A l'aise, Blaise
Très volontiers pour en parler de vive voix, moi aussi ça m’intéresse, bien entendu ! (Ce qui m’intéresse, c’est ce qui me fait bouger, pas ce qui me conforte dans mes opinions !) Ce que je vois, moi, c’est qu’il y a de plus en plus de violence malgré les bonnes intentions (« moins de violence »). Certaines féministes américaines le constatent : le nombre de viols sur les campus n’a pas diminué malgré les décennies d’activisme — elles ne savent pas pourquoi, moi, je crois savoir : parce que la méthode n’est pas la bonne ! Le communisme ? Des intentions merveilleuses, oui, mais la méthode n’était pas la bonne ! — avec ses spécialités, le stalinisme, le maoïsme, le nazisme aussi bien, eux aussi voulaient changer le monde pour un monde meilleur — oui, mais les méthodes ne sont pas les bonnes ! C’est compensatoire. Les gens souffrent alors ils trouvent des Isma (selon la pièce de Sarraute). Les bonnes méthodes sont celles qui marchent. Elles concernent l’humain. Et elles existent ! Mais, dans le capharnaüm actuel, on n’en entend plus parler. Un des signes de la violence, c’est que tout le monde se sente insulté (tu insistes beaucoup là-dessus). Qu’on soit d’un bord ou d’un autre, on se sent en permanence insulté par l’autre. Mais Seigneur ! Hélas ! Mais Walter Benjamin, mais Franz Kafka, hélas... En exergue au spectacle que je viens de donner à Saint-Ouen, je reprenais à mon compte cette phrase de Blaise Cendrars : « Je voulais indiquer aux jeunes gens d’aujourd’hui qu’on les trompe, que la vie n’est pas un dilemme et qu’entre les deux idéologies contraires entre lesquelles on les somme d’opter, il y a la vie, avec ses contradictions bouleversantes et miraculeuses, la vie et ses possibilités illimitées, ses absurdités beaucoup plus réjouissantes que les idioties et les platitudes de la « politique », et que c’est pour la vie qu’ils doivent opter, malgré l’attirance du suicide, individuel ou collectif, et de sa foudroyante logique scientifique. Il n’y a pas d’autres choix possibles. Vivre ! » Je t’embrasse et il me tarde d’échanger sans ressenti d’insulte. Je ne comprends pas tout ce que tu dis, mais quand même je crois comprendre certaines choses, certains enthousiasmes (à l’inverse, de ma part, certaines méfiances : peur d’un monde encore pire). Je t’embrasse, très cher !
Très précieux de te lire !
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