Et comment vas-tu toi, comment va ton cœur, et ton âme ? Nous parlerons de ton corps dans l’avenir
Ahah. Eh bien, eh bien, cœur, âme, beaucoup d'errance... mais que tu sois capable de travail entêté (« opium qui engourdi l'âme » selon Flaubert), c'est-à-dire de vivre, au moins toi, me calme et m'apaise
Oui, je travaille, voici les pages sur lesquelles je travaille en ce moment à la réécriture de mon roman, la réécriture c’est un opium, donc une jouissance comme le sait Flaubert. Toi tu es christique, tu n’as pas besoin de travailler pour être. Presque christique, veux-je dire !
Tiens, le livre que je termine se finit au Louvre, c'est-à-dire avec comme des fragments de ton livre à toi ! Exemple :
« Le major n'écoute pas.
Tout simplement, elle se rince l'œil. Fragonard, Boucher, surtout Boucher. Diane au bain, pose sa flèche, couvre ses seins. Odalisque enfoncée dans les coussins, quel oh, quelle onctuosité la peau de ses fesses ! »
Olala, c’est quoi, ce livre ? Je viens de recevoir aujourd’hui mon contrat des éditions du Seuil pour mon prochain livre sur la paternité de Rembrandt et ses pulsions de peinture. Champagne, ce soir
C'est celui que tu corriges ? Celui que j'ai lu (2 fois), c'est Céline Minard, Le dernier monde
Oui, que je corrige
Excitant ! Tu me donneras peut-être à lire ton manuscrit un jour, pour que je comprenne un peu mieux cette activité de changer un mot pour un autre, « vé-cul » par « passé », « une pénis-che » par « un vaisseau »... (Je suis d'accord en tout cas pour ces deux changements.) Bon vin !
Je pourrais parler des heures et des heures de ce que c’est que le travail de la réécriture j’en suis absolument fou et même obsédé c’est une jouissance sans fin, Je me suis même demandé à une époque si je n’écrivais pas uniquement pour créer un matériau à réécrire
Je vois. Je t'aime
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