Saturday, March 23, 2013


To a Poor Old Woman
munching a plum on
the street a paper bag
of them in her hand 
They taste good to her
They taste good
to her. They taste
good to her
You can see it by
the way she gives herself
to the one half
sucked out in her hand 
Comforted
a solace of ripe plums
seeming to fill the air
They taste good to her







(William Carlos Williams.)

Mouvement même du spectacle


Très beau spectacle de Christian Rizzo à la Villette, malheureusement abîmé par les sorties de secours, ce qui fait qu’on a une copie du spectacle, mais pas le spectacle lui-même. Pourquoi nos contemporains doivent-ils supporter ça ? Mais une copie qui vaut de l’or. Comme si nous jouions dans un temp de fer. « Mais pourquoi nos contemporains doivent-ils supporter ça ? », écrivais-je encore dans mon carnet désossé, l’âme bercée dans la lumière et la plasticité, le son et le tâtonnement, le soulèvement et la misère — de l’espoir. Voilages, voilages à traverser, l’opéra électronique, sans voix (c’est un silence). Chef d’œuvre de pure beauté comme un Bob Wilson gris. Dans l’espace, dans la matière, dans la neige : gris. Que vous soyez grand ou mince, que vous soyez vivant ou mort, vous avez votre présence sur ce plateau. Un peu de couleur apparaît dans une vidéo sublime sublimement projetée (sur l’écran qui se dérobe), à la fin. C’est le printemp. S’asseoir sur une chaise avec un manteau de fourrure et écouter les oiseaux de l’aube et du soir dans le vaste espace.

« J’ai envie de faire des projets qui puissent servir de filtres de lecture du réel, comme des lunettes. Mettre le doigt sur la simplicité de l’état des choses pour leur rendre leur importance, leur force. Et pourquoi pas inventer des mondes imaginaires à l’intérieur de cette réalité. Je demande au public d’accepter de prendre le temp que, moi, j’ai pris, de regarder comme on reçoit un cadeau. »

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Brooklyn Narcissus


Straight rye whiskey, 100 proof
                       you need a better friend?
                       Yes.        Myself.

The lights
the lights
the lonely        lovely      fucking       lights
and the bridge on a rainy Tuesday night
Blue/green double-stars      the line
that is the drive and on the dark alive
gleaming river
Xmas trees of tugs scream and struggle

                                   Midnite

Drops on the train window wobble  .  stream
                                         My trouble
                                                              is
it is her fate to never learn to make
                                             anything grow
                                   be born or stay
Harbor beginnings and that other gleam  .  The train
is full of long/way/home and holding lovers whose
          flesh I would exchange for mine
          The rain, R.F.,


          sweeps the river as the bridges sweep
          Nemesis is thumping down the line
          But I have premises to keep
          & local stops before I sleep
          & local stops before I sleep

                                                          The cree-
                                                          ping train
                                                          joggles
                                                          rocks across
                                                          I hear
the waves below lap against the piles, a pier
                                               from which ships go
                                                          to Mexico

a sign which reads

PACE O MIO DIO

          oil
                                              “The flowers died when you went away”

Manhattan Bridge
a bridge between
we state, one life and the next, we state
is better so
is no
           backwater, flows
                                         between us is
our span our bridge our
naked eyes
open her
see
bridging whatever impossibility. . . PACE!

PACE O MIO DIO

           oil

                                                          “The flowers died. . .”
                                                          Of course the did

Not that I was a green thing in the house

                                I was once.
                                No matter.


The clatter of cars over the span, the track
                                  the spur
the rusty dead/pan ends of space
            of grease


We enter the tunnel.

The dirty window gives me back my face






(Paul Blackburn.)

To Jean Biche


Kate Moran arrive demain à Bruxelles (pour 2 mois et demi), vous allez vous rencontrer, n'est-ce pas mon chéri ? J'ai dîné avec elle ce soir. Love





Ho, vraiment ? Je vais lui envoyer un message alors :-)




Elle est très douée... Peut-être, elle pourrait faire un truc dans un Bas Nylon... Là, elle débarque pour jouer Tippi Hedren dans un remake des Oiseaux, tu vois le genre !



C'est super, mais, là, Bas Nylon, on fait un petit break : les lieux se font tellement rares pour nous acceuillir qu'on devra attendre la saison prochaine pour rejouer (et encore c'est pas sûr). En attendant, on compte tourner avec notre matériel actuel, plus une apparition à la gay pride  :-)
Et, toi, comment va ?



Ah, c'est plus chez Maman ? Je croyais que tu en étais devenu l'institution (dans l'institution). Moi, ça va très bien. Pas de travail alors très pauvre, ce qui m'empêche de voyager autant que je le voudrais et d'aller voir les amis ne serait-ce qu'à Bruxelles...



