Thursday, September 22, 2016

Alors le cours régulier, vous savez, JOUER COMME GERARD, vous avez bien compris ? c’est les lundi et mardi, mais l’horaire change. C’est pour suivre la scénographie lumineuse du Bon Dieu. On joue avec. Donc lundi et mardi prochain, c’est 17h30-20h30

Pour mémoire :
Je ne vais pas vous mentir, ce qui compte, c’est la splendeur. C’est la beauté des vêtements, c’est votre disponibilité à la splendeur, la manière dont votre peau se baigne dans la lumière, comme la lumière se baigne dans votre visage, votre corps entier, plus beau le corps entier, plus beau que le visage seul, c’est votre disponibilité au monde, à la vie, à celui qui vous regarde, votre confiance, votre capacité à calmer votre peur, à calmer la peur de celui qui vous regarde, à calmer la peur de tous ceux qui vous regardent, c’est jouer, c’est le talent, « Qu’est-ce que c’est que le talent, disait Barbara, c’est peut-être seulement de savoir sourire, d’entrer en scène et de sourire », ou peut-être de ne jamais tricher, comme assurait qu’elle faisait la Callas — ou Rudolf Noureev, qu'est-ce qu'il disait ? « Je me sentais léger et je plaçais mon corps à l'endroit de la légèreté » —, c’est l’amour, terrible jeu, parce qu’on y arrive aussi en trichant, croit-on, on y arrive avec une voix fausse, à la tromperie, mais aussi avec une voix juste, mais aussi avec ses défauts, on y arrive avec la folie, avec des murs, avec des griffes, avec l’excès, on y arrive toujours parce que ça ne s’apprend pas, se baigner, se baigner dans le fleuve où l’on ne se baigne pas deux fois, « Je dis souvent : On ne se baigne jamais deux fois dans la même personne », dit le chercheur en neurobiologie Alain Prochiantz ; d’où l’intérêt d’un cours, un temps pour ne rien comprendre, pour ne rien faire, oui, c’est ça : un temps pour ne rien faire, on peut y arriver en en faisant beaucoup, et laisser faire l’accumulation des temps, des processus, on peut y parvenir en parcourant Shakespeare ou Tchekhov ou Dante, de préférence dans les langues originelles, ou en chantant Carmen ou en dansant Giselle : ce sera, toujours, toujours, toujours, moi, je vous le dis, ce sera toujours ne rien faire. C’est ce que je vous dis, moi. Le monde a tellement besoin d’interprètes pour ne rien faire. Laisser parler le monde, oui, il a besoin de se connaître. Dans mes spectacles, je n’ai jamais fait travailler personne, jamais, c’est impossible. J’ai mis en scène ce mystère : des hommes, des femmes s’oublient, se donnent, ne savent pas comment ils font, jouent car ça leur est naturel, pour qu'on les aime, ou pour aimer, jouent leur beauté, leur secret, l’inconnu secret dont ils ne partagent que le talent, le sourire.
Puis, évidemment, c’est dans un café, alors ça en passe forcément par la parole, emplissez-vous de tout ce que vous pouvez aimer comme littérature. La littérature, c’est la conversation, c’est le badinage, emplissez-vous comme si vous pouviez parler, bavarder, badiner, oui, même les choses les plus difficiles, n’ayez pas peur des choses les plus difficiles, en fait, elles aident — et la vie est courte, vous savez, croyez mon expérience de vieil enfant sage (qui depuis la semaine dernière aime Arthur Rimbaud) : la vie est merveilleusement courte, c’est toujours le dernier jour, c’est toujours le premier jour, c’est encore la liberté, notre liberté, le présent.

