Saturday, October 01, 2011

Marseille l'été éternel

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Ce soir

Ce soir, 22h, Musée d'art contemporain de Marseille (MAC), navettes qui partent du Vieux Port ou de Castellane et même de La Criée (se renseigner au festival : 04 91 37 14 04).

http://www.actoral.org/

HASCHICH A MARSEILLE

d'après un texte de Walter Benjamin
Kate Moran, Thomas Scimeca, Erik Billabert (son), Yves-Noël Genod

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Pudeur




« Je chante aussi, moi :
Multiples sœurs ! voix
Pas du tout publiques !
Environnez-moi
De gloire pudique… etc… »

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Le Chien

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L’Invention de L’Internet




« On vous décrit parfois comme un nain maléfique et vicieux, ou comme un génie du cinéma, ou les deux à la fois…
– Cette image de moi a commencé à la mort de Sharon Tate. C'est ça qui a plu aux médias, et ça roule comme une boule de neige. Ça a vraiment explosé avec l'invention de l'Internet. »

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« Dans des régions sauvées par la mort »




Ce matin, comme cette nuit, comme tous les jours, James (prononcer à la française et sans le s), confident, James est comme un chat, c’est-à-dire, il ressemble à un homosexuel, mais se laisse toucher, se laisse caresser, embrasser comme un animal, un chat, il ressemble à un chat, c’est-à-dire, je passe des heures à le caresser, à le frotter, moi à me frotter contre lui – et il finit dans la chambre de Kate –, bref, on devient ami (assez de détails) et donc je lui parle de Pierre, il veut aller sur son blog, il tombe sur une archive, un texte que je relis et que je recopie ici, un texte qui me cite. Michel Houellebecq dit souvent que le conseil qu’il donnerait à un jeune romancier serait de « ne jamais oublier que le lecteur fait cinquante pour cent du travail » – il tient beaucoup à ce pourcentage : cinquante pour cent –. Eh bien, pour moi, structure narcissique insatisfaisante, grevée de néant – et d'espoir –, je n’ai jamais pu lire mes textes que s’ils étaient lus par d’autres. D’abord des lettres, par exemple, reçues par Marguerite Duras (qui me disait : « Tes lettres, je les garde toutes, elles sont dans le tiroir de cette commode, un jour j’en ferai un livre... ») Ensuite Domaine de la Jalousie, par exemple, premier spectacle que j’ai donné ici, à Marseille, pour l’acteur Guillaume Allardi, d'une écriture révélée par sa lecture quasiment sans faute de sens (sens que j’ignorais). Ensuite, bien entendu, c’est l’histoire de ma vie, cet échange entre Pierre et moi, de blog à blog. Ce sont les trois étapes qui m’ont permis, par intermittence, de me croire écrivain (mais aussi bien, filmés par Patrick Laffont, par exemple, mes spectacles, de me croire artiste, auteur-metteur en scène, par exemple). Liliane Giraudon me propose de publier un livre dans la collection qu’elle dirige dans la nouvelle maison d’édition que met en place son fils, Marc-Antoine Serra. Et, forcément, je pense immédiatement : qui va faire le travail à cinquante pour cent ? Olivier Steiner... Pierre...






