Sunday, September 20, 2015

T u ne sais rien


« Tu ne sais rien, mon frère, de la nuit,
rien de ce tourment qui m’épuisait
comme la poésie qui portait mon âme,
rien de ces mille crépuscules, de ces mille miroirs
qui me précipiteront dans l’abîme.
Tu ne sais rien, mon frère, de la nuit
que j’ai dû traverser à gué comme le fleuve
dont les âmes sont étranglées depuis longtemps par les mers,
et tu ne sais rien de cette formule magique
que notre Lune m’a révélée entre les branches mortes
comme un fruit du printemps.
Tu ne sais rien, mon frère, de la nuit,
qui me chassait à travers les tombeaux de mon père,
qui me chassait à travers les forêts plus grandes que la terre,
qui m’apprenait à voir des soleils se lever et se coucher
dans les ténèbres malades de ma tâche journalière.
Tu ne sais rien, mon frère, de la nuit,
du trouble qui tourmentait le mortier,
rien de Shakespeare et du crâne brillant
qui, comme la pierre, portait des cendres par millions,
qui roulait jusqu’aux blanches côtes,
au-delà de la guerre et de la pourriture avec des éclats de rire.
Tu ne sais rien, mon frère, de la nuit,
car ton sommeil passait par les troncs fatigués
de cet automne, par le vent qui lavait tes pieds comme la neige. »

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Ce dimanche  20, deuxième avant-première d’un spectacle que j’ai sous les yeux depuis quelques jours et que je trouve littéralement exceptionnel. Je n’ai rien fait. Comme d’habitude. J’ai fait le vide autour de deux merveilleux acteurs (de théâtre), la belge Florence Hebbelynck et le français Manuel Vallade, auxquels s’adjoignent deux merveilleux danseurs (de théâtre), Yuika Hokama et Antoine Roux-Briffaud, eux, rencontrés aux auditions de Lyon. C’est une question d’ouverture d’espaces : tout est immense, facilement. L’infiniment grand comme l’infiniment petit. Théâtre quantique. Venez en faire l’expérience ! Venez participer à cette première intitulée Leçon de théâtre et de ténèbres (il y en aura sept). Venez faire les élèves. Ce premier épisode s’appelle Manuel de liberté. Vous connaissiez Tchekhov ? Vous connaissiez Shakespeare ? Prenez-en encore une cuillerée — de chaque. Puisque je suis accueilli pendant quatre mois par Gwenaël Morin au théâtre du Point du jour, 7 rue des Aqueducs (tél : 04 72 38 72 50) et que je ressens cette invitation, pour moi, comme celle d’entrer comme dans une « maison » , de pouvoir revisiter une « grammaire » (comme un couturier, par exemple, s’inscrit dans les traces d’un autre), je voulais commencer avec « du texte ». Par chance, Florence et Manuel ont pu me proposer La Cerisaie et Macbeth en ready-made. C’est toujours plus facile la grandeur que la petitesse (plus nécessaire). Le spectacle se joue tous les soirs à 20h — et se termine le samedi 26.
Yves-Noël Genod

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Photo Raphaël Neal

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L 'Art invraisemblable du théâtre


Ce soir, deuxième avant-première (à 20h, au théâtre du Point du jour, 7, rue des Aqueducs, 69005 Lyon, tel : 04 72 38 72 50) de MANUEL DE LIBERTE, premier spectacle de la série LEÇON DE THEATRE ET DE TENEBRES. Hier, la première avant-première s’est excellemment passée. Il y avait du monde. Curieux, attentif. Des gens qui ne savaient rien, je n’avais pas eu le temps de faire même une feuille de salle. Je n’ai eu qu’un mot à l’égard des acteurs : « Excellent ». C’est sans doute le plus ambitieux de mes spectacles, mais l'un de ceux qui m’a demandé le moins d’effort : les acteurs (et les danseurs) sont « à leur affaire », ils travaillent dans le plaisir, la joie et donc l’excellence — la vitesse, la confiance. Florence Hebbelynck, Manuel Vallade, Antoine Roux-Briffaud, Yuika Hokama. L'art invraisemblable du théâtre. Lumière Philippe Gladieux, Gildas Gouget.

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L e Désert


« Chaque matin s'éveiller en un point différent du vaste désert. Sortir de sa tente et se trouver dans la splendeur du matin vierge : détendre ses bras, s'étirer demi-nu dans l'air froid et pur ; sur le sable, enrouler son turban et s'y draper ; se griser de lumière et d'espace ; connaître, au réveil, l'insouciante ivresse de seulement respirer, de seulement vivre… »

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L a Pierre fondue


« Chaque année, je vois le terroir sortir, le côté variétal s’efface au profit de quelque chose de plus exotique. La bouche n’est plus courte et acidulée, mais tu gagnes en longueur, tu as une acidité différente couplée à une grosse minéralité, mot fourre-tout que je n’aime pas, mais tu as vraiment l’impression d’avoir sur la langue une pierre fondue. » 

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