ? Les bourreaux ne parlent jamais. Le silence est leur essence. Regardez les Anglais : ils ont décolonisé avec une certaine élégance et tourné la page pour devenir une nation moderne, pluriculturelle, dynamique, ouverte, riche de toutes ses diversités…
L’eau et les collines. Tout en traversant les paysages de France. Silence, fenêtre ouverte sur la montagne. Au creux d’un récit que j’invente. Je sais que je vais retrouver la maison mais que, dans le jardin, il n’y aura plus une seule rose, même pâle et mourante. Dans la nuit, de lourdes gouttes de pluie ont arraché les pétales des dernières roses, déjà très ouvertes, décolorées, mourantes. Jonathan Littell invite à jouer aux soldats de plomb. J’arrive aux heures secrètes : les deux heures que je prends sur le sommeil après minuit, les atteindre est comme un soulagement, une récompense : personne ni la pensée de personne ne devrait me déranger dans ces eaux-là : rien qu’à moi, rien qu’à moi, de minuit à deux heures du matin, puis je dors… Et si je ne dors pas, c’est que quelqu’un, la pensée de quelqu’un vient encore me déranger… Marie-Thérèse À Lier. Introduction d’une folle (son nom l’indique) dans un roman raisonnable (roman sensible). Marie-Thérèse À Lier est une grosse boule puante. Patrick, vous pouvez me vendre des cigarettes ou pas ? (Voix cancéreuse.) A little croissant. Qu’est-ce qu’était Dieu ? C’est une matière plastique qui est dans tout. On pourrait toujours se croire l’été. La couleur chômage. Civil war relics. Chaleur pure. Les vaches dans la maison, la sœur pour coucher avec.
The location was a theatre somewhere in North London. « Vivre, c’est réussir. », disait Marie-Thérèse À Lier. Mademoiselle Marie-Thérèse À Lier. Marie-Thérèse a commis un crime somewhere in North London. Bouche bée, immobiles, nous regardâmes tomber la neige noire de janvier.
Comment peut-on écrire et penser à écrire ? Les couleurs sont comme des plaques, des rideaux de magie qui nous séparent de la nuit, de la mort et de la vie. On embrase le monde, on embrasse… Se suspendre au paysage… Ils ont tous aimer. Après, on fait mine de raconter l’histoire. Le dahlia noir.
Son festival lui sert de couverture pour le blanchiment de l’argent sale. L’argent sale, c’est celui qu’elle se met dans la poche. Si je commence à l’introduire, il faudrait que je raconte sa vie. Mais je la connais comme si je l’avais faite, c’est ennuyeux (peut-être).
Ma sœur, elle, sur une plage de Dieppe. Ma sœur indépendante et légère, chercheuse, fouineuse. Sur les pelouses, les galets, le sable… Courir vers la mer à la tombée du jour, vers le couchant, le sable d’or, les magnolias.
Ensuite, en Champagne, pour dix jours, pour les vendanges. Piscine pour se baigner à poil après le travail. Sauf les filles, jamais à poil. Alors, concours de T-shirt mouillés. Tous mes souvenirs sont réaménagés. Le chien aussi a délicatement été poussé à l’eau. Failli créer un incident diplomatique. Le chien ne compte pour rien, mais pas pour eux. Le soir, sur la colline, retiens l’été…
Fraîcheur, sapins… En Champagne, il y a mon voisin ; c’est une coïncidence, mais qui ne mène à rien. Serge.
Les lacs de rêve. Le vin est bon pour le sang. On inverse les couleurs (les valeurs) : le rouge est la couleur du sommeil. Le noir, la couleur de l’écriture. Un verre de vin comme de l’encre. Il y a à New York, ville gothique. Le chien a peur. Le chien représente la peur. Il n’y a personne et le chien a peur. Que se passe-t-il ? « Qui est là (au milieu de la place) ? », crie l’aveugle qui a peur. On est soudain à l’intérieur des doigts, de la langue et des dents. Les chiens-loups sont imprévisibles. Deux amies coulent des jours heureux. Connais-tu quelque chose aux sorcières ? Cerveau fêlé. Mais, que font les sorcières ? Le mal. Rien d’autre en dehors du mal. La magie est cette chose qui, partout, toujours et par tous, est crue.
