Le soir, la mer était un miroir calme, beaucoup plus calme, qui recueillait, parcelle après parcelle, comme dans un pays du Nord, pour faire durer le plus possible, la lumière.
Il faut dire que la mer dont nous parlons, pour ceux qui ne connaissent pas, est totalement close.
Rien ne distingue d'un lac si ce n'est la marée immense, phénoménale qui vide l'évier et le remplit - et puis l'imagination, bien entendu, car nous savons que le pays d'en face, longue bande de forêt et de serpents qui n'intéresse personne où parfois - de très rares fois - nous sommes descendus en bateau, n'est qu'un leurre, une façade, un mur qui sépare encore du royaume infini, protège.
Quand j'étais petit, je me souviens que sa taille, sa proximité augmentait d'une année sur l'autre jusque un jour se fixer, une année : taille adulte (immuable).
La base du Poulmic était la ville idéale, de science-fiction, Nicolas Moulin, blanche le jour, illuminée la nuit.
Là-aussi, inaccessible, militaire, d'un autre monde, au-delà de la frontière.
Terminons une fois encore par citer la plus belle phrase que Marguerite Duras ait jamais écrite (selon elle) :
"- Ici, c'est S. Thala jusqu'à la rivière. - Et après la rivière ? - Après la rivière, c'est encore S. Thala."
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