Saturday, January 31, 2009

Dans l’temps

Ce que j’ai compris dans l’temps de la littérature… C’est à dire pas grand chose, mais ça a été compris. Ça, le problème, d’ailleurs. Ça qui décline tout… (Le rapport aux femmes, aux femmes-artistes, aux femmes-écrivains…) On veut lire de nouveaux livres, mais on sent qu’on ne comprendra pas plus de choses ou alors très rarement. Alors on se tourne vers les classiques. Mais, là aussi, on manque quelque chose. (On manque les modernes.) Alors il y a Pierre. Alors il y a les femmes et il y a les hommes. Et les hommes nouveaux sont des femmes. (Mais les hommes restent – puisque le temps reste.) Alors il faut gagner de l’argent.

Le ciel voilé contient un soleil flou. C’est la mer… Le combat inégal avec le vent*. Ce que j’ai lu je l’ai compris dans L’Été 80. Par exemple. Et puis c’est tout. Je suis même allé à Trouville, alors… (Marguerite était là, d’ailleurs, chaque dimanche, dans le hall de l’Hôtel des Roches, apercevable, forcément apercevable comme un fantôme vivant, vivant là.) Je me suis baigné à Trouville dans les aspérités du livre. L’eau n’est pas des plus propres, il vaudrait mieux aller ailleurs… Mais, ailleurs, c’est l’été partout de toute façon. Le 15 août, c’est répandu. C’est absolument répandu. On y est. Témoin et a vécu. Il n’y a pas de compromis, il n’y a pas de – trop tard, j’ai oublié le mot – il n’y a que la solitude qui ouvre, comme dit Yannick Haenel, comme une joie.
L’eau sourd du sable, sourd du sable jusqu’au soleil.
À Paris je répète quelque chose avec Claude Régy. Ça ne mange pas d’pain.

Cette putain de vie de la compagnie des livres. Ces métaphores incohérentes. Ces livres. Céline. Je veux dire : Aline… Pleurer, crier… je me suis assis auprès de son âme… et la belle dame. Sur le sable… Entendez comme ce mot est profond. (Évidemment il est chanté.) L’inspiration floue et le corps précis – comme un film de Jacques Tati, dans les pentes, dans les montées, les belles maisons, les beaux étés… Le présent pur.

La sensualité du citron, de la pomme et de la pêche… D’une lumière très forte, une camera obscura. Le bonheur et ses trous d’air. La vraie réalité, c’est l’opinion humaine.

D’habitude, le sommeil étant inenvisageable, la nuit ne fait alors que commencer.






* Lapsus calami : j’avais mis : le combat inégal avec la mer.

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Depuis maintenant

À Lucien Johnson.

Je fais beaucoup d'efforts pour ne pas me censurer ni dans mes spectacles ni dans mon image ni dans mes écrits (ni dans mes rapports aux autres) – alors il n'est jamais arrivé non plus que je rectifie quoi que ce soit sur une demande extérieure. Si tu veux t'échapper de mon cerveau, je ne peux que te conseiller de ne plus me fréquenter.* J'en serai désolé, mais, là, je ne vois pas comment on s'en sortirait : tu ne comprends pas une miette de ce que je fais – et, moi non plus, j'avoue que je ne te comprends pas. Mon blog s'adresse strictement – comme mes spectacles d'ailleurs – strictement aux gens que j'aime et à ceux qui m'aiment. Tes problèmes de moteur de recherche et de personnes malintentionnées me passent à côté de la cuillère...

* Et encore, le mal est fait, je ne pourrais jamais te promettre de ne jamais parler d’un Lucien Johnson qui aurait un ulcère à l'estomac, par exemple.



À Véronique Müller.

Mais non, rien n'est méchant, quelle idée ?
Vous pourriez dire que ce que je raconte, c'est des banalités que tout le monde vit et que tout le monde a déjà racontées (Je t'aime moi non plus), ça je comprendrais... Mais méchant ? Deleuze reprenait un slogan de mai 68 : « Cesser de faire le gendarme pour soi ou pour les autres. »
Je suis désolé de n'être jamais allé sur votre blog, j'imagine que maintenant il doit être trop tard.
Vous savez, je ne raconte pas tout sur le blog. Très loin de là. C'est comme une scène avec des personnages, c'est très loin de la réalité (avec néanmoins cette ligne de mire). Au début, c'était des poèmes, maintenant, c'est des histoires. Ce sont des exercices, en tout cas, à visée « littéraire » (même si leur ambition est faible).
Bisou, vous mettez pas dans des états parce que j'aime un garçon en ce moment. Moi aussi (j'en parle assez), je suis perturbé – et le seul concerné, d’ailleurs –. Mais ce que je voulais vous dire, c’est : si vous le connaissiez, vous comprendriez... Qu’y puis-je ? J'ai jamais ressenti l’existence de quelqu’un à ce point. Mais les filles me manquent, évidemment.