« A la télé il y a un débat sur le goût français: sur le plateau, on revient sur l'exposition des résines de Murakami à Versailles. Marc-Edouard Nabe parle des croûtes de Versailles, et rappelle que Louis XIV a lui-même joué les travestis dans une pièce de théâtre. Il parle du côté fun, drôlatique, successfull de Koons et Murakami. Laurent Fabius parle de l'effort méritoire pour aller vers l'art contemporain, et cite Picasso: « L'art, c'est comme le chinois, ça s'apprend. » Il parle aussi du Lonesome Cowboy, vendu quinze millions d'euros, jeune blondinet faisant un lasso de son sperme. Il conclut sur la faiblesse de Murakami, à quoi s'oppose Jean-Jacques Aillagon, qui prétend ne pas aimer Renoir, à la différence de Fabius, qui demande, interloqué: « Vous n'aimez pas... tout Renoir?... Vous faites un blocage psychologique? » A l'écran, la problématique, en sous-titre: « Versailles, galerie d'art contemporain? »
Entretemps j'ai relu le rapport de stage de Renato, tout en échangeant par intermittence avec Benjamin sur msn, où je ne m'étais pas connecté depuis plus d'un an. Benjamin est à Montréal cette année, il prépare une thèse, m'envoie une pièce de théâtre qu'il a écrite.
Il y a eu surtout ce sms d'Yves-Noël, en début de soirée, qui commençait ainsi, fulgurant: « Âme, j'ai failli perdre le regard dans le train, tout à l'heure. Maintenant, ça va. Mais j'ai pensé comme j'étais désolé de ne pas avoir pu être à la hauteur de l'espérance de notre amour. [...] »
Je lis sur son blog:
« J’avais mal à l’œil, mais le monde réussissait à être le plus beau que j’avais jamais vu, comme si j’allais mourir ou si, comme je l’espérais, j’étais juste très fatigué. Je m’étais allongé et j’avais fermé l’œil comme sur le noir du café. Et je les avais rouverts dans des hauteurs comme si la terre touchait le ciel. Je n’avais plus de sexualité, mais j’engageais des acteurs qui en avaient. Je ne les payais pas, mais les putains, les vraies, sont celles qui font payer pas avant, mais après. L’acteur m’offrait son cul, sa sexualité massive et rebondie, ses sécrétions comme il les offrirait à tous. Le ciel touchait la terre avec les vaches et tout, tout ce que j’étais en train de voir pour la dernière fois. J’avais énuméré dans ma tête les livres du XXème siècle que j’avais aimés et qui pouvaient entrer dans la catégorie « science-fiction » (puisque Michel Houellebecq avait dit quelque part que la seule littérature valable au XXème siècle avait été la science-fiction). Oui, après tout. J’essayais d’imaginer que les livres que j’aimais du XXème siècle entraient dans cette catégorie. (Excepté la poésie qui n’est d’aucun siècle et, toujours, de toute façon, une cosmogonie.) Voyage au bout de la nuit, oui, c’est de la science-fiction. A la recherche du Temps perdu, Les Vagues, Moderato Cantabile, Le ravissement de Lol V. Stein, oui, à l’égal des Chroniques martiennes. Disent les imbéciles, Les Fruits d’or, Entre la vie et la mort, science-fiction. Les Georgiques, La Route des Flandres, Tombeau pour cinq cent mille soldats, Eden, Eden, Eden, science-fiction. Coma, Formation. Kafka, Borges, Gombrowitch, Nabokov. Pessoa (avec les hétéronymes: science-fiction). Le Bleu du ciel, Ma mère, oh, j’arrête là! Ma mère, science-fiction. Modiano, Handke, Strauss, Simenon. Rauque la ville, science-fiction, c’est vrai. La ville rauque, c’est vrai. L’aspect contemplatif du monde est absolument sans menace. J’avais la sensation extraordinaire de glisser au-dessus du monde. L’ordinateur vibrait sur la table, mais, moi, à travers ma respiration difficile, j’avais la sensation de glisser, la sensation technologique. J’étais heureux d’être recueilli. Les gros nuages moelleux s’échappaient de mon cœur. Je ne pourrais bientôt plus écrire. Il y avait tout près… tout était là… Tout était de nouveau découvert. Ecrire n’était jamais décrire car tout était vivant. On ne pouvait rien toucher (de cette manière). On ne pouvait rien toucher d’aucune manière. La terre touchait tout. Et le ciel ne s’envenimait pas. Le ciel reflétait, (…), modérait. Redorait. La lumière, c’était la lumière. C’était ce que je n’allais plus cesser de ne jamais voir. Ma maladie. – » »

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Arthur Rimbaud passe au large




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Felix, dancing in silence, rappel




Maître,

C'est depuis le Japon, ou je suis « en résidence » jusqu'à la fin de l'année, que je t'écris.

On n'a toujours pas terminé la documentation du projet pilote berlinois, Gisela et moi. Pourtant le temps presse car c'est une obligation et les sponsors commencent à s'impatienter (je les comprends...)

On a déjà préparé un rapport assez exhaustif. Mais ce serait bien, et souhaitable, que d'autres voix y soient à entendre, de ceux qui, d'une manière ou d'une autre, ont collaboré le long de cette aventure.
Donc, toi !

Je voulais donc te demander l'autorisation d'utiliser la lettre que tu avais écrite après ton intervention, assez turbulente, en automne 2008. Je te mets en pièce jointe la version traduite, légèrement raccourcie, qu'on avait envoyée aux étudiants à l'époque.

