A un jeune, mais qui ? (s'il se reconnaît...)
Merci de votre mot. Non, je n’en reçois pas tant que ça. Que dire ? Arrêter l’école, Rimbaud l’a fait. Mais ensuite il a aussi arrêté la poésie et il s’est remis — à vingt ans — à bachoter, c’est-à-dire à travailler les matières qui lui manquaient (l'arythmétique…) parce qu’il voulait rentrer à Polytechnique, il lui fallait son bac. Il a loupé son coup parce qu’il avait juste dépassé l’âge d’admission (avant 21 ans). Alors il a tenté autre chose. Il voulait retrouver une vie « normale » avec des ambitions « normales », gagner de l’argent, etc. (j’imagine même se marier, etc.) Il pensait qu’il avait loupé son coup avec la poésie parce que, dans son esprit, la poésie — pour laquelle il se savait parfaitement équipé — n’était qu’un moyen 1) pour changer le monde 2) puisqu’il n’avait pas pu changer le monde (écrasement de la Commune), changer une seule personne (Verlaine) 3) puisqu’il n’a pas réussi non plus à changer Verlaine, se changer lui. Mais, lucidité (comme vous dites) : il pensait qu’il ne pouvait se changer qu'à la condition d'être encore dans l’enfance, que dès l’âge adulte ce serait fini. Donc il a arrêté après son troisième échec. Il n'a même pas réussi à se changer. La poésie, pour lui, ne valait plus rien. Donc aucun conseil : ni de suivre ni de ne pas suivre Rimbaud !
C’est vrai, la phrase de Cioran. Le contraire de la télé, des médias, des « réseaux sociaux » où tout le monde est « expert », mais même pas l’expert de sa solitude…
Moi aussi, j’aurais certainement beaucoup de plaisir à travailler avec vous. J’ai moins de travail qu’avant, on m’en propose moins et je ne sais pas du tout m’imposer, je ne sais pas, c’est simplement clair. Mes prochains projets sont en Suisse en juillet, mais je ne sais pas où l'on en sera en juillet, probablement pas loin — et en octobre, peut-être, là, avec un peu plus de chance. (A Lausanne, dans les deux cas.)
Cette année, j’ai fait une pièce avec l’école du TNB, à Rennes, c’est une bonne école. J’ai beaucoup aimé y travailler.
Mon Dieu, on a quand même honte de vous laisser un monde si crétin, à vous les jeunes, quelle honte… Ces dernières années, c’était le pompon ! Et maintenant… et ça va durer… Et peut-être est-ce même le premier effondrement. Ça a l’air d’une farce, en même temps. Ces trous-du-cul qui nous gouvernent. Et je n’achète plus tous les jours les journaux parce qu’ils promettent la dictature… Je prends des bains de soleil (dans un « jardinet dérisoire » (j’ai trouvé cette expression dans un livre), à Nantes, et, certains jours (les jours où je n’achète pas les journaux), c’est les grandes vacances...
Vous êtes confiné où ? Pas trop malheureux ? Vos proches vont bien ?
Ci-dessous, comme promis, des liens vers des vidéos, peut-être quelques-unes que vous ne connaissez pas…
Très heureux de faire votre connaissance, merci !
Yves-Noël
Labels: correspondance