Pronto, Frank, tu m’entends ? Le verre de vin était du sang. Déjà c’est noir dans la maison et, si on ouvre la fenêtre, c’est encore plus noir. Par la fenêtre (ou par la porte) entre l’oiseau. L’oiseau chauve. Le maléfice remplit le visage de silicone et il faut fumer (pour maigrir). Elles ne quittent pas l’école. La sortie est à gauche. Les pas vont à droite. La Scola. L’Academia. Deux immenses Russes
et elle, mince, a pu se cacher dans le rideau de même couleur que sa robe. Tanz Akademie. Trois iris. Tourne le bleu. Pane de velours. Tout éclate. Cristal. Et la malédiction. Les choses perturbées. Les portes éclaboussent avant qu’on les touche. La maison s’écroule dans l’escalier. Les plantes vertes fuient leur pot de terre. La rue, la ville, l’inondation. La trilogie des Trois Mères. Ils ne sont rien. Ils deviennent une chose de plastique. Le peuple d’Internet qui me soutient. La langue rose, vieux rose, du chien. Et les pierres du Temple…
La Mère des Soupirs, la Mère des Ténèbres et la Mère des Larmes…
What’s up, vanilla face ? Je suis en silence celui qui rêve. Dans une vaste maison de star, une alvéole. (Une limousine.)
Misère et dans une forêt… I have a car waiting…
Trois iris. Tourne le bleu citron.
On est dans l’infrastructure de la vie et ce n’est pas grave de mourir ou d’être seul – ou de maudire… Parce que l’aiguille tisse l’amour, l’aiguille piquante, d’oursin, de hérisson, de rose. En effet, l’été n’est pas prêt, s’endort…
La Grèce pourtant délicatement ouverte au vent, au soleil et à leurs ambassadeurs, faucons et colombes et à la mer légère (pas prête non plus). Il va falloir aimer la montagne, le montage de la montagne. Et la jeunesse à côté de laquelle nous sommes passés. On est quelque part, campagne déserte, lune trop belle. Il y a cette verticalité des corps dans la campagne et cet affaissement peut-être sur les talus, sur un rebord. Mais l’affaire est mouillée. On n’ose pas – pourtant ce qui se fait tout le temps (sans oser, il est vrai) – l’amour, la rencontre. Que dit Shakespeare ? Not embrasure. Il me plaît, le petit vendeur. Moi, je ne veux rien que vivre et je traverserai la vie sur un cheval. La vie de quel âge ? Plusieurs vies ont déjà été vécues à cause de ces chansons. Dans les cars. La promiscuité adulte des cars à tous les âges. L’incroyable maturité que j’ai toujours eue.
Le soleil devient sous-marin après huit heures du soir…
Seule la montagne peut faire accepter les morts. (La mort.) La montagne, seule, la santé. Le vin est un colorant. Murs perforés, couloirs en pente. Marie-Thérèse À Lier, vieille et boursouflée a été tuée par une épingle à cheveux et sa maison a brûlé (l’académie). (Fresques éblouissantes qui ne servent que pour un film.)
L’enfant, pour avoir l’air sauvage, ouvrait la cannette avec ses dents. Je suis le plus vif et le plus heureux des hommes. Les orgies de la solitude. Tout apparaît en filigrane, les hommes, les poissons. Les vitrines sont recouvertes de papier kraft. Marlène m’écrit de Tanger.
« Je suis à Tanger, dans un hôtel incroyable qui a dû avoir son heure de gloire au dix-neuvième siècle. C’est l’été, j’ai ressorti les tongs et les robes, enfin, c’est le bonheur, et, pour une fois, je n’ai pas du tout, mais alors pas du tout envie de travailler, du moins de m’enfermer dans une boîte noire. Heureusement, c’est pour dans trois jours seulement. Demain on part pour Fès. Je vais profiter de ce temps pour écrire à Edward Bond sur ces derniers mois, ça va me tenir à jour. » Suit une série de photos magnifiques d’elle avec le masque de Scream (le masque inspiré de Munch) prises sur le bateau. Cette femme est réelle.