Au plaisir

Yvno



Et à Sofie Kokaj qui signe d'abord d’un pseudonyme :

(…)
je suis un peu triste qu'hélèna
ne soit plus l'héroïne
c'est pas privé ni moral ni
j'aimais bien le roman avec elle

emma bovary.



(…)
Pierre me dit qu’une écriture cynique, c’est Flaubert, sur Madame Bovary par exemple, qu’il enfonce le plus possible (son personnage)... Je ne sais pas, j’ai pas lu (mais il me disait ça pour me dire qu’il faisait, lui, le contraire...)

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Aux abords du château désolé...


Dessin de François Dupont (cliquer sur le titre pour accéder au lien).

Aux abords du château désolé...

« Et s’il avait trouvé au-dehors la terre inculte et désolée, l’intérieur ne valait pas mieux, car partout où il alla, il trouva les rues désertes et les maisons en ruine, sans personne, homme ou femme. Il y avait dans la ville deux monastères : c’était deux abbayes, l’une de religieuses affolées et l’autre de moines terrorisés. Il n’y trouva ni beaux ornements ni belles tentures, mais il vit des murs crevassés et fendus, des tours sans toits, des maisons ouvertes à tous les vents. Aucun moulin pour moudre, ni aucun four pour cuire en quelque endroit du château ; pas de pain ni de galette ni rien qui fût à vendre, fût-ce pour un denier. C’est dans cet état de dévastation qu’il trouva le château, complètement démuni de pain, de pâte, de vin, de cidre et de bière. »

Perceval, 1749-1773.

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Notations en lisant Ravel

(La monnaie de sa pièce)






Comme toujours le temps presse. Je suis dans le café moderne, celui de peu de souvenirs, celui des femmes et de la vie maligne, hétérosexuelle.
Les femmes, ça ne va pas de soi, il faut les séduire, il faut les sortir. Je les sors au café Moderne, en hiver ou en été. Chaque fois que la porte s’ouvre, un courant d’air froid. Ô le jardin noir et blanc sous les arbres nus !

L’engouffrement de l’homosexualité, on peut parler comme ça aussi, c’est une religion, ce n’est pas la vie, c’est une religion. Au soleil ou dans la neige, c’est une religion. C’est le calme aspect de la vie : le religieux.

Les rires, les gens, les villes sont fantastiques.
Il y a la drague, je pense à ces prostituées de Pessoa, la drague générale, l’attirance d’exister. Je pense que je ne vais pas disparaître.

D’ailleurs d’autres gens se profilent dans le café. La porte s’ouvre.

« J’ai fait du yoga sur la plage (…) dans la jungle. », raconte la grande bringue, belle, mais trop vulgaire pour moi, il faudrait l’enculer – et surtout lui attacher ses grands membres, l’araignée.
De visage, elle est pas mal, la gifler, lui faire venir les larmes, elle doit être sèche.

Lorsque j’étais amoureux d’Hélèna et que j’avais fait un spectacle dont le titre était à son hommage, Monsieur Villovitch, Cathy Bouvard m’avait accusé « d’attaquer l’image de la femme ». C’est con qu’elle soit passée à côté : c’était mon plus beau spectacle. Je lui ai simplement dit : « Tu as vu la meilleure représentation de mon plus beau spectacle, c’est con que tu sois passée à côté, mais c’est impressionnant, aussi, ta réaction, ça t’a atteint. »

Le costume ardoise et le pardessus chocolat de Ravel. Le très beau serveur, très brun, très viril a vu que je le draguais. Quand je me levais pour lui demander un deuxième café, je l’ai regardé ostensiblement, au plus loin du fond de ses yeux que je pouvais. Il a gelé légèrement le fond de sa pupille. Ce fond de son intimité n’est pas pour moi. À Paris, j’aime boire des cafés dans les cafés. Je pense à Clélie que je découvrirai ce soir. La Clélie. La petite Clélie. Petite merveille. Pierre en mieux. Est-ce possible ? La banquise au même instant. Le fond des yeux comme un peu Maud Le Pladec. Salaud ! Son dos et son absence de cul est magnifique. Il se retourne, lui et moi, nous ne nous regardons plus, il me rend la monnaie.

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Marlène rencontre Felix à Berlin

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