La direction de Chez Maman a changé (gros retour en arrière), alors on est parti d'un commun accord. On a trouvé mieux depuis, mais le lieu est quasi fermé pour des problèmes surréalistes (Belgique chérie). On est sur le banc de touche en attendant notre chance.
Et garde confiance pour le travail, dans un an, toi et moi, on monte les marches de Cannes en fourreau à paillettes. Chiche !



Lol ! Love ! T'es un amour !

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Robert


Dans le spectacle de Robert Cantarella, il y a des choses qui m’intéressent beaucoup, d’autres choses que je n’aurais pas fait de cette manière. Evidemment, c’est un plaisir de passer une soirée avec Nicolas Maury, on sait qu’il sait recevoir. C’est justement ce qu’il fait, avec virtuosité, dans la majeure partie du spectacle, il reçoit les clients dans son cabinet de kiné. C’est ça qui est bien, avec Nicolas Maury, l’acteur le plus intelligent que je connaisse, c’est que, s’il joue un kiné, à la Ménagerie de verre, c’est-à-dire dans un squat (un peu comme dans Chutes, de Gregory Motton, dans la mise en scène de Claude Régy, un bureau, un téléphone qui sonne, au milieu de nulle part), on va y croire. Franchement. J’irais bien me faire soigner le dos par Nicolas Maury. Il est rapide et efficace. En fait, il joue qu’il reçoit, c’est ce qu’il est de plus beau à faire pour un acteur. Recevoir. Il reçoit un vieillard extraordinaire, Michel Corvin qui n’est pas acteur, mais qui connaît le théâtre comme sa poche (il en a écrit un dictionnaire). Comme je le félicitais, il m’a dit qu’il aimerait bien jouer Le Roi Lear... Oh, comme j’aimerais mettre en scène Michel Corvin dans Le Roi Lear ! Qu’on me donne une salle, qu’on me donne un royaume ! Puis, pour me dire au revoir : « Allez, redescendons sur terre... » Il reçoit aussi des enfants, merveilleuse scène improvisée (les enfants ne jouant que ce soir et n’étant arrivés qu’une heure avant). Il reçoit d’autres gens, mais, par ex encore, le poète Stéphane Bouquet qui joue un clochard qui pue (immense poète). La première partie du spectacle, c’est Nicolas Maury qui joue avec oreillette Taxi Driver. Seulement la voix de De Niro adressée au public. En français. Là, c’est un peu moins bon, pour moi, parce que, s’il le fait très bien, la virtuosité est plus visible. C’est le problème avec les gens très doués (et très travailleurs), on leur fait tout jouer (cf Jonathan Capdevielle), mais, la difficulté, c’est de trouver qqch qu’ils n’aient pas encore fait, qui ne les ennuie pas. Après, le spectacle est très bon, très aéré. Je ne sais pas pourquoi l’espace de la Ménagerie est réduit (gradin avancé) et il y a ces ajustements qui n’aurait pas été les miens si j’avais dirigé ce spectacle. Par ex, quand Stéphane Bouquet traduit la voix de cet imprécateur américain qui entraîne quelques 1000 personnes à la mort (un suicide collectif d’une secte dans les années 70), moi, j’aurais fait en sorte que la traduction, sa fréquence, soit à la limite sonore de la bande enregistrée, juste assez, mais à peine, pour qu’on perçoive. Ceci, c’est ce que nous faisions par ex au Radeau.

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Emballement



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Commerce avec le diable


« Connaissez-vous qq’un qui n’ait pas eu des relations particulières avec lui ? »

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Drapeau du samedi

Park Poem


From the first shock of leaves their alliance

with love, how is it ?

Pages we write and tear
Someone in a swagger coat sits and waits on a hill

It is not spring, may-
be it is never spring
maybe it is the hurt end of summer
the first tender automn air
fall’s first cool rain over the park
and these people walking thru it
the girl thinking :
                                   life is these pronouns
the man : to ask / to respond / to accept

                                   bird-life     .    reindeer-death
                                   Life is all verbs, vowels and verbs
They both get wet


                                   If it is love, it is to make
                                   love, or let be
                                   "To create the situation / is love
                                                               and to avoid it, this is also

                                   Love"
as any care or awareness, any
other awareness might might
                                   have been
                                   but is now
hot flesh
socking it into hot flesh
until reindeer-life / bird-death

You are running, see?
you are running down slope across this field
I am running too
to catch you round
                                   This rain is yours
                                   it falls on us
                                   we fall on one another

Belong to the moon
we do not see

                                   It is wet and cool
                                   bruises our skin
                                   might have been
                                   care and avoidance
                                   but we run     .    run

to prepare
love later






(Paul Blackburn.)