Un ciel étrangement gris. Cachettes dans le grenier.
Wild child, full of grace, saviour of the human race, your cool face.
The indications are that she was beaten for making noise.
L’immaturité de l’artiste. Les mots gouvernent de travers notre conscience. Mais non… Les vieux clichés sont-ils des clichés ?
I was flown home and didn’t visit my grandmother anymore. Rénover Maintenant.
Miossec chante : « Dans ce monde de géants. »
Je vous aurais presque pris pour des touristes.
Quelqu’un est en prison à vie. Oui, la souffrance est divine. La poste jaune, le ciel bleu. Toutes les croix à Ouessant ont toutes un crucifix. N’oubliez pas.
Ce qu’on vous reproche (à une femme) : « D’être trop franche ou trop limpide. » Si la boulangerie, la boucherie. (Jamais compris cette blague…) A lively, questing nose.
Casimir, tu vas chercher ton bateau, tu laisses pas ton bateau comme ça. Aller.
Les cages vides d’un zoo modeste.
Les vautours veulent la peau du ciel.
Marion est encerclée !
Le mot « inceste ». Maladie-mélodie.
Les libérateurs sont aussi les racistes. L’intelligence est violemment parfumée. Un million de chauve-souris partaient dans ce ciel. Les maisons, volets clos, contenaient l’electricity. Les Monkeys chantent encore. Oh, no… These guys are robots.
A certain amount of succes. La vierge Britney Spears.
N’ai pas peur de ce que tu ne connais pas. Tu vas maintenant très vite connaître (et d’autres après toi). Toi, l’homme. La paix des dimanches. Si seulement tous les jours étaient dans ce silence. Dis-moi, toi aussi, tu rêves du royaume des humains ? Claire Chazal dit : « Dans un site plus protégé, aux abords du désert… » Ce sourire de killer. L’orange est liée au soleil. Le visage de Marlon Brando, on aurait dit un poivron. En regardant dans le trou du désespoir de l’humanité, il piquait un mot du texte pour reconstruire le monologue. C’était lui dans son île, en Polynésie. Pendant qu’on lui ouvrait les jambes et qu’on lui écartait les lèvres… Quand on écrit, on ne ment jamais, on se trahit toujours. Quand vous lisez un manuscrit, vous arrivez toujours à voir qui il y a derrière. Des bals au ralenti. Si forte était l’illusion… Par un curieux choc en retour, il arrive que la prison mène, ouvre à la liberté. Un bateau d’amour. C’est vrai que c’est étrange, ce rocher de la Haine, en pleine mer, une dent…
L’eau, elle est décisive.
Écoute mon cœur. J’avance souplement, sans effort, au milieu des sapins. Lire sans rien comprendre, c’est aussi être soi.
C’était dans un temps où il y avait mille fois moins de bruit qu’aujourd’hui. Dans Elle court dans la poussière, la rose de Balzac on a joué avec la Loi, le roi (représenté par un enfant), avec les interdits (l’inceste), les parentés, les apartés, etc. John F. Kennedy s’habillait comme Sean Connery.