Dis-moi qu'est-ce que t'en penses !

Bien cordialement,
fa






Mais bien sûr. Il n'est pas mal, ce texte que je relis dans ta traduction. Peut-être le name-dropping Nureyev, Callas, Picasso mériterait un peu de précision... Ou, au moins, supprimer Picasso de la liste... Bien qu'après tout, j'y pense, Philippe Katerine dans la chanson Mort-vivant de son dernier album ne m'associe-t-il pas à ces divinités, à ces idoles ? (Avec Michael Jackson aussi et Marcel Duchamp...) Ou alors on rajoute Rimbaud (tant qu'à faire) :



Vis et laisse au feu
L'obscure infortune.




J'étais à Berlin il y a dix jours pour voir le nouveau travail de Laurent Chétouane, lui, vraiment, pour moi, au niveau des étoiles... c'est-à-dire de la vraie vie. (Le monde est vicieux ; / Si cela t'étonne !) Je pourrais aussi dire pourquoi...

T'embrasse de Marseille où je présente un spectacle sur le cinéma qui flirte aussi avec l'absolu Walter Benjamin : Haschich à Marseille

Yvno






Letter form Y-N G to the HÜZ-STudente, October 2008
Das nachfolgend in Auszügen zitierte Schreiben geht auf eine ausführliche Email-Korrespondenz zwischen Genod und der Studiengangsleitung zurück und wurde nach Abschluß des Projekts an die Teilnehmenden versandt:




« […] the experience has been very conclusive. On 17 October, at the 2nd and last performance, the students have shown a great calmness, concentration, an absence of panic and something which can be called joy – maybe not for each and every one of them, but still. […] This success, this opening now allows me to put some principles on the table which I have always incurred during the rehearsal work, and whose full meaning I now see glaringly apparent. For instance Anna: She played the out of tune piano. On the general, it just didn’t work (horrible); on the last night outstandingly gracious, even unforgettable. Same instrument (out of tune), same person (somehow out of tune as well), and still a difference of day and night. […] Terror on the first night, confidence during the second. And the world has changed all over. […] Of course for each case, each person, for each scene, each moment the good solution needs to be found, and this will always have to be the empirical one, the intuitive one, the one which works and helps to overcome difficulties and dead ends. For it is all about making theatre something easy, an art to get into (otherwise why should you present it in public?). But there are some principles without which I could not even imagine to do anything in this métier. To bring into being something – and I am now speaking strictly of theatre – motor and fuel will always be pleasure, and nothing but pleasure. Pleasure and opening up rooms for pleasure. Pleasure to a point the students will hardly be able to even imagine (even though the last night was something like a glimpse into this possible pleasure …). The pleasure of Rudolf Nureyev, of Maria Callas, of Pablo Picasso. It is all the same. Confidence. Forgetting about the idea « to take a risk » and even any kind of « confrontation » and « difficulty ». « Only do what you know to do », is what I keep saying to my actors. And this is what I asked the students as well. Most of which, in the beginning, told me that they didn’t know to do anything. Which of course is not true. […]
I know my métier, I know like Klaus Michael Grüber, that « actors are capable of marvellous things, but they are so afraid. All the work consists of calming this fear. » All the work. Of a stage director. I know. No other work. […] Calming the actors, be they students, for them to be able to just “act” so as to invoke beauty; beauty which might also be invoked (and in the very same moment) by the spectators who might not even be aware of this.
[…] For Felix, dancing in silence, we had two very nice audiences, especially on the second night, when the spectators were younger, more open towards surprise, more curious. The students gave proof that they know how to seize such circumstances to come into being. Another step would be to learn and understand that in a certain sense all circumstances are in favour. That you can always bathe in confidence – in space, in air, as part of humankind. It is nothing but reality. This is what we would work on if I were to come back; it is what gave us the firm impression that work could now really get started … after such an incredibly slow beginning which made me think at times that we might never understand the fact that rather than dealing with slowness, with « form » and with resistance, it was all about swiftness and informal, which is to say with love, and it is this perspective, from the Greek amphitheatre of nature and sun which opens up a blessed path… »

Yves-Noël Genod, 19 October 2008 (translated 25 October 2008).



Franz Anton Cramer

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