It is not spring, may- / be it is never spring

Poème pour Thibault Lac



                                                                                          je vais aller au marché. je vais passer dans la rue où je t’ai laissé hier, pour y aller, dans la rue où tu as dormi. avec ton frère. tête-bêche. et où tu m’as empêché de dormir pendant un bon moment parce que j’étais heureux de te connaître. dans ma nuit seule. et où j’ai pensé à toi. et encore à toi. et j’ai pensé que c’était dommage que je ne continuais pas le poème que j’ai commencé avec toi. avec toi comme un chat, avec tes omoplates, ta ceinture scapulaire, ta sueur sur ta nuque et légèrement absorbée par ta chemise propre. je pouvais avec mes doigts sentir ta chemise propre que je ne pouvais pas sentir avec mes narines. tu étais prisonnier dans mon dos de mes narines et de mes désirs, tu étais refermé dans ton enveloppe corporelle toute calme et sérieuse.






(Concordance des temps : et j’ai pensé que c’était dommage que je ne continue pas le poème que j’avais commencé avec toi.
Je ne retouche jamais ce que je poste sur ce blog, sauf l'orthographe, les coquilles quand j'en trouve, il y en a plein. Et la concordance des temps, parfois, mais ce n'est pas important (et écrire mal évite de devenir fasciste) (au moins).)

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Le Jour de la souffrance à ne plus pouvoir marcher

Sortir ou rester chez soi



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Projet d’art


Avec Stéphane Bouquet, on parle du cas Richard Millet — puisque j’ai trouvé sur les étagères de la Ménagerie ce livre que j’ai tant aimé, La Chambre d’ivoire, de la même façon que j’avais trouvé — tant aimé — le commencement des siens (je crois que c’était Le Mot frère). Il me dit que c’est pour ça qu’il faut laisser des fautes d’orthographe dans les livres, à cause de la « pureté de la langue » qui peut virer « pureté de la race », il faut se prémunir. Comme il n’a publié que peu de livres (sublimes), je lui demande s’il écrit beaucoup. Il n’écrit pas beaucoup et — de plus — il jette beaucoup. Par ailleurs, il fait des traductions, de l’anglais et de l’italien. Il est payé au vers (genre 1 € 20).
Il me parle d’un très beau poète qu’il a traduit, Paul Blakburn. Sur internet, pour aujourd’hui, je trouve ça : 
« la cigarette se fume toute seule dans le cendrier 
    Carlos soulève son bol de céréales pour finir le lait


                          Il me parle    .    Avec ses mots    . » 

Je suis seul et irrégulier.

« Les poèmes sont très majoritairement écrits autour de 3 motifs : l’errance dans les rues & les parcs ; les femmes ; les voyages en train et en métro. »

Ou :

« L’Aigle est un vieil homme. 
On s’assoit un instant & fumons & regardons
la neige. »

Et, ça, très beau : 
« Manhattan bridge
un pont entre
on le dit, une vie et la suivante, on le dit
vaut mieux alors
n’a pas de 
                 bras mort, coule
                                      entre nous est
notre travée notre pont... »

Ou :
« Les gouttes sur les vitres du wagon tremblotent    .    coulent » 

Ou :

« océan    .    soleil    .    bourrasques » 

Ou :

« La vitre sale me rend mon visage. »

Ou : 

« je me penche et m’étire comme si j’étais soir ou pierre... »

Et puis, ça, très malin, et qui me rappelle la note que je viens décrire sur le 3 :

« Note de l'auteur. Selon Paul Blackburn, le secret de Villes est triple : « ciseaux, pierre et papier. »

Les ciseaux, c’est les jambes de filles. La pierre, c’est lui, le texte clos. Le papier, c’est l’écriture.

J’aime bien quand je tombe sur qqch le jour d’après.

(C’est une journée réussie.)

« Un dernier regard
le métro démarre lentement, trop
lentement, elle reste là,
jambes écartées sous un manteau noir de fausse 
fourrure, elle
reste juste là, sans fin, ne choisissant
ni une direction ni l’autre [...] »

Et puis, très beau, l’identification aux mouettes : 
« Pourquoi les mouettes aiment-elles
                                              se poser sur la mer
                                              seulement quand il y a des vagues, quand il
                                                                                           y a de la houle ? 
                                                                                           Et ne le feront jamais
                                              quand la mer est calme ?
                                              Sûrement qu’elles prennent plaisir aux
                                              mouvements de la vague
                                              comme moi,
                                              être levées, hissées, lancées, et dé-
                                                            valer la pente, et grimpant 
                                              sans effort
                                                             la crête suivante. »

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