Où est Rita ? Je vois un corps, mais je ne vois pas Rita…
Je ne vous demande pas de vous exprimer, simplement d’être là (être présent). Goûtez au parfum de la ligne. À la fin de l’histoire, on vient pour voir la lumière derrière les yeux. Irradiant la violence à l’écran, à la ville, Bond respire la cordialité. J’ai le temps, comment l’occuper ? Hiérarchie du luxe. Un gris désobligeant. Il avait une manière un peu de triturer les filles, il était un peu désaxé. Sœur Londres. Vert tilleul. Tu sais ce que tu dois faire pour ne pas le faire pour ensuite le faire. Cette contradiction(-là), c’est super excitant. Il a été porté atteinte à l’image de la femme, à l’image de l’enfant et à l’image des parents. Cette dynamique entre le spectateur et la personne qui fait le mouvement. (Je crois qu’elle a vomi… Ah… Oui, elle a vomi par terre, là.) Je ne veux pas te blesser en retour, mais la France dans une relation sado-masochiste avec elle-même, a tort de cracher sur ses artistes. Qu’est-ce qu’un Bond sans des yeux qui pétillent ? Ce que je voudrais comprendre avec ce livre, c’est que la vie n’est pas métaphysique. C’est ça que je voudrais comprendre avec ce livre. C’est mon objectif. Quand je corrige une erreur de dyslexie, j’aime ma mère, je lui fait du bien. De la guerre, je passe au pardon. Cette impression est fausse. Juste give me a reply. Était-ce un enfant ? Why do you make me cry ? Vache liquide. With a delicate regard which tells no lies. Est-ce que la liberté est libre ? That’s what God wants. Read your Bible. Freedom week. Last night, I was watching my son watching TV… Occupation week. Les abrutis de la sueur, on peut les appeler, les Américains. Émerveillement d’entendre le monde, virgule, le monde, virgule, de voir… A labour of love. Les acteurs américains comme à la maison chez David Letterman. Placer la banane au cœur de la corbeille de mariage.
La folie déserte le monde. Demain, je pars à Bordeaux. Chantage affectif.
Tous les mots sont dans la nature. Non, la merde, c’est plus doux, bien sûr. Dans le programme de la chair. Habité par la nuit musicale. Sa peau très près. Distances et blanc des yeux. Le bord de ta peau. Mon intelligence, la faire descendre au niveau de l’eau. Dans un sous-bois je parcours la capitale, dans un sous-bois…
Après une douche chaude, dans un sous-bois, je traverse la capitale dans l’allée infinie…
Tanger est magnifique ; j’ai préféré la nuit, ça rassemble plus les gens et les distances se réduisent un peu. On a un peu galéré pour trouver un bar qui vende de l’alcool, mais on a finit par trouver un endroit délirant, totalement décadent avec des hommes d’affaires couchés la cravate de travers et des femmes qui dansent « à l’oriental ». Je ne suis pas encore là depuis assez longtemps pour y trouver le mythe littéraire, demain on part pour Fès mais on revient ici en fin de tournée. J’ai acheté le livre de Guyotat, Coma, à la fameuse librairie des Colonnes, un endroit magique, peut-être un des seuls qui est encore dans ces années soixante dont tu parles. Nous sommes allé aussi dans un bar qui s’appelle Le Tangerinn, dont Burroughs parle dans ces écrits. Je suis sur la terrasse de l’hôtel qui donne sur la mer et le port et il y règne une activité débordante, ça gueule, ça vrombit, klaxons, ça pue aussi un peu, un mélange de poisson, gasoil, sueur, bouffe, mais ce n’est pas désagréable, l’impression d’être dans le vivant au cœur de la nuit, mais pas de la vie de pacotille comme ça peut l’être parfois. Je comprends que les mecs qui ont écrit ici ne soit pas dans la contemplation mais dans la pensée vive, l’intelligence en mouvement, tu peux difficilement te contenter de regarder ou te laisser envahir par les sensations, ça déborde trop. Les mouettes s’y mettent !