Cours jusqu'en décembre (masterclass), tous les lundi et mardi, de 17h30 à 20h30, l’horaire évoluant au fil de la saison de manière à toujours jouer en lumière de déclinante — au café associatif Pas si loin situé près du périphérique (porte de la Villette) au 1, rue Berthier, à Pantin. Prix : 5 € plus l'adhésion à l'association, 5 € aussi. C'est sans inscription préalable, on vient quand on veut et peut, à la carte…

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R erun Réuni Histoire d'Amour


Réuni Histoire d’amour
Gwenaël Morin qui m’accueille depuis septembre dans son « théâtre permanent » installé au théâtre du Point du jour (et jusqu’au 31 décembre, on finira par la reprise de Rester vivant, le spectacle d’il y a un an au théâtre du Rond-Point) a beaucoup, beaucoup aimé Par délicatesse j’ai perdu ma vie. Il me l’a redit hier après-midi, on s’était installé dans un lieu stratégique symboliquement fort : le grand théâtre antique de Fourvière qui domine la ville, au soleil sur la pierre bimillénaire… Il m’a redit aussi qu’il avait beaucoup aimé N°5, la masterclass, qui ne s’est malheureusement joué que trois fois. Il en a aimé le côté foisonnant (je dirigeais des interprètes) comme les tableaux de Bosch ou la Divine Comédie, « Au début, tu gardes le contrôle et, à un moment donné, une espèce de foisonnement primitif ». Après la représentation de Par délicatesse j’ai perdu ma vie, Gwen est allé « marcher dans les feuilles mortes » et il a aimé sentir du dedans (le théâtre) dehors de même qu’il avait aimé sentir, dans le théâtre, du dehors dedans. Gwen a écrit (bombé) sur le grand panneau devant le théâtre le poème entier de Rimbaud d’où est tiré le titre, Par délicatesse… Et je lui dis que, moi, un de mes plaisirs, après la représentation, est d’apercevoir, encore à l’intérieur du hall où je bois du champagne en bavardant avec les uns et les autres, les mots agencés d’Arthur Rimbaud qu’après le lavage de la représentation, j’ai l’impression de sentir « à niveau ». Par la porte vitrée, j’aperçois ce sizain : « Ainsi la Prairie / À l'oubli livrée, / Grandie, et fleurie / D’encens et d’ivraies, / Au bourdon farouche / De cent sales mouches. » Gwen me dit qu’on devrait venir voir mon spectacle, Par délicatesse j’ai perdu ma vie, « comme dans une ville maritime on va voir la mer, chargé d’une certaine tristesse qui nous conduit à aller voir la mer ». A Lyon, me dit-il, il n’y a pas la mer, alors on pourrait aller voir ton spectacle à la place. Mais Lyon est d’une beauté extrême, comme on le constate assis sur les pierres où l’on voit jusqu’aux Alpes. « Souvent, me dit-il, les bourgeois vont aux théâtres joyeux et en ressortent déprimés (c’est en tout cas une opération qu’affectionne Edward Bond) et avec tes spectacles, ce serait bien que ce soit le contraire. » Je comprends ce qu’il comprend. Mes spectacles ont un peu à voir avec du « théâtre thérapeutique » en débarrassant cette expression de tout ce qu’elle a de déjà connu (que je ne connais pas). Oui, et surtout celui-ci qui est né des circonstances violentes du 13 novembre (les mêmes qui ont supprimé les   représentations de N°5). « Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve »…

« L’intelligence qui nous a sauvé, maintenant nous menace. »

« Tout se passe comme si nous menions une guerre contre la nature et nous savons que si nous gagnons nous sommes perdus. »

Puissance de restauration

« L’humanité mérite quand même d’être protégé. »

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L a Communauté


« Auteur, acteur et public sont trois interprètes de la même chose, œuvrant dans un travail commun. »

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Si vous aimez le théâtre et si vous n’avez pas peur, pas TROP peur, de la folie et de la mort, alors vous rentrerez en contact avec un être vivant qui s’appellera Trakl, dont vous serez soudain sûr de l’existence vivante, que vous aurez l’impression de connaître soudain vraiment, personnellement, alors que cet auteur a vécu au début du XXè siècle, en Allemagne. Mais dans un spectacle de Claude Régy, il n’y a ni temps ni espace ; c’est cela, la folie.

J’ai besoin qu’on me dise quoi voir, Paris regorge de spectacles, il faut s’entraider. Par exemple, le Bob Wilson, ça vaudrait le coup, de cette semaine ?

La difficulté pour l’acteur, mais il y réussit entièrement, c’est de rester vivant au milieu d’où TOUT vit et, en plus, comme le dit Régy dans le programme, malgré les heures et les heures de répétitions, d'arriver à ne pas donner d’explication.

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