« Une langue d’une précision kafkaïenne. Ce qui m’intéresse, c’est que ces 2 langues ont une extraordinaire parenté. Un espèce de cynisme clair et, chez l’autre, une espèce de désespérance lumineuse. Le cynisme clair chez La Bruyère et la désespérance lumineuse chez Kafka et ça se rejoint comme si c’était les derniers cris de l’Europe avant qu’elle ne meure, l’un et l’autre. On a peu lu La Bruyère qui est un espèce d’esprit d’abord d’une incommensurable mélancolie, en quoi il rejoint Kafka, et d’une espèce de joyeuse désespérance lui aussi dans un cynisme hallucinant. Et, ce cynisme, vous le retrouvez dans la constatation du malheur rigolard chez Kafka — parce que Kafka, c’est drôle. (et quand Kafka lisait Le Procès, ses amis rigolaient) En Allemand y a un mot admirable pour dire ça : Der Galgenhumor. L’humour sous la potence. Et c’est très roboratif. »
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