Qu’est-ce qui est le plus réel, le cinéma ou la vapeur ? Faire un film en danger de mourir, en danger de baiser. Les villes sont toujours épurées, épousées. L’arme blanche. Les bureaux, les intérieurs et l’amour. Créatures ! The smooth summer sea. Des galops de girafes, des yeux de lionne. Michael Jackson est pris dans le vent et dans le feu. Et, sur la scène, de vrais enfants surgissent de l’image. Une immense foule, peu à peu, de réfugiés et de malheureux bibliques. Des rois du temps passé, perruque poudrée, des chinois frêles et métisses. What about us ? Et, venue du public, une foule grimpe à l’assaut. Toujours le feu et l’oxygène projetée en vents furieux. Michael Jackson déchire son costume et en donne la moitié à Dieu. Des Africaines, des enfants blancs. Le feu brutal. À la fin de la chanson, s’étant dépouillé de ses vêtements, Michael Jackson est blanc comme un ange. Le dauphin qui s’échappe, le phoque sur la banquise. Replonger la forêt. I’m speechless. Jaloux des foules. Mourir et vivre, dans quel ordre ? Lutter, Luther. La foule lente et perméable. Que ce soit moi qui l’écrive ou quelqu’un d’autre, c’est exactement pareil. Je me contente de dire je. L’écriture féminine des journaux, du pouvoir. La principauté. La lune arabe à travers les arbres, les longs arbres, les frêles, les froids, la lune arabe. Boris Charmatz, c’est un petit con. Ma mère, qu’en faire, à chaque seconde, à chaque soupir ? Que faire de son fantôme jumeau ?
Le TGV brille comme la lumière, un serpent de l’intérieur et transparent. Parents, le mot fait encore frémir… Bleu… si nous inversions les valeurs ? Le soir est le matin, le matin, le soir. La terre est une boule de feu. Tendre le bras, un enfant, et le transformer en esclave. Un sourire, il m’a fait. Je vois trop d’artistes qui sont mal orientés. Maintenant le nuage fait, dans l’oreille, le dessin d’une chaîne. Maintenant, les nuages, précisément millimétrés, rappellent l’enfance. L’enfance par où les regarder : l’Ouest. La nuit vient comme un tunnel. Ce qu’a décrit Duras, oui, je continue. Je rétablis. Un cou d’instinct lumineux. Lutter, Luther. La foule lente et perméable. Que ce soit moi qui l’écrive ou quelqu’un d’autre, c’est exactement pareil. Je me contente de dire je. L’écriture féminine des journaux, du pouvoir. La principauté. La lune arabe à travers les arbres, les longs arbres, les frêles, les froids, la lune arabe. Boris Charmatz, c’est un petit con. Ma mère, qu’en faire, à chaque seconde, à chaque soupir ? Que faire de son fantôme jumeau ?
Alors maintenant je suis au monde, homme sans but.
La chose est plus forte que toi ; la mauvaise est plus forte que toi ; tu ne peux plus, c’est au début qu’il fallait jouer, dans le mouvement même de l’élan créateur, dans le mouvement du cœur même. Un corps, une âme tellement impurs, une foi tellement fragile… Il me reste quelques pages à lire et – qu’est-ce qu’il va dire, en quelques pages ? Comment faire un livre qui aurait un retentissement mondain ? Marguerite en a fait un, c’est le Ravissement. Elle l’a montré à Lacan qui le lui a montré. Traquer les fautes d’orthographe, j’en suis là ! Je vous mets les ceintures de sécurité. Il a dit : « coucourité » ! Ça veut dire quoi politique ? La politique, c’est comment on fait pour vivre tous ensemble. « Quand y a pas beaucoup de place. », ajoute l’enfant. Zélie Chevance demande, Flore Chevance précise. J’ai envie de calme. Mais on peut parler doucement. La petite biche, ce sera toi, si tu veux…
Bien sûr que je pleure sur mes parents que je pleure. Mais mes parents ne peuvent pas transmettre ce sur quoi je les pleure. Ne peuvent pas. Sont perdus dans la foule et c’est le mieux qu’il pouvait leur arriver. Ne dit-on pas qu’à Bordeaux…
Déchirant, poignant…
Sauf exceptions rares, la poésie d’aujourd’hui n’est plus faite que de sortes de télégrammes, de carnet de bord de l’« indicible » ; ce n’est pas avec ça qu’on fera avancer le sens et la langue.
