"Quand, par les chansons et les baisers
Nous en saurons plus long que les savants
(...)
Nous connaîtrons la vraie histoire du monde."A L'Olive, le barman me dit bonjour puis rebonjour, je lui demande si on s'est déjà vu aujourd'hui, "C'était pas vous ? Eh bien, vous avez un sosie dans l'quartier." Et un pilier d'comptoir lui souffle la réplique suivante : "Et vous m'devez trente-trois euros", qu'il aurait fallu dire avant la réplique du sosie - décalage de l'alcoolisme...* Dans la glace du poissonnier, j'ai vu que j'avais des grosses traces de maquillage qui débordaient sur les joues, genre Halloween. Faudrait que j'me regarde avant d'sortir d'chez moi, moi ! Hier, enfin : cette nuit, j'étais à La Java, retrouver les copains, les vrais hommes drogués, alcooliques, mais pas pédés (mais en mal d'affection quand même), les Vikings, Charles Torris m'a abordé, mais je l'ai pas r'connu, je m'suis frotté à lui comme si c'était un p'tit pédé, la honte ! c'est pas du tout ça (l'auteur de
Blektre). J'ai passé tout le set de Vincent Epplay, Arnaud Maguet et Fred Bigot à me disputer avec Frédéric Danos (après des retrouvailles émouvantes pourtant) qui voulait à tout prix me convaincre que le spectacle de Chaillot était d'la merde ("sauf trois minutes quand Felix met la tête dans l'seau"), tant d'efforts, tant de répétitions de la même chose, tant de spectacles pour toujours n'avoir qu'un public aussi bête ! Alors, je le redis encore une fois :
la seule connaissance, c'est l'amour, c'est pourtant simple ! Si vous n'aimez pas, vous ne pouvez parler que de ça : que vous n'aimez pas. Mes spectacles sont vivants, je suis vivant et mon métier n'est pas destiné à soigner l'humanité. Ceux qui n'aiment pas n'aiment pas et p'is voilà, moi aussi, ça m'arrive de ne pas aimer et ça m'embête, j'préférerais aimer, j'préférerais comprendre parce que - ne pas aimer - quand ça m'arrive - c'est juste moi avec moi, ça m'emmerde, c'est tout. Mais le plus important : sortir Polanski de taule.
* (Et c'est curieux, ce trente-trois...)
A l'Olive, je suis heureux de tomber sur la chronique de Philippe Sollers dans "Le JDD", je suis heureux que quelqu'un reparle de Polanski, le scandale absolu, croupissant dans sa prison. Les phrases de Sollers font du bien, certaines sont très belles : "A quoi pense le gentil Frédéric Mitterrand dans la nuit de son ministère de la Culture ?" "...l'époque, de droite à gauche..." "Nous vivons, en pleine lumière artificielle, une grande époque de mutation." J'aime la France que je quitte aujourd'hui. La ronde des mecs très mecs (des
nounours, en fait) continue ce matin au café de l'Olive, les musicos, je me dis que j'aurais bien aimé être travelo finalement pour coucher avec tous ces dégoûtants, ces mecs poilus (mode anti-sarko), ces hétéros du Nord, des limbes, des dimanche lumineux qui sortent avec des filles musclées, des louloutes, des formes adéquates pour l'emboîtement et pour la caresse.
Lire vite, comme nager, de la piscine, du journal, de la rivière, lire comme nager, les courants, une hygiène, lire pour le corps.
Et (...) voilà qu'au café, en lisant "Le JDD" et en écoutant la musique chantée, je me mets à penser à X et je suis ému aux larmes. Les gens vivent, que voulez-vous ?... L'émotion est foudroyante.
Labels: polanski paris