Fin de matinée. Le ciel tissé bleu (je n’y avais pas pensé) par le Dieu ou le Diable. Allah, hélas ! La beauté innée donne droit à toutes les postures qu’on peut imaginer. L’ordure et la métaphysique, disons Dieu, disons Allah. Contraires apparents. Il y a le bruit d’une campagne (bruits de village) en avant d’un cimetière déjà dépassé lui déjà. Voulez-vous une voiture hybride ? C’est pour sauver la planète. Gratte, pelleteuse, la sombre terre. Additionne tes murs de parcelles. La trace est dans le ciel. Tout est reflété et la rivière pleure (même si, l’eau, le vent la fait danser). Dans la cavité de la mer. Un effort, un encouragement. Les fleuves, on les murmure ; à chacun sa passion. Maison, combien de fenêtres ? Marais, débris de bois rassemblés. Vaches d’un gris indéfinissable, très profond, très chaud, intense. Où ai-je vu déjà ce même gris, sur des oiseaux, des tourterelles ? Sur des peluches, des canapés ? Cette liberté sans limites. Les châteaux autour de Bordeaux. Pouvoir et liberté. Mon pouvoir, ma liberté. La scène est sans limites… Balayées, les années soixante, c’est du théâtre, ça peut tout à fait être joué au théâtre, c’est de la parole en actes, de la parole exclusivement. C’est une manière très directe, très immédiate de rompre l’isolement, de se mettre du « monde » autour, tout près, tout contre. L’image de Démosthène parlant devant la mer avec des cailloux dans la bouche (dans la voix). L’immense rive du fleuve. Pure, tue, mouette. Escaliers descendent à la mer, au fleuve, s’envasent… Was the blade bloody ? It was a dirty knife. Baldaquin d’émeraudes. Je sais bien, pauvres plantes, que nous partageons le même destin (même entourés d’une lumière éclatante). Celui qui souffre vraiment se drape dans l’obscur manteau du silence. Tout devient calme, un bruissement anxieux remplit la pièce obscure. Et je vois de lourdes gouttes pendre aux bords verts des feuilles. La résurrection des mères. Les conceptions maculées (les autres…) Pars dans la cheminée profonde. Too small, I’m afraid. I’m terribly sorry about that. Là-dehors, la bruyère rousse. Elles volent des meubles au palais de Justice. Les vivants sont des morts en vacances. Les morts en nous ont-il plus d’humour que nous-même ? Bonjour, monsieur le Directeur ! On se voit partout ! On ne prend pas la voiture à Bordeaux, elle ne sert que pour aller en dehors. Ou bien pour porter les bouteilles.
Après-midi sérieuse. Me suis couché, point, c’est tout. And besides, I am fond of habits and rites… Et, alors, le monde n’était beau et ne valait la peine d’être aimé, et parcouru, et transformé, que parce que tout y était plein. Nous sommes sur quelque chose qui roule. Nostalgie de la courbure (une nuque). Comme nous le montre la NASA, la terre est pleine. A l’œil nu. Et le bruit du soleil traverse les arbres décharnés. Le 26 novembre.
La pensée se meut tout aussi magnifiquement dans une tête de pauvre que dans une tête de riche. La lutte fait de la lumière. Le TGV, malgré tout, nous transporte d’une manière assez linéaire, assez plate. Il longe la terre. Je me suis fâché avec Claude Régy qui m’a dit qu’il n’aimait pas le TGV. Moi, je ne peux plus discuter avec ces gens qui n’aiment pas le TGV, qui n’aiment pas la télé, qui n’aiment que les chaînes hi-fi et les belles voitures japonaises. L’être est évidemment caché. Les parents veulent tellement qu’on les aime – mais pourquoi ? Ils n’ont rien dit, rien transmis, rien avoué pour qu’on les aime et leur pardonne. Ils veulent être aimés malgré la logique, malgré la conscience. Mais ce sont des bourreaux, ils sont croulants de culpabilité. Colère, liberté, nudité. Je ne veux pas faire de poésie à quatre sous, mais c’est quand les fleurs se remettent à sentir pour toi, etc., que tu sais que tu t’en sors. Est-ce la main de Dieu et celle du Malin ?
Mon père écrivait beaucoup de haïkus de quatre sous sur des bouts de papiers parfois laissés sur un bout de toile cirée. Ne plus parler de poésie, ne plus parler de poésie, mais laisser vivre les fleurs sauvages. Et faire jouer la transparence au fond d’une cour au murs gris où l’aube aurait enfin sa chance !
Il m’entraîne dans la meilleure cabine, celle avec miroir.
Un couteau au manche rouge. Le domaine des mots (realm) était le domaine du Bien, du bonheur, dormir dans les herbes. Va, mon amour ! You’re always looking at me, but you never see me. Elle a déjà totalement arrêté et je lui dit : « Arrête ! » Les filles sont comme Eva Green, elles ont des fleurs dans les cheveux (ou une fleur, au moins, sur le côté de la chevelure). Les mots ne peuvent décrire – tout au moins pour ce que j’en sais – que mon état chaleureux, mon état d’été, mon état de solitude mélangé à l’été. Je me demande si nous devons, de surcroît, aimer nos ravisseurs… La dé-idiotisation de son Moi. Une merveilleuse pièce de boulevard. Je sais bien, pauvres plantes, que nous partageons le même destin. Et comme le soleil quitte avec plaisir l’éclat vide du jour. Tout le monde a été humilié ou le sera, tout le monde a été pris pour un fou ou le sera, tout le monde a vécu la trahison des amis ou la vivra, vécu la souffrance, vécu l’abandon de Dieu ou le vivra…
Vous skiez, vous freinez. Il faut que je prévienne le lecteur, l’éditeur (éventuellement Guillaume) : je n’écrirai jamais qu’une chose, je le sens, allez, une chose ou deux. Enfin, ce sera la même chose. Toute ma vie. C’est pas la peine de parler de ce qu’on ne connaît pas. Ou si, mais il faut quand même quelques bases, tenons, mortier.
Je veux dire quelque chose, mais je ne sais pas quoi. Aux quatre vents. Dormez, je le veux.
J’avais satisfait mon envie. Dans la vie. Il y a toujours dans l’exécution quelque chose qui n’a pas été parfait. Cette mort accomplie et l’homme déjà froid. Toutes les prairies se couvrent de fleurs bleues et rouges. La griserie vaut de l’or. Table de mes amours.
La famille endormie, perpetual sleep (without hope of remission). Nobody’s touching your leopard ! It’s too spotty. Il y a des filles qui sont belles comme dans des vitrines. Il suffit d’un sein, d’une botte, d’une joue. Les paupières closes. Il me disait :
« Avec ton doux sourire, tu ne saura jamais conduire. »
On peut témoigner avec amour du vital manque d’amour entre les générations (la Bible). L’ail, it cleans the blood, c’est ce qu’on dit. (Garlic.) Les lunes blanchies. Les ciels naviguent. (Se coucher,) ouvrir une page de Guyotat et tout d’un coup, tout devient limpide et clair. « Tourner le dos au monde de la terre. »
Claire percée des voix. Elle rêve à des cavales noires. Les songes sont filles des nuages. Aux quatre saisons. Un seul regard déclenche une passion, un assassinat, une guerre. C’était l’avant-veille, il débarquait d’outre-Atlantique. Il écrit le matin et, l’après-midi, trouvent ses idées sous la douche. Il mendiait le contact des autres. Le livre ne s’adresse qu’à un seul individu, il faut donc : 1) Instaurer un lien personnel, 2) L’empêcher de zapper sachant que le lecteur est désormais bien difficile à surprendre. Les comptines qui tuent. Froissements de feuillets saints. Des Nike entraînent celui qui les portent vers des plans pas nets. La neige et la mer. La chute du labour dans la mer.
Et bientôt, Paris disparaissant, il poussa un grand soupir. La rivière était bordée par des grèves de sable.
It’s absolutly America.
L’immensité du peuple.
Yves-Noël Genod, Paris, novembre 2006.
(Le début de ce texte - jusqu'à : "New York est la ville de tous les pardons. The gifted and challenged." a été publié par la revue "If" - numéro 29 - éditée à Marseille.)